Après le discours d’ouverture de la session ordinaire des lois 2016 du président de l’Assemblée nationale, le chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, n’a pas caché sa déception. Dans ses propos recueillis après la cérémonie par un reporter de Guineematin.com, l’opposant ne trouve pas de mots assez durs pour dénoncer cette sortie du chef du législatif, Claude Kory Kondiano.
«Je suis dessus d’abord de constater que le président de l’Assemblée explique l’échec du programme appuyé par la faculté élargie du PIRN (Programme Intérimaire de Redressement National : ndlr) par Ebola. Il faut rappeler que la 5ème revue du programme a été conclue à la suite de la communication des données erronées par le gouvernement guinéen et lorsqu’on s’est rendu compte que les informations à partir des quels la mission du Fond avait conclu positivement la 5ème revue, naturellement le Fond a interpellé le gouvernement pour communication des données erronées », a-t-il entamé ses propos.
Poursuivant, il a ajouté que la 6ème et la 7ème revue aussi n’ont pas été concluantes dans la mesure où il y avait au moins cinq critères qui n’étaient pas atteint par le pays : « Pourquoi ces critères n’ont pas été atteints ? C’est en raison de la prolifération des marchés de gré à gré et pour l’exécution desquels, les garanties de la Banque Centrale avaient été sollicitées par le ministère de l’Economie et des Finances », a-t-il justifié.
Selon le chef de file de l’opposition, 871 millions de dollars de marché gré à gré dont les dépenses n’étaient pas inscrites dans le budget national et pour l’exécution des quels marchés, « les garanties de la BCRG ont été sollicitées et obtenues en violation flagrante des engagements pris dans le cadre du programme, mais également dans le statut de la Banque Centrale. Donc, c’est la mauvaise gouvernance qui est à l’origine des dérapages qui ont empêché le Gouvernement de respecter les critères du programme appuyé par la faculté élargie du PIRN», a-t-il fait savoir.
Pour Cellou Dalein Diallo, il est temps d’apprendre à dire la vérité aux gens : « Lorsque je vois le président de l’Assemblée expliquer cet échec simplement par Ebola alors que le gouvernement a dû écrire une lettre et reconnaitre avoir communiqué des informations fausses au Fonds monétaire et présenter ses excuses, ses excuses ont été acceptées par le conseil d’administration en raison du contexte marqué par l’émergence des djihadistes dans toute la sous-région et dans le souci d’éviter de punir la Guinée dans un contexte de pauvreté accrue. Donc, ça ce n’était pas honnête, il faut qu’on apprenne dans ce pays à dire la vérité. Parce qu’il y a eu des problèmes, il faut les assumer. Reconnaître ce qu’on a déjà fait devant les institutions », insiste le leader de l’UFDG.
S’agissant de la question électorale dont Claude Kondiano a demandé une séparation entre les communales et les locales, le chef de file de l’opposition parle d’une prise de position du chef du législatif avant les débats à l’hémicycle : « Il prend position directement alors qu’il n’y a pas eu débat sur l’organisation des élections communales et locales. L’engagement pris par les autorités, c’est d’organiser les élections communales et locales. Locales, entendant par les élections au niveau des districts et quartiers. Le Gouvernement souhaite pouvoir continuer à les nommer et ainsi briser les règles de la démocratie à la base. Alors, la CENI, dans son chronogramme actuel, a prévu d’organiser les trois niveaux d’élection : au niveau des quartiers/districts, des communes et au niveau des régions. C’est ça les élections locales dans leur globalité. Le gouvernement, pour pouvoir garder la même mise sur les quartiers et districts ne veut pas organiser les élections au niveau des quartiers. Il souhaite nommer les bureaux des quartiers et des districts parce que ceux-ci seront toujours à sa dévotion, ils seront taillables, corvéables à merci. Donc, là aussi, le président de l’Assemblée prend position alors qu’il n’y a pas eu de débat à l’Assemblée Nationale ; alors que la CENI a déjà prévu d’organiser les deux élections. Mais, le gouvernement n’a pas intérêt par rapport aux prochaines échéances électorales parce qu’il ne contrôlera pas les chefs des quartiers et les présidents des districts », a conclu Cellou Dalein Diallo.
Fatoumata Yacine Sylla pour Guineematin.com
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