Trafic d’enfants : l’incroyable histoire d’une jeune fille de Conakry qui échappe à un enlèvement

DPJ, Direction de la police judiciaireC’est le genre de récit qui se retrouve facilement au cinéma avec la mention « inspiré d’un fait réel ». L’héroïne de ce récit épique rapporté par l’hebdomadaire Le Lynx dans son édition du 25 avril 2016, s’appelle Tiguindanké Damaro Camara, collégienne de 14 ans, en classe de 8ème année au collège privé Sainte-Marie de Conakry.

Grâce à son intelligence, la jeune fille a réussi à échapper in extremis à une tentative d’enlèvement, il y a moins de 10 jours. Une chance que n’ont pas eu 23 autres enfants otages et compagnons d’infortune, a appris Guineematin.com de ce confrère satirique.

Tout s’est passé dans la soirée du lundi 18 avril 2016. A la sortie des classes, à 16H, Tiguidanké Camara emprunte un taxi devant son école pour rentrer toute seule à la maison à Coléyah. Au prochain carrefour le chauffeur du taxi fait demi-tour prétextant le barrage de la route par des manifestants.

Au niveau de quartier La Minière, il prend la corniche nord en direction de Kipé. Tiguindanké et les autres passages s’en inquiètent et demandent au conducteur où il veut aller. Ce dernier prétend vouloir retraverser la Route Leprince, prendre l’autoroute pour aller jusqu’à Coléyah.

Quand tous les passagers adultes sont descendus et qu’il n’est resté que des enfants sur la banquette arrière, le chauffeur du taxi aidé d’un complice assis devant, a sorti un tube ressemblant à une bouteille de parfum. Il a fait semblant de se parfumer pour asperger les enfants d’un gaz qui les a rapidement fait dormir, excepté la jeune Tiguidanké, asthmatique, et qui s’était déjà bouché le nez pour se protéger des fumées et de la poussière.

Mais pour ne pas se faire repérer elle fait semblant de dormir comme les autres. Le taxi finit par rentrer dans une cour fermée. Entre temps, la jeune fille reçoit un coup de fil de son père. Heureusement, le téléphone de Tiguidanké est sous silencieux. Elle ne décroche pas l’appel et glisse le téléphone dans la poche située à l’arrière du siège conducteur du taxi.

Dans la cour, on fait monter  entre 20 et 23 autres enfants dans un minibus aux vitres teintées. Tous les enfants sont fouillés, argent et téléphones confisqués sauf celui de Tiguidanké dissimulé dans la voiture. Elle profite de l’inattention de ses ravisseurs pour reprendre son téléphone et le remettre dans son sac déjà fouillé et vidé de son contenu (y  compris une somme d’argent représentant ses frais de scolarité).

C’est aux alentours de 21 heures, sur une station d’essence de Wonkifong à Coyah que Tiguidanké parvient à rappeler son père alors que les ravisseurs faisaient le plein de carburant. Elle renseigne son père et lui demande de prier pour la réussite de son plan d’évasion.

« C’est maintenant ou jamais », s’était-elle dit. Elle avait repéré un morceau de bois dans le minibus à l’aide duquel elle a brisé une vitre. Son sac d’abord, puis la jeune fille a plongé à l’extérieur du minibus. Le pompiste est rapidement venu à la rescousse. Dans la foulée, le conducteur du minibus a démarré en trombe et s’est sauvé avec les 23 autres enfants.

Aux dires de Tiguidanké Camara, une voiture de la Brigade anti-criminalité est arrivée quelques minutes plus tard sans réussir à rattraper les ravisseurs. Toujours selon elle, ceux-ci suivaient les informations à la radio et parlaient anglais au téléphone avec des interlocuteurs auxquels ils semblaient indiquer régulièrement leur position.

Le minibus aux vitres teintées  était immatriculé d’un pays étranger, probablement la Sierra Léone, destination vers laquelle partaient les enfants enlevés.

Le journaliste du Lynx indique que la Direction de la Police Judiciaire a été saisie de l’affaire,  mais ne semble pas en savoir davantage ; ou pas en tout cas disposée à ouvrir une enquête si l’on en juge par la réponse d’un officier affirmant que les parents de la jeune fille rescapée sont mieux placés pour fournir des informations sur cet enlèvement massif d’enfants.

Par le passé, l’existence des réseaux de trafic d’enfants entre la Guinée et le Sénégal a été souvent évoquée. Tout porte à croire qu’un réseau semblable existe aujourd’hui avec la Sierra Léone voisine dont les frontières avec la Guinée sont une véritable passoire.

Guineematin.com avec Le Lynx

 

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