La plénière d’hier, lundi 30 mai 2016, présidée par l’honorable Claude Kory Kondiano a démarré ses travaux par l’examen du 12ème avenant de la concession de Dian Dian, inscrit en procédure d’urgence. Mais, les députés se sont montrés très réservés sur la tenue des engagements du partenaire RUSAL et ils craignent surtout l’installation d’une centrale à charbon, a appris Guineematin.com, à travers un de ses reporters qui était sur place.
Après les débats de procédure, les députés ont pris au moins trois heures de leur temps dans des débats, en présence du ministre des Mines et de la Géologie, Abdoulaye Magassouba, entouré de ses cadres.
Si les députés ont finalement accordé leurs voix dans l’écrasante majorité, ils n’ont pas accepté d’accorder un chèque en blanc à Rusal, la compagnie russe de l’alumine et de l’aluminium.
Mais, le point qui a rallié toutes les propositions et éloigné les frontières politiques, c’est bien la situation des travailleurs et des populations de la ville de Fria, abandonnés par l’usine depuis avril 2012.
Ci-dessous, Guineematin.com vous propose quelques séquences de questions posées par la représentation nationale sur le sujet.
Le bal des 25 poseurs de questions a été ouvert par le président du groupe parlementaire Libéral-Démocrate, Docteur Fodé Oussou Fofana. Le député a demande si Rusal entend exporter 3 millions de tonnes de bauxite par an, pourquoi alors il ne construirait pas une usine d’alumine avant de s’interroger s’il y a suffisamment de garanties pour que Rusal respecte ses engagements ?
Et, un de ses homologues des libéraux a enfoncé le clou ! Absent des travaux en commission le samedi passé, l’honorable Kalémodou Yansané pense que « cet accord ne donne aucune contrainte au partenaire ». Et, de s’insurger contre la volonté d’utiliser une centrale à charbon : « il faut être guinéen pour dire que le charbon n’est pas polluant… ».
Ce libéral-démocrate ne comprend d’ailleurs pas comment une petite société comme Alufer (comparée à Rusal) s’engage à produire dès 2018, cinq millions de tonnes par an, loin devant Rusal. D’ailleurs, Kalémodou Yansané exige de séparer Dian Dian de Fria ! Et, « si Rusal n’est pas capable de relever Friguia, l’Eta doit prendre ses responsabilités », a-t-il martelé.
Pour sa part, le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Docteur Saloum Cissé, a voulu savoir « Quelles sont les causes fondamentales de l’arrêt de l’usine de Fria ? Et qu’est ce qui est prévu pour la restauration des zones minières exploitées ? »
De son côté, l’honorable Jamsdine Baldé a demandé s’il y a des dispositions à caractère social qui sont prévues pour indemniser les travailleurs au chômage depuis 2012 ?
L’uninominal de Dinguiraye, Dr Fodé Maréga s’inquiète, pour sa part, « d’entendre que la centrale à charbon n’est pas polluante ». Le médecin a expliqué qu’il y a « 700 mille morts par an dans les centrales thermiques au charbon et 13 mille décès aux USA chaque année. Le député de l’UFDG a alors demandé au département des Mines de faire attention à un tel choix. « Une telle centrale est extrêmement polluante et dangereuse pour la santé publique », a rappelé le député de Dinguiraye.
L’honorable Saïkou Yaya Barry de l’alliance républicaine, dit son « optimisme face à ce projet ». disant espérer que l’actuel gouvernement ne fera pas la même chose que les anciens. Ce jeune député a souhaité la présence des députés aux négociations pour mieux expliquer après le contenu au moment de l’examen. Ce député de l’UFR s’inquiète surtout de la volonté réelle de Rusal de respecter ses engagements pour éviter à la Guinée le spectacle de Rio Tinto.
De son côté, Elhadj Abdoulaye Diouma Diallo de l’UFDG, troisième vice-président de l’Assemblée nationale a demandé la confirmation « du choix de Rusal du régime fiscal de 1958 par rapport à celui de 2011 », une option qu’il juge grave.
Le leader et député du PGRP, Elhadj Alpha Ibrahima Sila Bah pense que tout ceci est un bluff ! « A voir les points soulignés, c’est en fait la réhabilitation de l’usine de Fria qui prime, mais à quel coût ? », s’interroge t-il. L’ancien banquier souligne qu’on « voit bien les 100 mille citoyens de Fria, mais il faut regarder plus loin et se demander ce que la Guinée toute entière y gagne. Pas avec 500 emplois directs et indirects. A cela, on a besoin de voir les incidences du régime fiscal tout comme les études environnementales et sociétales. Nous avons besoin d’un rapport sur les études de faisabilité ». Ce député, l’unique à s’abstenir d’ailleurs du vote, a lancé un appel solennel : « Je demande qu’on s’abstienne d’approuver un tel projet pour l’intérêt de la population », a-t-il sollicité.
Le député uninominal du RPG à Siguiri, le doyen Sékou Savané, pour sa part, se « désole de l’attitude de certains députés. Ceux qui nient leur participation aux travaux en commission ».
Le président du GUD, l’honorable Sékou Benna Camara a dit que « le charbon est polluant, mais c’est une option » ! En sa qualité d’ancien conseiller du Premier ministre en charge des mines et de l’énergie, il a rappelé que la situation est difficile pour les populations de Fria.
L’ancien ministre et député de l’UFDG, Alain Touré, pour sa part, veut « avoir des assurances qu’en 2017 les travaux vont démarrer réellement puisqu’il n’y a aucune précision là-dessus (pas de date). Avant, Friguia produisait 600 mille tonnes d’alumine avec plus de 1 500 employés. Si on dit que cette production sera portée à 1 200 mille tonnes pour 500 emplois directs et indirects, il faut bien revoir la partie », souligne le député.
Pour la députée de l’UFDG, l’honorable Marama Tata Bah, il est d’abord important qu’on explique au peuple : « veut savoir pourquoi le non respect des accords du 20 août 2015 ».
Et, la députée uninominale de l’UFDG à Mamou, Mme Djéssira Traoré, c’est important de se rappeler du passé : « le groupe RPG-arc-en-ciel a voté mécaniquement la convention Rio Tinto ! Mais, où en sommes-nous avec cette compagnie aujourd’hui ?», a-t-elle demandé, avant d’interpeller le président de l’Assemblée nationale sur la gestion des débats.
Leur collège, honorable Alpha Ousmane Diallo, ancien directeur aux finances, précise qu’avec la production du minerai de fer par Rio Tinto, il y avait 20 ‘’SI ‘’ avec aucun verrou ! Et, « avec Rusal, j’ai l’impression que nous sommes entrain de commettre la même erreur », a-t-il fait remarquer. Plus loin, ce financier veut savoir le contenu du courrier de Rusal adressé aux hautes autorités du pays…
L’ancien ministre des transports et secrétaire général de l’UFDG, honorable Aliou Condé, a rappelé que « la demande d’enquête parlementaire est toujours de mise pour s’informer sur l’état de Friguia ». Comme la plus part de ses prédécesseurs, il s’est catégoriquement opposé à l’utilisation d’une centrale à charbon comme source d’énergie. Monsieur Aliou Condé a attiré l’attention des uns et des autres sur les erreurs du passé. « La convention de la SBK. L’annexe C. elle est passée en commission de délégations sous prétexte que le président de la République partait à Moscou et devait aller avec le document. En procédure d’urgence, quoi qu’on fasse, il y a des questions qui vont nous échapper. Si nos partenaires ne respectent pas leurs engagements, nous devons avoir des recours clairement indiqués. Si les résultats ne sont pas atteints, l’Etat devait demander d’être indemnisé par exemple. Il y a des exemples. Depuis 2001, une convention est signée, mais qui n’est pas respectée », a fustigé le secrétaire général de l’UFDG.
Docteur Sidiki Cissé, le député uninominal du RPG à Fria, visiblement heureux, a déclaré : « aujourd’hui, l’espoir est né à Fria », avant d’insister auprès du gouvernement pour la mise en œuvre du projet. Dr Cissé a rappelé que « le malheur de Fria a commencé depuis le bradage de l’usine à 22 millions USD, lorsque Conté était malade »…
Pour le député uninominal de l’UFDG à Dixinn, Aboubacar Soumah, c’est incompréhensible de lier Dian Dian à Fria. « La COBAD et Rusal ont juridiquement des statuts différents. Pourquoi lier les deux alors ? », a demandé avec insistance le député, ajoutant qu’il n’est pas question de renouveler pour Rusal les avantages de 1958, après 64 ans d’indépendance…
De son côté, le chef de la majorité parlementaire, l’honorable Amadou Damaro Camara soutient «j’avais moi-même des soucis qui ont été en partie levés. Le renouvellement de la convention de base de 1958, je ne comprends pas. C’est plus avantageux pour eux de respecter le code de 2011 que celui de 1958. De l’utilisation du charbon, pas de souci à ce niveau. Puisque l’énergie hydroélectrique est moins chère que celle du charbon. Je pense que les partenaires feront le bon choix ».
Et, l’honorable Tawel Camara du Rpg-Arc-en-ciel et originaire de Boké jubile : « après 14 ans, nous avons de l’espoir de voir ce projet (Dian Dian) démarrer. Un projet qui doit faire le bonheur des populations de Kakandé en matière d’emplois et d’incidences économiques ».
Enfin, Elhadj Demba Fadiga, le député uninominal du RPG à Kindia a clôturé la partie, en rappelant l’expérience guinéenne dans la signature des conventions minières… Le député a alors attiré l’attention du ministre des mines de la similitude de la COBAD et COBAK avant de rassurer, en sa qualité de président de la commission énergie, transport et aménagement du territoire « des dispositions d’interconnexion prises par l’Etat de fournir de l’énergie à cette zone ».
Au terme de cette avalanche de questions, le ministre a reçu l’autorisation des parlementaires de répondre par écrit. Qu’à cela ne tienne, il a abordé les grandes lignes dont Guineematin.com se fera le devoir de vous proposer le résumé dans les prochaines publications.
De l’Assemblée nationale, Abdallah Baldé pour Guineematin.com
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