« Les pires formes de tortures continuent d’être pratiquées dans notre pays », regrette le président de l’INIDH

Mamady Kaba, INIDH 1.jpg0Comme nous l’annoncions précédemment, dans l’après-midi de ce jeudi 05 Mai 2016, le président de l’Institution Nationale Indépendante  des Droits de l’Homme, Mamady Kaba, a accordé une interview, au siège de Guineematin.com, à plusieurs journalistes de la presse privée de notre pays, notamment des radios Lynx Fm, City Fm et 7/7 Fm, de l’hebdomadaire L’Indépendant et des sites Mediaguinee.com et Guineematin.

Plusieurs sujets d’actualité ont été abordés, à bâtons rompus, entre les hommes de médias et le président de cette institution républicaine, composée de 33 membres dont 14 sont issus de la haute administration. En effet, l’Institution Nationale Indépendante des Droits de l’Homme « est inscrite aux articles 146 à 148 de la Constitution guinéenne, dont le fonctionnement est fixé par la loi L08/2011/CNT. Elle comprend un bureau exécutif de 5 membres et est chargée de protéger et de promouvoir l’ensemble des droits et libertés reconnus aux citoyens », explique Mamady Kaba.

Il ajoute cependant que « la mise en place de l’INIDH aurait dû se faire un peu plus tôt et son fonctionnement tarde à se faire conformément à la volonté exprimée lors de sa création », regrette-t-il.

De la situation actuelle du respect des Droits de l’Homme en Guinée

« Sincèrement je suis très gêné de répondre à la question pour la simple raison que la réponse sera tout simplement un mea culpa. Hier nous avions pensé qu’il y avait beaucoup de progrès, notamment sur volet qui est celui de la torture. Je faisais partie de ceux qui étaient très optimiste, de ceux qui pesaient que le phénomène avait pris du recul. Mais je suis au regret de constater que la torture n’a pas reculé, que les pires formes de tortures continuent d’être pratiquées dans notre pays. Ce qui m’a indigné, c’est que la torture n’est pas pratiquée dans les centres réguliers de détention. Elle est délocalisée pour être pratiquée et à l’abri de tous les regards, dans des endroits qui ne sont pas indiqués pour la détention. Je crois que très c’est dommage », dénonce Mamady Kaba.

Cependant, le président de l’INDH estime qu’il y a des avancées qu’on enregistre dans certains domaines. : « Quand on prend la reforme du secteur de sécurité il y a des avancées. Pendant les manifestations il n’y a pas de militaires dans les rues, même si dans certains cas il y a eu des morts. Nous sommes dans l’obligation de nuancer ces avancées-là  pour la simple raison que nous avions toujours pensé que le pays, à cause de son faible niveau de développement, n’était pas capable de mener une enquête à terme. Toutes les violations perpétrées pendant les manifestations pacifiques, il y a des enquêtes qui ont été ouvertes mais qui n’ont jamais abouti à quelque chose de satisfaisant. Nous avions toujours accusé la faiblesse des moyens de l’Etat », indique M. Kaba.

Mamady Kaba, INIDH 1Une justice à double vitesse ?

Mamady Kaba a aussi tiré à boulets rouges sur la machine judiciaire qui s’e prend à un seul camp et avec rapidité quand il y a violences. « Nous sommes très humilié de constater qu’avec le meurtre du journaliste Mohamed Diallo au siège de l’UFDG, les enquêtes sont allées très vite et très rapidement des présumés auteurs ont été arrêtés et les enquêtes sont allées très vite. Cela nous a permis de remettre en cause la perception que nous avions sur le fait que c’est le manque de capacité qui était à l’origine du non aboutissement des enquêtes. Avec l’accélération de cette enquête nous avons compris que nos structures ont la capacité de mener une enquête vite et bien. Pourquoi ça n’a pas été la même chose quand des  gens ont été tués pendant les manifestations pacifiques ? Nous n’avons jamais eu de résultats des enquêtes, pas de personnes interpellées que ce soit au niveau des forces de l’ordre ou au niveau des citoyens pour dire voilà les présumés auteurs. Beaucoup d’observateurs, comme nous, sommes obligés de donner raison à l’opposition guinéenne qui pense que quand une enquête est en sa faveur, elle piétine et traîne les pas. Mais quand l’enquête se fait contre l’opposition elle va très vite », a conclu Mamady Kaba, tout en invitant les autorités à rectifier le tir.

Propos transcrits par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

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