Horizon 2020 : Qu’est-ce qui fait courir Baidy et les autres « jeunes loups » ?

Baïdy Aribot, UFRLibre Opinion : On est à quatre ans de la fin du second mandat du président Alpha Condé ! Mais, déjà, de tous les côtés, on affûte les armes dans la perspective de son remplacement.

Dans le camp présidentiel, on trépigne d’impatience et des clans se regardent en chiens de faïence. D’où le risque de voir s’exacerber les antagonismes en cas de tenue d’un congrès, qui serait de tous les dangers : celui qui se retrouvera à la tête du RPG arc-en-ciel sera perçu comme le « dauphin » de l’actuel chef de l’Etat dont il aurait de facto le soutien pour la prochaine présidentielle.

Au sein de l’opposition dite républicaine, ou ce qui en reste, c’est également le branle-bas. Au principal parti d’opposition, l’UFDG, la fronde menée par le vice-président déchu, Bah Oury, est vue comme une manœuvre du pouvoir visant à empêcher la victoire de son candidat en 2020, une victoire qui, aux yeux des plus irréductibles de ses partisans, serait pourtant inéluctable.

De son côté, l’UFR de Sidya Touré, tout en se détachant de l’opposition, se positionne comme un allié stratégique du pouvoir sans renier ses ambitions ni minimiser ses chances pour le rendez-vous de 2020.

Cette échéance est considérée par de nombreux observateurs comme une année charnière, celle d’une profonde recomposition du paysage politique guinéen. Des quatre coins du pays, l’on assiste à l’émergence de « jeunes loups » aux dents longues qui, au moment où la vieille garde semble montrer des signes d’essoufflement, entendent jouer pleinement leur partition. Les élections locales à venir seraient pour beaucoup d’entre eux un test grandeur nature.

Si des hommes politiques comme Faya Millimono du Bloc libéral, Ousmane Gaoual Diallo, le député de l’UFDG ou encore Mouctar Diallo, le président du parti NFD, ont focalisé l’attention à cause de leur discours véhément à l’égard du président Alpha Condé, le député uninominal de Kaloum, Baïdy Aribot,  lui, surfe dans un registre plus soft, mais terriblement efficace. Implacable quand il l’estime nécessaire, comme ce fut le cas lorsque l’UFR était de l’aile radicale de l’opposition ou en ce moment face aux attaques de leurs anciens alliés ; il peut devenir conciliant quand il voit comme enjeu la stabilité du pays ou le bien-être général. En parfaite harmonie avec les siens. C’est là d’ailleurs l’essentiel des griefs de l’UFDG et Cie contre l’UFR qui, eux, y voient une traîtrise à leur égard.

Le passage de Baïdy Aribot à la tête du ministère chargé des Sports, à la suite de l’insurrection populaire menée par les syndicats et la société civile en 2007, a permis à l’homme, certes déjà très populaire dans les milieux jeunes de Conakry, de se hisser à une dimension nationale. Entre autres, la gestion exemplaire de la campagne de la CAN au pays des Black Stars et les nombreuses actions en faveur de l’emploi des jeunes, y ont sans doute contribué. Connaissant son aura par exemple dans la commune de Kaloum, il a été sollicité par maintes formations politiques tant de la mouvance présidentielle que de l’opposition. Après avoir créé son propre parti, l’AFAG, il finira par fondre ce dernier dans l’UFR. Une alliance tout à fait naturelle : comme lui, la formation de Sidya Touré a une large assise dans la commune et promeut une politique qui se démarque de l’ethno-stratégie ambiante. C’est d’ailleurs lui qui a été à l’origine du rapprochement entre le président Alpha Condé et le leader de l’UFR Sidya Touré. Comme il a été l’un des artisans, si ce n’est le principal, de l’accord récemment obtenu entre le syndicat et le gouvernement.

Certains l’attendaient dans le gouvernement Mamady Youla, on ne l’y a pas vu pour des raisons que l’on ignore. Mais, c ‘est ça aussi le fin politique : il n’est pas toujours là où on l’attend, au moment où on l’attend. Il n’est pas exclu qu’il  nous  réserve des surprises. Mais, sans doute, là où il va crever l’écran, c’est la prochaine élection communale à Kaloum. Si ce n’est pas la plus grande circonscription du pays en terme de suffrages, même pas de la capitale, une victoire en ces lieux qui abritent le cœur du pouvoir est hautement symbolique : ce que d’aucuns appellent « le pays légal » en opposition au « pays réel » ou le pays profond.

Une certitude. Ce sera une autre étape pour l’ancien cadre de la banque centrale pour consolider un capital (expérience et sympathies) qui pourrait s’avérer déterminant au moment de la prochaine redistribution des cartes.

Ne dit-on pas que « la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent » ?

Madjou Bah

Tél. : 628 11 13 42

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