«Si les autorités locales ne veulent pas faire la justice, la CPI la fera», dit Elise Kepler de Human Right Watch

Elise Kepler de l’ONG internationale de défense des droits humains, Human Right Watch

Elise Kepler de l’ONG internationale de défense des droits humains, Human Right WatchLa directrice adjointe du département justice internationale, Elise Kepler de l’ONG internationale de défense des droits humains, Human Right Watch était récemment à Conakry pour une visite de travail sur le dossier du 28 septembre 2009. Avant son départ de la Guinée, Elise Kepler a accordé ce mercredi 23 mars 2016 une interview à Guineematin.com, que nous vous proposons en intégralité.

Guineematin.com: Bonsoir Madame Elise Kepler. Votre visite coïncide à celle du ministre de la justice aux Etats-Unis on parle du dossier du 28 septembre. Peut-on parlé de liaison ?

Elise Kepler : Bonsoir. Il n’y a pas de connexion mais j’ai vu le ministre aux Etats-Unis. Quand il était à New-York, il a fait une réunion avec quelques organisations de la société civiles. Et moi, j’ai pensée que c’était important d’avoir ces discutions.

Guineematin.com : Quel est le contexte de votre visite en Guinée ?

Elise Kepler : Je suis ici pour constater le progrès avec le dossier du 28 septembre sur les investigations surtout. Pour Human Right Watch, l’investigation est une phase très importante par ce que ça nous permet de savoir qui peut aller en chambre d’accusation et qui peut aller en procès. Nous savons qu’il y’a eu beaucoup de violations dans l’histoire du pays mais cet évènement du 28 septembre a été marqué par une grande brutalité avec des crimes très graves y compris des viols. Nous pensons que sa sera absolument essentiel de booster ce dossier pour le respect du droit et du droit humain. C’est important pour la Guinée à travers cette véritable opportunité de montrer que les guinéens peuvent faire la justice. Et cela peut être une nouvelle ère et une nouvelle période pour les guinéens. Nous verrons la suite de l’affaire et nous savons que les juges ont faits un bon travail. C’est la première fois on entend que des personnalités qui ont des positions élevés soient  inculpés pour une situation sur des crimes. Maintenant il est temps que les juges accélèrent le dossier avec le soutien du président Condé et son gouvernement car il y’a sept ans que les victimes attendent un jugement. Ce qui est assez essentiel pour moi, le ministre de la défense doit faciliter aux juges pour les convocations car nous savons qu’il y’avait des militaires au stade et qui savent des choses importantes sur la situation. Les militaires eux même doivent se présenter devant les juges. Ainsi, je demande au ministère de la défense de dire aux militaires qui ont des informations de venir voir les juges chargés de l’affaire.

Guineematin.com : Parlant des inculpations. Il y’a eu beaucoup de déclaration après la nomination du général Mathurin Bangoura au poste de gouverneur de la ville de Conakry. Comment réagissez-vous à cela ?

Elise Kepler de l’ONG internationale de défense des droits humains, Human Right Watch
              Elise Kepler de Human Right Watch

Elise Kepler : Il est absolument nécessaire de respecter la présomption d’innocence. Pour moi c’est au juge de décider éventuellement. Mais en même temps s’il peut influencer l’investigation c’est absolument essentiel qu’il démissionne. Et pour moi c’est la même chose pour monsieur Thiéboro et monsieur Pivi. Si le président condé veut donner le signal en respectant la justice, il peut dire qu’il respect la présomption d’innocence et que personne ne peut influencer l’investigation. Nous savons bien sûr que colonel Pivi il est dans une position très élevé, monsieur Thiéboro également et cela peut être un risque pour les victimes, les témoins et les juges. Une perception que peut être le gouvernement ne veut pas qu’il ait une véritable investigation très juste, équitable. C’est comme un message que le gouvernement veut donner au CPI et aux juges.

Guineematin.com : Quelle est votre perception de l’importance que la CPI accorde à ce dossier et quel message avez-vous à l’endroit de la cour pénal internationale qui semble négliger le dossier guinéen ?

Elise Kepler : Je ne suis pas d’accord avec ça qu’il y a une négligence sur ce dossier. Je pense que la CPI est venu ici treize à quatorze fois. Elle s’intéresse à n’importe quelle partie du monde. Si les autorités locales ne veulent pas faire la justice, la CPI la fera. Mais il est important que la justice se fasse en Guinée. C’est une opportunité de montrer à tout le monde que la Guinée est forte et peut faire sa propre justice. Je sais que la CPI travaille beaucoup sur ce dossiers et d’autres à travers le monde. Je sais que les procédures sont généralement lentes, aussi et ces cas sont très difficiles et compliqués les crimes en masse. Il y’a quelques années c’était encore très sensible après la transition. Nous espérons qu’il y’aura la justice ici.

Guineematin.com : Qu’est-ce que vous êtes dit avec le ministre de la justice maitre Cheick Sacko lors de votre rencontre sur le dossier du 28 septembre ?

Elise Kepler : Je lui ai vue à New-York et il était absolument claire. Il nous a rassuré que le procès vient.

Guineematin.com : Lors d’une de ces sorties médiatiques Cheick Sacko a promis que le procès va démarrer cette année, pensez-vous que ce procès aura une certaine crédibilité quand on sait que l’un des principaux inculpé à savoir Toumba Diakité qui reste introuvable ?

Elise Kepler : Il y a une difficulté avec Toumba et c’est très important de l’avoir pour le procès. Les autres pays du monde ont la capacité de retrouver des fugitifs, en Guinée ce n’est pas le cas. Mais j’avais entendu la dernière fois qu’il était à Dakar. Donc il est important que les autres pays de l’Afrique de l’Ouest, de l’Europe et même des Etats-Unis s’intéressent à ce cas pour le retrouver en fin de faire la lumière.

Guineematin.com : En fin d’année vous sorti un rapport mettant un accent sur la gouvernance Alpha Condé, alors quelle est la perception de Human Right Watch sur les droits humain en république de Guinée ?

Elise Kepler : Quand je suis arrivé, j’étais très intéressé de savoir qu’il y’a eu de bon progrès dans la réforme de la justice. Je savais qu’il y’avait le conseil supérieur de la magistrature,  maintenant, j’ai appris qu’on commence aussi à sanctionner des juges qui ne marche pas juste. On commence aussi de faire des nouvelles lois, un nouveau code pénal où sont mentionnés les crimes sur le statut de Rome. Cela est très important pour faire la justice sur les crimes contre l’humanité, les crimes de guerres, les génocides par ce que  ce n’était pas dans les codes avant. Les salaires des juges ont été aussi élevés, donc pour moi il y’a une volonté d’amélioration de la justice.

Guineematin.com : La manifestation de rue étant un volet des droits humains, comment votre organisme perçoit ça en Guinée sachant qu’on assiste très souvent à des répressions sanglantes ?

Elise Kepler : C’est vraiment un problème. Il ne doit pas avoir une  force excessive sur des manifestants. Et cela doit s’arrêté.

Guineematin.com : Merci madame Elise Kepler d’avoir accepté de répondre à nos questions.

Elise Kepler : Merci

propos recueillis par Mamadou Mouctar Barry pour Guineematin.com

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