Tougué : les autorités étouffent un cas de viol sur une mineure à Kafah

image d'archive

Tougué à l'attente du PM (7)Lors d’une soirée dansante, la semaine dernière, une fille de Kafah, un district situé à 17 km de Koïn, dans la préfecture de Tougué, a été victime de viol par deux jeunes de Bantanhi Ferrobhé, a appris Guineematin.com à travers son correspondant local.

Selon notre source, après le viol, les deux jeunes ont été arrêtés et confiés à deux  gendarmes qui sont en poste à Koïn. Le lendemain, le chef du secteur de Bantanhi Ferrobhé, monsieur Ousmane Sow, s’est rendu à la gendarmerie pour négocier la libération des deux jeunes. « Au cours des discussions entre parents et agents de la gendarmerie, il a été décidé que les deux jeunes, outre les frais destinés aux gendarmes et au médecin, payent à la fille la dot et la valise, en guise de dédommagement. Le chef du secteur de Bantanhi Ferrobhé, monsieur Ousmane Sow, s’est engagé à payer les montants demandés », précise notre informateur.

Pour mieux s’informer de ce qui s’est réellement passé, le correspondant local de Guineematin.com s’est rendu d’abord au centre de santé de Koïn où le chef dudit centre a dit être occupé par un missionnaire. Finalement, il a dit d’aller s’informer auprès des parents.

Egalement interrogé par le correspondant d Guineematin, le commandant adjoint de la gendarmerie, l’adjudant Sanoh,  qui était sur une moto, a dit être pressé d’aller à un rendez-vous quelque part…

Le samedi 9 avril 2016, notre correspondant local a contacté l’un des conseillers du chef du secteur de Bantanhi Ferrobhé, monsieur Mamadou Bobo Sow, qui a orienté le journaliste vers son chef, monsieur Ousmane Sow. Malheureusement, ce dernier était déjà en déplacement à Conakry.

A son retour, le samedi 16 avril 2016, le chef du secteur, monsieur Ousmane Sow a accepté d’échanger avec Guineematin.com, mais juste pour dire qu’il ne connait rien de ce dossier.

Revenant au niveau du notre informateur, celui-ci affirme avoir été mis au courant par le chef du secteur lui-même, monsieur Ousmane Sow ! « C’est lui-même, Ousmane Sow qui m’a expliqué ce problème. Mais, il a été mis en garde par les agents de la gendarmerie qui ont insisté que ce deal ne soit jamais dévoilé », a-t-il précisé.

Joint au téléphone le lundi 18 avril à 8 heures 17 minutes, le vice-président du district de Kafah, monsieur Sadou Baldé, a dit n’être pas informé à son tour. Mais, il a reconnu implicitement l’acte : « l’acte s’est passé à la soirée et ils ont appelé les gendarmes. Ceux-ci sont venus et sont partis à Koïn sans nous informer », a dit le vice-président du district d Kafah au téléphone de Guineematin.

Trouvé à son domicile par notre correspondant, Mody Amadou Oury Kéïta, l’oncle maternel de la fille violée, a clairement confirmé la mauvaise nouvelle. « Le viol a eu lieu un mardi, à 5 heures du matin, lors d’une soirée dansante. Ils sont venus me réveiller et m’ont dit d’aller. J’ai été voir le président du district, Elhadj Saidou Tamoura, pour obtenir le papier. Entre temps, on m’a dit que le gendarme est venu prendre le jeune violeur et l’a amené à Koïn. Le lendemain, mercredi, j’ai pris la fille et on est allé à la gendarmerie. La gendarmerie m’a dit d’envoyer la fille au centre de santé. Après la consultation, l’infirmier a confirmé qu’il y a eu effectivement un viol. On a remis des médicaments à la fille », a révélé Mody Amadou Oury Keita.

« Mais, puisque les parents du jeune n’étaient pas présents, nous sommes rentrés à Kafah. Deux jours après, nous sommes répartis à la gendarmerie. Nous avons rencontré une délégation du jeune qui a violé la fille ; une délégation conduite par le chef secteur Ousmane Sow en personne. Après, le commandant m’a dit que c’est moi qui sais maintenant ce que les parents du jeune vont faire. Je leur ai dit : puisque la fille a été violée, je ne demande que la dot, une valise et les dépenses que j’ai effectuées pour mes déplacements », a-t-il précisé.

Finalement, un délai de trois semaines (à compter du jeudi 14 avril 2016) a été accordé aux parents du jeune garçon pour chercher ce que l’oncle de la victime a demandé et aussi payer les frais qui reviennent à la gendarmerie et au centre de santé. Des frais dont la nature n’a jamais été dévoilée au journaliste.

« C’est par après que les parents du jeune sont venus chez moi avec l’imam et certains sages pour que je retire l’affaire de la gendarmerie pour la régler en famille. Je leur ai dit non ! Je ne peux plus, dès lors qu’on a écrit et signé devant les gendarmes », a ajouté l’oncle de la victime.

S’agissant des séquelles laissées par le viol sur la fille, Mody Amadou Oury Keita ajoute : « Durant les premiers jours qui ont suivi le viol, la fille était malade. Elle est traumatisée et elle ne sort même pas de la concession », a-t-il expliqué.

Il est à noter que la fille violée est âgée seulement de 13 ans. Pour l’instant, elle n’a rien reçu de ce qui a été décidé entre les 3 parties et personne ne lui a demandé son avis non plus.

La question qui se pose est de savoir pourquoi les autorités veulent-elles étouffer cette affaire considérée comme un crime par nos lois et la morale ? Combien les dirigeants locaux ont-ils perçu pour vouloir taire une si grave atteinte à la dignité et même à la vie de cette jeune fille ?

Affaire à suivre…

De retour de Kafah, Alpha Ibrahima Diogo Baldé pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 622221178/ 664816451

Facebook Comments Box