Tanou Sow à Guineematin : « cette année on a apporté du nouveau au salon de l’emploi »

Ibrahima Tanou SowDans l’après midi d’hier, mardi 3 mai 2016, Guineematin.com a reçu le président de l’Association des Jeunes Guinéens de France pour parler du salon de l’emploi et de l’entreprenariat qui se tiendra le 28 de ce mois à Paris. Avec Ibrahima Tanou Sow, nous avons aussi échangé sur le rapport entre la diaspora et le ministère guinéen des Affaires étrangères, leurs perspectives, mais aussi des difficultés que rencontre la diaspora guinéenne.

En attendant la version vidéo de cette interview, nous vous proposons, ci-dessous, le décryptage intégral :

Guineematin.com: Bonjour monsieur Sow, présentez-vous à nos lecteurs et téléspectateurs ?

Je suis Ibrahima Tanou Sow, j’ai un double diplôme en économie et en entrepreneuriat. Je travail depuis 2009 dans un cabinet d’audit et de conseil (Mazar) à Paris. A côte de cela, je suis le président de l’Association des Jeunes Guinéens de France.

Guineematin.com : Justement, parlez-nous de l’Association des jeunes Guinéens de France ?

Ibrahima Tanou Sow : L’Association des Jeunes Guinéens de France est une association qui a été créée en 1997 afin de renforcer la solidarité entre les jeunes guinéens vivants en France. Ensuite, partant de l’élan de solidarité, l’objectif est d’inciter les jeunes guinéens de France à s’investir pour le développement socioéconomique de la Guinée. A partir de là, de ces objectifs, il y a plusieurs autres activités, notamment des projets que nous avons réalisés. Que ça soit dans le domaine éducatif, dans le domaine sanitaire, dans le domaine du développement local, dans le domaine environnemental, également dans le domaine de la culture et de l’insertion professionnelle. L’association des jeunes guinéens de France, c’est environs 150 membres actifs qui travaillent tous les jours sur ses différents projets. Ces différentes activités de l’association. En termes d’activités et sur le domaine sanitaire et éducatif, on a réussi à mobiliser ces dernières années près de trois cent milles (300 000) euros qui ont été investis ici dans les écoles et dans les centres de santé. On a rénové et équipé deux écoles à Conakry. C’est l’école primaire de Nongo et l’école primaire de Cité de l’air, à Gbéssia. On a fait un très bon projet à Timbi-Touni dans la préfecture de Pita, où on a mis un peu plus de cent trente milles (130 000) euros. Egalement, on a rénové et équipé l’école primaire et le collège et doté d’un centre informatique de dernier cris, équipé et alimenté par des panneaux solaires.

Dans le domaine sanitaire, on a fait deux projets. Un premier projet qui est à Koundou. Cet à peu près cinquante (50) km de Guéckédou où nous avons rénové et équipé le centre de santé de la localité. Nous avons doté le centre de santé d’un forage avec une pompe à eau solaire, des panneaux solaires pour équiper également le centre de santé en électricité, d’un réfrigérateur solaire et également de tricycle pour aller chercher les malades dans les villages environnent. C’est pour cela qu’on a décidé de faire le même à Sansado où on a lancé le projet il y a à peu près trois mois. Sansado est un village de Kankan. Ça, c’est dans le cadre des projets humanitaires qu’on fait en Guinée. En tout cas, on a beaucoup d’autres projets, sur lesquels on travaille dans les coopératives avec les gens ici. Dans le domaine de l’environnement, on était très actifs. On est également engagé dans un projet de reboisement des têtes des sources.

Sur le plan culturel, nous sommes les organisateurs du plus grand évènement culturel des guinéens de l’étranger qui est miss Guinée France qui a pour ambition de valoriser la culture guinéenne en France. C’est le plus grand évènement de la Guinée à l’étranger par l’affluence. C’est à peu près 1 500 personnes qui sont mobilisées en un jour à Paris.

Enfin, on est organisateur du plus grand salon de l’emploi guinéen à l’étranger qui se nomme Talent Guinée. Et la prochaine édition, c’est le 27 et 28 mai prochain.

Ibrahima Tanou SowGuineematin.com : On sait que vous avez été primé ces jours-ci au Canada, parlez nous de ce prix ?

Ibrahima Tanou Sow : on était invité par une organisation qui s’appelle « Guinea excellence Award » qui est basée à Ottawa (Canada) et qui est composée de jeunes guinéens basés au Canada qui ont décidé de célébrer l’excellence guinéenne. Ils ont compris que la Guinée avait traversé des moments difficiles ces derniers temps. Donc, il est important d’encourager des jeunes guinéens qui se sont impliqués dans le développement de la communauté.

Dans ce cas, ils ont défini un certain nombre de critères. Le prix de la meilleure prestation journalistique, le prix du meilleur blogueur, le prix du meilleur engagement communautaire, le prix de la meilleure association évoluant dans la diaspora, le prix de la meilleure miss, etc. Plusieurs prix ont été remis à des lauréats. C’est un prix qui nous va droit au cœur. C’est le fruit de l’engagement de 150 bénévoles dont je vous ai parlé tout à l’heure. Également, c’est une association qui vit depuis plus de 20 ans. Et toutes les personnes qui se sont engagées, qui ont données de leurs temps, de leurs énergies et de leurs expériences depuis 1997, au sein de l’association des jeunes guinéens de France jusqu’aujourd’hui. Ce prix, c’est leurs prix et nous en sommes très fiers.

Guineematin.com : Qu’est-ce qui a le plus pesé dans la balance pour que vous soyez primé devant les autres associations à l’étranger ?

Ibrahima Tanou Sow : l’Association des Jeunes Guinéens de France, c’est une association qui est différente des autres. Vous savez que beaucoup d’association aujourd’hui ne survivent pas à leurs fondateurs. L’Association des Jeunes Guinéens de France existe depuis vingt ans. Et, tous les deux ans, c’est une association qui se renouvèle avec de nouvelles énergies. Donc, c’est une association qui a des structures qui sont solides. Un bureau qui est accompagné par un conseil d’administration, qui valide et accompagne les activités du bureau. Et, c’est une association dans laquelle la transparence financière est assurée par un trésorier qui fait des comptes rendus et par un commissaire au compte qui valide les comptes de l’association. Tous cela, c’est pour vous dires que l’AJGF est aujourd’hui plus qu’une association, c’est une institution qui nous permet de s’attaquer à tous les projets majeurs : tel que Miss Guinée France, qui est un événement culturel qui met la lumière sur la Guinée. C’est un événement sur lequel on travaille pendant six mois et qui mobilise plus de cinquante milles personnes.

Je crois que ce qui a pesé, c’est peut être le salon de l’emploi qu’on organise qui est également, un très gros projet où on invite une quarantaine d’entreprises guinéennes à Paris et qui apporte environ mille candidats. C’est également un milieu associatif, un très grand événement qu’il faut organiser. C’est également, l’engagement et les projets qui sont réalisés en Guinée par l’Association des Jeunes Guinéens de France avec plusieurs centaines de milliers d’euros qui ont été mobilisés et investis en Guinée dans le domaine éducatif et dans le domaine sanitaire. Donc, c’est tous ces éléments, qui ont permis à notre association de participer à ce gala et obtenir ce prix.

Guineematin.com : Comment parvenez- vous à collecter des fonds ?

Ibrahima Tanou Sow : Pour collecter tous ces fonds, on cherche déjà d’où  part le projet. Le projet part d’une demande locale. Ça peut être une école, un centre de santé, une ONG. Quant il y a des problèmes, on nous remonte le projet. L’association a une commission projet qui examine qui est aguerrie à ce type d’exercice et qui sélectionne un certain nombre de projets qui décident de les soutenir. Une fois qu’on est à ce niveau là, on se mobilise pour réaliser ce projet avec le partenaire local pour le rendre plus solide, plus pérenne et plus viable. On fait appel à des bailleurs de fonds en France. Ces bailleurs de fonds peuvent être l’Agence Française de Développement. Ça peut être les collectivités locales, ça peut aussi être les entreprises qui ont des contrats de prestation et qui peuvent nous accompagner. Donc, aujourd’hui, on a eu beaucoup de financement du forum des organisations issues de la migration. Il reçoit un fonds de l’Agence Française de Développement et à ce niveau là, au sein de ce groupe, on est cité comme association modèle en termes de projets réalisés, en termes de qualité des contrats rendus qui sont aujourd’hui pris comme des modèles en France.

Guineematin.com : On sait que vous investissez en Guinée, mais sur quelle base vous vous fondez pour choisir la zone d’investissement et quelles sont vos relations avec les autorités ?

Ibrahima Tanou Sow, AJGFIbrahima Tanou Sow : Lorsqu’on a un projet sanitaire, on se dirige vers le ministère de la santé qui nous facilite la démarche. Si c’est au niveau de l’emploi, comme le salon de l’emploi par exemple, c’est le ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnelle, de l’emploi et du travail à travers l’agence guinéenne pour la promotion de l’emploi qui est l’AGUIPE et l’agence de la promotion des investissements privés. C’est pour vous dire que nous nous adressons au département concerné par le projet.

Guineematin.com : Quelle est la part du ministère des Affaires étrangères quand on sait que vous émanez dudit département, étant guinéen vivant à l’étranger ?

Ibrahima Tanou Sow : Effectivement, on avait de très bonnes relations avec le ministère des guinéens de l’étranger à l’époque. Par exemple, c’est l’une des questions qu’on se pose aujourd’hui. Pourquoi le ministère délégué des guinéens de l’étranger a été supprimé et érigé maintenant en direction ? Nous avons de très bonnes relations effectivement avec pas mal de ministères. Je vous ai cité également le ministère de la jeunesse.

Guineematin.com : Quels sont les problèmes auxquelles vous êtes confrontés ?

Ibrahima Tanou Sow : On ne rencontre pas de difficultés majeures. On est une association qui s’organise, qui travaille et aussi c’est surtout des bénévoles qui, chacun donne un peu de son temps. Avec cet effort, on arrive à des résultats qui sont très satisfaisants.

Guineematin.com : Comment arrivez- vous à identifier vos zones d’investissement ?

Ibrahima Tanou Sow : Les projets émanent toujours au niveau local. Ce sont les ressortissants de ces localités qui font remonter les projets. Donc, nous, on a mesuré l’impact de ce projet sur la localité. C’est le même exercice qu’on a fait à Sansado à Kankan. Les populations locales avaient commencé à construire un poste de santé. Il était allé à un niveau, mais les habitants se sont confrontés à un manque de ressources pour finaliser le projet. Nous avons remonté le projet. Donc, le choix est basé sur l’impact qu’aura le projet sur la vie des citoyens de la localité

Guineematin.com : Quelles sont les perspectives en vue ?

Ibrahima Tanou Sow : plusieurs perspectives sont en vue. Dans notre plan stratégique, on doit mettre l’accent sur un certain nombre d’éléments. C’est l’éducation et la formation.
Nous pensons qu’en Guinée, ce sont des actions sur lesquelles il y a beaucoup de danger. Nous avons besoin de ressources humaines. Le deuxième aspect, l’emploi et l’auto emploi. Donc, la stratégie c’est comment pousser les guinéens de l’intérieur à créer des entreprises, mais aussi à ceux de l’extérieur de venir avec des entreprises.

Guineematin.com: Quelle lecture faites-vous de l’état de la presse en Guinée en ce mardi  3 mai 2016, journée internationale de la liberté de la presse ?

Ibrahima Tanou Sow : La presse c’est un pouvoir qu’il faut sauvegarder. Il y a une évolution, même si on n’a pas atteint l’objectif souhaité. Mon souhait est qu’il soit permis à la presse d’exercer librement pour renforcer notre démocratie. L’objectif est qu’il soit un contre pouvoir et je pense que la presse est là aussi pour l’éducation de la population. C’est important de laisser la presse travailler librement, premièrement. Deuxièmement, c’est à la presse aussi d’être plus rigoureuse en faisant un travail de fond et poser les vrais débats de société.

Guineematin.com : Le salon de l’emploi est l’un de vos programmes phares. Comment vous vous y préparez ?

Ibrahima Tanou Sow : Le salon de l’emploi c’est un grand événement. C’est un salon dont la première édition s’est déroulée en 2012, qui a eu un grand succès. Plusieurs entreprises guinéennes ont fait le déplacement à Paris et on a rencontré plus de 1 000 à 1 500 candidats. En 2012, on l’a appelé salon de l’emploi. Du point de vue organisationnel, du point de vue des candidats qui sont venus.  En 2014, on a voulu aussi faire l’événement, mais malheureusement, on a dû reporter à la dernière minute. Et là ce 28 mai 2016, l’événement vas bien se tenir.  Cette année on a apporté des nouveautés au salon. C’est devenu le salon de l’emploi et de l’entrepreneuriat.

Nous avons opté pour le volet entrepreneuriat parce que cette  année, on a beaucoup de nos compatriotes qui ont besoin d’emploi. Mais, revenir avec de l’emploi, c’est aussi mieux. L’objectif, c’est d’inciter les gens de la diaspora à entreprendre en Guinée.  On va le faire de plusieurs manières. Inviter les organismes d’entrepreneuriat en Guinée qui vont leur expliquer les opportunités en Guinée, les secteurs porteurs. Les différentes facilités et difficultés, les démarches pour ouvrir une entreprise en Guinée. On souhaite encourager les gens. Nous organisons un concours qui s’appelle challenge objectif innovant. L’objectif de ce concours, c’est de voir quel est le meilleur projet de la diaspora. Les mesures par rapport aux impacts sociaux et environnementaux en Guinée. On aura dix porteurs de projets qui viendront présenter au public et aux chefs d’entreprises. Sur ces dix, on va désigner trois meilleurs projets de la diaspora. Ces trois projets vont recevoir des prix et des accompagnements dans le cadre de la mise en œuvre de leurs projets. Cette année, on a mis en place un site de recherche de l’emploi, www.talenguinee.org . L’objectif du site, c’est de mettre, au delà du salon, les entreprises guinéennes pour qu’elles puissent avoir accès au CV des compétences de la diaspora. C’est aussi aux guinéens de la diaspora de mettre leurs CV dans la base de données que nous allons constituer.  Mais, également, de consulter les offres d’emplois et de postuler à ces offres.
Notre ambition c’est de faire de ce site la plate forme incontournable pour les guinéens qui veulent recruter et pour ceux qui veulent les opportunités d’emploi. Tout cela présage un événement qui sera une grande réussite.

Interview décryptée par Abdoulaye Oumou Sow pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 620848501/656486601

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