« Notre pays favorise la pêche illicite, détruit la faune et de la flore de notre océan… », révèle le ministre de la Pêche

mis en garde du ministre de la pëcheLe nouveau ministre de la Pêche et d l’aquaculture, André Loua, a révélé que « notre pays est le seul au monde qui existe sur la liste de l’UE comme pays non coopérant, qui signifie que nous n’observons pas les règles de bonne gestion de nos ressources halieutiques et que nous favorisons la pêche illicite ; nous favorisons la destruction de la faune et de la flore de notre océan ! C’est ce qui fait que l’UE a considéré qu’avec ça, nous ne pouvons pas être un partenaire privilégié pour pouvoir entreprendre des activités de partenariat avec nous ».

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, l’intégralité de l’entretien que le ministre Loua a accordé à Dounet magazine :

Dans quel état avez-vous trouvé l’état des lieux du ministère des Pêches ?

Ça va être un peu difficile pour moi de faire un bilan du ministère que j’ai trouvé. Mais, quoi qu’il en soit, il faut signaler que j’ai trouvé un ministère qui nécessite qu’on entreprenne des reformes majeures ; que ça soit dans le cadre de la gestion administrative, mais aussi dans le cadre de l’application des textes et règlements qui existent et qui régissent le fonctionnement du ministère qui n’a pas été observée depuis un certains temps et qui a créée un niveau d’étranglement au sein du ministère.  Donc, mon mandat est de faire en sorte que ces textes soient observés pour que nous puissions relever le défi, qui est celui de redynamiser le département qui doit contribuer le plus efficacement possible aux ressources de l’état.

La Guinée est sous la sanction de l’UE depuis plusieurs mois, à cause de son manque d’engagement dans la résolution effective du problème de la pêche illicite. Qu’est-ce que le ministère des Pêches envisage pour sortir le pays de cette situation ?

Vous avez bien fait de souligner cet état de fait. Malheureusement, notre pays est le seul pays au monde qui existe sur la liste de l’UE comme pays non coopérant, qui signifie que nous n’observons pas les règles de bonne gestion de nos ressources halieutiques et que nous favorisons la pêche illicite ; nous favorisons la destruction de la faune et de la flore de notre océan. C’est ce qui fait que l’UE a considéré qu’avec ça, nous ne pouvons pas être un partenaire privilégié pour pouvoir entreprendre des activités de partenariat avec nous.  Ils ont donc exclu la Guinée dans les concerts des nations qui coopèrent avec l’UE. Alors ce que nous, nous avons fait ? Sous l’instruction de monsieur le Président de la République, il m’a été demandé comme premier mandat de relancer le dialogue avec l’UE. D’examiner tous les points de divergence, de voir avec nos partenaires de l’UE dans quelle mesure nous allons corriger les imperfections qu’on nous recommande et faire en sorte que nous renouions les contacts et la coopération avec l’UE.  Comme vous le savez, à la clé de cette coopération, il y a énormément d’argent en jeux, dont le pays a besoin pour relancer son économie, notamment le secteur de la pêche. Donc, notre mandat est de permettre à l’Union Européenne de continuer à faire des financements dans le secteur des activités de pêche en Guinée. C’est ce dialogue là que nous avons engagé il y a une semaine. Nous avons une délégation de l’UE qui est venue passer en revue avec nous les points de divergences et les différents points qu’on nous reproche et qui font qu’aujourd’hui, la Guinée est sur la liste des pays non coopérant.  Ces éléments sont entrain d’être pris en considération et avec l’accompagnement du Président de la République, nous sommes certains de mettre tout en place pour que la prochaine visite de l’UE qui devait se situer aux environs de la fin du mois de mars au début avril, pour que la Guinée puisse quitter cette liste.

Après résolution de ce problème qu’elles seront les nouvelles dispositions que la Guinée envisage de prendre pour ne pas replonger dans la même sanction ?

Ça y va de soit. Vous savez, ce sont des pratiques qui ont conduit à cet état de fait. Des pratiques qui n’ont pas été approuvées par l’UE. L’engagement que nous faisons, c’est de mettre fin à cette pratique, mais aussi et surtout de veiller à ce que cela ne se reproduise plus. Parce que lors qu’on se repenti, c’est de prendre l’engagement de ne plus faire de pêché. Donc, si on parvient à réussir le pari avec l’UE, c’est de faire en sorte qu’on n’ait plus ces genres de pratiques et qu’on surveille ça strictement. Tout le temps que je ferai à ce ministère, mon mandat c’est de surveiller tout ce qui est mauvais et mal interprété, pour ne plus que cela soit dans nos comportements.

La surveillance de la zone maritime est l’une des grandes faiblesses de la pêche guinéenne. Est-ce que le ministère de la Pêche prévoit un nouveau système de sécurité maritime ?

L’un des points noirs de notre système de surveillance est du fait qu’on ne dispose pas assez de moyens. Que ça soit des avions ou des bateaux vedettes et autres, pour surveiller nos zones économiques. Et, c’est ce qui fait que des esprits mal intentionnés profitent de cet état de faiblesse de nos moyens pour essayer de faire des pratiques peu recommandables.

Mais, nous avons posé le problème. Nous avons procédé  à l’installation et ça marche déjà d’un système VMS qui est le système qui valide ou qui vérifie le positionnement de tous les navires. Dans le cadre de la pêche, on délivre des licences qui permettent aux bateaux, selon la zone spécifique et spécifiée, à procéder à la pêche. Alors, avec le système VMS, nous aurons désormais la possibilité de savoir si tous les bateaux respectent les zones pour lesquelles les licences ont été délivrées. Cela nous permettra aussi de comprendre quels sont les bateaux qui ont des licences, mais qui pêchent dans des zones interdites.  Enfin, ce système va nous permettre d’identifier les bateaux qui n’ont ni licence ni de zone déterminée mais qui se trouvent dans nos zones.

Nous somme également entrain de prendre des mesures avec l’UE pour financer un système appelé l’AIS qui va nous permettre d’identifier tout bateaux qui serait dans nos zones que ça soit de pêche ou de transport. Cela permettra de comprendre l’activité qu’exerce ce bateau pour envoyer nos navires de sécurité.

Quel message lancez-vous aux entreprises de pêche guinéennes ?

Nous sommes tous des Guinéens ou des partenaires de la Guinée. Tout ce que nous devons faire, c’est d’observer les règles de bonne conduite dans les zones de Guinée. Qu’on soit de pavillons guinéens ou étrangers, qu’on observe la sécurité et qu’on essaie de protéger la faune et la flore. Qu’on protège la source. Il faudra qu’on observe la loi concernant la pêche en République de Guinée. Je dois vous assurer que toutes les dispositions son prises. Tous ceux qui font fi des règlements en cours, encourent des fortes amandes et seront exclus dans le cadre de la pêche en Guinée.

Entretien réalisé par Fatoumata Keïta

Tél. : (+224) 654 47 99 71

 

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