Pèlerinage, ramadan, bousculade de Timbo… le chef de cabinet des affaires religieuses à Guineematin

Elhadj Karamo Diawara, le chef de cabinet du secrétariat général des affaires religieuses
Elhadj Karamo Diawara, le chef de cabinet du secrétariat général des affaires religieuses
Elhadj Karamo Diawara, le chef de cabinet du secrétariat général des affaires religieuses

Comme on le sait, la Guinée va participer cette année au pèlerinage à la Mecque, après deux ans d’absence pour cause d’Ebola. Egalement, le Ramadan et tous les aspects religieux du pays sont gérés par le secrétariat général aux affaires religieuses. C’est donc pour mieux vous informer de tout ceci qu’un reporter de Guineematin.com a rencontré hier, lundi 06 juin 2016, Elhadj Karamo Diawara, le chef de cabinet du secrétariat général des affaires religieuses.

Décryptage !

Guineematin.com : Bonjour El hadj Karamo Diawara. Hier, vous avez passé un premier communiqué relatif à l’annonce du début du mois de ramadan, initialement prévu pour le mardi 7 juin 2016, avant de passer un autre informant les musulmans que le Ramadan commence désormais le lundi 6 juin 2016. Qu’est-ce qui explique cette cacophonie ?

Elhadj Karamo Diawara : Alhamdoulilah ! Sur le plan religieux, je voudrais ici attirer l’opinion nationale que le ramadan d’abord, c’est l’aspect religieux. Donc, l’aspect religieux, il faut suivre les instructions du prophète Mohamed paix et salut de Dieu sur lui. Donc, nous savons que la Mecque avait déjà observé la lune, avons que nous nous soyons à 19 heures ici. Nous voudrions respecter les instructions du prophète paix et salut de Dieu sur lui, qui a dit : « jeûnez si vous observez la lune du mois de Châbaa », cela veut dire que le moi avant le mois de ramadan, le 29eme jour vous observez, si vous voyez la lune, vous commencez immédiatement le lendemain. Mais, au cas où vous n’arrivez pas à observer la lune, il faut compléter à 30 jours le mois de châbaa. Donc, pour respecter cela, nous avons essayé d’être en contact avec les  quatre régions naturelles d la Guinée. Nous avons donné le temps aux fidèles musulmans pour chercher la lune de 20 heures à minuit. C’est entre temps qu’il y a eu un communiqué annonçant que c’était mardi. Donc, ce communiqué devait dire que jusqu’à présent, la Guinée n’a pas vu encore la lune, que nous cherchons d’ici à 00 heure et que si la lune n’avait pas été vue, nous allons commencer le jeûne le mardi. Mais, si elle arrivait à être observée d’ici 00 heure, nous allons faire un communiqué, tout en informant aux musulmans de commencer le jeûne le lundi, c’est ce qui fut fait. L’erreur était que celui qui a fait le communiqué avait tout simplement dit que le jeûne va commencer le mardi. C’est pourquoi le communiqué n’a pas été compris. Nous présentons toutes nos excuses pour ça. Et, le secrétariat général, maintenant, notre politique chaque année, c’est de chercher d’abord la lune. Et, si elle n’est pas observée, l’autorité que nous sommes pourra se conformer ou pas. Moi-même, personnellement, c’est vers 22 heures qu’un fidèle musulman m’a informé que la lune a été observée vers Dabola, dans Kalela. C’est pourquoi, en tend que première autorité, à l’absence de mon ministre, j’ai donné l’instruction de rectifier le premier communiqué et inviter les musulmans à jeûner aujourd’hui.

Guineematin.com : En tant que première autorité religieuse du pays, qu’est-ce que vous faites pour faciliter aux musulmans le ramadan, notamment par rapport à la baisse du prix des denrées alimentaires de première nécessité ?

Elhadj Karamo Diawara : Vous avez posé une très bonne question ! C’est pourquoi, nous avons une commission qui édite les sermons du vendredi. Nous avons déjà donné l’instruction, il y a deux semaines, d’attirer l’attention des fidèles musulmans, faire en sorte que les prix des denrées restent comme ils étaient avant le mois de ramadan ou que ces prix soient baissés. C’est le lieu pour moi de dire à tous les opérateurs, les commerçants et détaillants qu’en diminuant les prix, ils doivent considérer ça comme un sacrifice de bienfaisance pour la cause d’Allah. Le prophète Mohammed paix et salut de Dieu sur lui a maudit ceux qui rendent difficile les services aux musulmans. Il (le prophète PSL) ne se limite pas seulement aux denrées de premières nécessité, mais de tous les services publiques et privés. Aujourd’hui, nos hôpitaux doivent donner aux patients des soins de qualité, les conducteurs aussi doivent éviter de doubler les tronçons. Car, tout ça rend difficile la vie pour les musulmans. Bref, chacun doit jouer pleinement son rôle pour faciliter la vie à son prochain. Donc, nous espérons que ces conseils tomberont dans des oreilles attentives. Aujourd’hui, si vous allez en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour, beaucoup de pays d’Asie du Sud où j’ai eu la chance de vivre pendant 10 ans, on envoie des aliments dans les mosquées pour que tout le monde puisse manger gratuitement. Les commerçants se battent pour aller prendre l’argent dans les banques pour apporter des aliments et faire en sorte que toutes les personnes démunies trouvent ce qu’elles doivent manger pendant ce mois béni.

Guineematin.com : Quelles sont les heures de rupture du jeûne et du petit déjeuné ?

Elhadj Karamo Diawara : La direction chargée des affaires islamiques établit chaque année un tableau pour les 30 jours. Donc, je crois qu’ils vont déterminer là-bas graduellement du premier au dernier jour du mois de Ramadan. Nous allons faire tout c qui est possible pour qu’il soit à la portée des gens incha Allah. Vous savez, la Guinée est un pays scientifique, il ne s’agit pas donner seulement l’heure, il faut qu’elle soit conforme au principe du prophète paix et salut de Dieu sur lui. Maintenant, sur le plan des enseignements du prophète paix et salut de Dieu sur lui, la rupture se fait immédiatement après le couché du soleil.

Guineematin.com : Heureusement pour la Guinée, les fidèles musulmans sont autorisés à aller à la Mecque pour le pèlerinage de cette année. Quelles sont les dispositions qui ont été prises à votre niveau pour faciliter ce hadj aux musulmans Guinéens ?

Elhadj Karamo Diawara : Je remercie d’abord le Tout Puissant Allah d’avoir permis à la Guinée de sortir de cette liste noire et nous sommes désormais autorisés d’aller faire le pèlerinage à la Mecque. Donc, techniquement, à l’interne ici, nous avons pris toutes les dispositions et avec d’autres partenaires et des ministères, comme la sécurité, le sport, les affaires étrangères, la banque centrale. Déjà, notre équipe a quitté Conakry depuis vendredi, sous l’égide du secrétaire général des affaires religieuses, Elhadj Abdoul Karime Dioubaté, pour aller signer avec les autorités saoudiennes et avoir aussi le quota qu’ils vont accorder à la Guinée cette fois. C’est à l’issue de ça, qu’ils vont discuter du prix des logements, les transports routiers, les taxes aéroportuaires, etc. C’est tous ces prix, ajouté aux responsabilités avec d’autres ministères de chez nous, comme les transports, le choix des vols qui sera fait par appel d’offre, qu’on connaîtra le prix du pèlerinage. On a déjà tenu dix réunions avec ces différents ministères et chaque ministère est prêt à jouer son rôle. Et, je profite de l’occasion pour remercier le ministre Abdoul Kabélé Camara qui nous a confirmé l’envoi ici d’une machine de confection des passeports pour éviter des retards et je crois que d’autres ministères sont prêts à accompagner le secrétariat.

Guineematin.com : Chaque année, on constate une augmentation des frais du pèlerinage. Qu’est ce qui explique cela ?

Elhadj Karamo Diawara : Oui ! Cela dépend de beaucoup de facteurs. Il y a non seulement ce qu’on appelle la flexibilité du prix du dollar, mais aussi l’augmentation des frais du transport, de logement au lieu saint. Si aujourd’hui, Mina (une ville de la Mecque) a donné pour chaque personne 30 dollars, l’année prochaine, si on exige 200 dollars, il faut qu’on paie ! Généralement, les prix varient là-bas chaque année.

Guineematin.com : En tant que première autorités religieuse, quel conseil avez-vous à prodiguer aux musulmans qui vous liront ici ?

Elhadj Karamo Diawara : Nous sommes en charge de gérer et de coordonner l’ensemble des activités religieuses du pays. Les premiers conseils que j’ai à donner à non seulement les musulmans de Guinée, mais aussi à toutes les confessions religieuses, c’est de respecter les principes religieux. En respectant ces principes religieux, nous pouvons faire en sorte que l’autorité et la classe politique puissent quand même se donner la main, même s’ils ne s’entendent pas, mais chacun va œuvrer pour qu’il y ait la paix, la quiétude sociale et la stabilité en République de Guinée. Il faut que nous combattions l’ethnocentrisme, le fanatisme, etc. Aussi, éviter d’utiliser les lieux sacrés comme la mosquée et l’église pour nous diviser, comme malheureusement ce qui s’est passé à Timbo. Lorsque les acteurs politiques se voient dans un lieu de culte, elle doit faire en sorte que ce  lieu de culte les réunissent, par ce que  sans unité, il n’y a pas de stabilité ; sans stabilité, il n’y a pas de quiétude  sociale. Donc, j’appelle chaque entité à jouer pleinement son rôle, la société civile, les journalistes, les institutions, etc.

Guineematin.com : Justement, des incidents ont émaillé l’inauguration de la mosquée de Timbo. Mais, le secrétariat général des affaires religieuses est muet. Votre réaction par rapport à ce qui s’est passé à Timbo ?

Elhadj Karamo Diawara : Nous regrettons d’abord ce qui s’est passé à Timbo. D’abord la mosquée a pour rôle d’unir une communauté. La mosquée essaye de créer une bonne relation entre l’homme et Dieu. Le prophète Mohamed paix et salut de Dieu sur lui a utilisé la mosquée pour résoudre un certain nombre de problèmes, c’est dans sa mosquée de Médine qu’il a pu réunir juifs et musulmans. Ce qui veut dire que toute connotation ethnique, politique ou régionalisme doit être exclue. Si mouvance et opposition se réunissent dans une mosquée, chacun doit mettre en tête que nous sommes dans un lieu qui doit nous unir. Ils doivent faire en sorte qu’on se pardonne, ils doivent faire en sorte que les tensions et les haines soient bannies. Donc, je demande à tous fidèles musulmans de prévaloir la paix et résoudre leur divergence autour de la table et non par la violence.

Guineematin.com : On tend vers la fin de cet entretien, votre mot de la fin ?

Elhadj Karamo Diawara : Vraiment, la Guinée est une nation unie et indivisible. Je lance un appel à tous acteurs principaux, notamment la société civile, les institutions Républicaine, la classe politique, chacun à la retenue, au pardon et à se donner la main. Et, surtout, à ceux qui gèrent aujourd’hui le processus de réconciliation nationale en République de Guinée d’être actifs et scientifiques afin de conduire les guinéens à la stabilité et la quiétude sociale.

Propos recueillis et décryptés par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box