Sinkoun Camara à Guineematin : « Alufer veut créer 3 000 emplois et investir 185 millions de dollars… »

Honorable Sinkoun Camara 2Le mercredi 1er juin 2016, les députés ont unanimement approuvé la convention minière d’Alufer en séance plénière. Cette société junior qui sera implantée à Koundindé dans la préfecture de Boffa, entend investir 185 millions de dollars US, prévoit la création de 3 000 emplois, et envisage plus loin de passer de l’extraction simple de la bauxite à la transformation du minerai en alumine. Ce, avant les 15 ans prévus pour cette réserve certifiée de 145 millions de tonnes. Avec à la clé des prévisions d’exploitation dès 2018 de cinq millions de tonnes de bauxite par an à dix millions et l’aménagement d’un quai et le respect rigoureux de l’environnement et des mesures du contenu local.

En somme, des engagements qui ont valu la confiance de toutes les familles politiques et sur lesquels, le président de la commission mines, industrie, commerce, hôtellerie, tourisme et artisanat de l’Assemblée nationale, Abdourahamane Sinkoun Camara, revient ici avec plus de détail.

Interview…

Guineematin.com : Qu’est-ce qui explique, monsieur le président, le vote à l’unanimité des députés de la convention d’Alufer, une junior qui doit s’installer dans la préfecture de Boffa ?

Abdourahamane Sinkoun Camara : Les causes qui ont poussé les députés à manifester une telle attitude sont nombreuses et diverses. Il faut reconnaître que c’est la première fois dans l’histoire de la Guinée qu’un tel projet soit initié par un guinéen. Le prometteur n’est ni un ingénieur, ni du secteur minier. Un tel engagement d’un compatriote vaut le soutien et l’appui total de notre Assemblée nationale.

Deuxièmement, sur le plan technique, le projet est très fiable. Ils vont procéder à l’enlèvement du minerai, son transport et son acheminement dans les barges à travers le quai de Cap Verga qu’ils vont construire. Ces barges de six mille tonnes vont ensuite déverser le minerai dans des bateaux de 100 mille tonnes en haute mer. Donc, le mécanisme de transport est rassurant et fiable.  Il n’y a aucune transformation prévue sur place et donc pas d’utilisation de produits chimiques ou toxiques dangereux pour l’environnement.

Troisièmement, l’analyse de l’impact environnement et social de la société a été réalisée par des canadiens. Nous savons bien leur professionnalisme et leur expertise en la matière. Ce projet junior prévoit de produire jusqu’à 10 millions de tonnes de bauxite par an après les trois ou quatre premières années où la production sera de 5 millions de tonnes. Nous devons dans la nouvelle stratégie, sans décourager les plus gros, encourager et soutenir les projets juniors qui sont parfois plus efficaces. Le cas de la SMB (société minière de Boké) en est un exemple palpable.

C’est un exemple que des sociétés comme Ruski alumini, filiale de Rusal, devrait suivre. Depuis 2001 cette compagnie dispose d’une convention sur Dian Dian et nous sommes en 2016, ils n’ont extrait aucune tonne de bauxite sur ce qui est considéré comme l’un des plus importants gisements de bauxite au monde. Cette société junior, je le disais, mérite d’être soutenue puisqu’elle a l’ambition même de construire une usine d’alumine. C’est extraordinaire. Ils vont créer 3 000 emplois et investir 185 millions de dollars.

De plus cette société est à Boffa une préfecture très défavorisée n’abritant aucune activité économique ou le chômage est chronique, et possédant une administration préfectorale efficace avec une Dame préfet et des députés très engagés pour le développement de leur localité.

Guineematin.com : Que doit faire l’Etat pour assurer l’épanouissement de cette junior ?

Abdourahamane Sinkoun Camara : J’en viens, je n’ai pas fini de dire tous les avantages liés à l’implantation de cette société à Boffa. Cette préfecture bénéficiera pour la première fois de son histoire l’implantation d’une telle société. C’est une grande opportunité pour ses populations qui sont en manque presque de tout. Alufer va aider la préfecture et les populations dans leurs efforts de développement.

Sur le plan humanitaire, laissez-moi vous dire, qu’il y a 22 ans, j’ai rencontré un riche Italien Monsieur PICCALUGA qui a perdu tous ses parents dans la guerre, qui a grandi dans un orphelinat et a décidé d’en créer un dans notre pays et précisément à Boffa.  Monsieur PICCALUGA, a crée sur fonds propre  l’école d’orphelinat de SOBANE et j’ai la fierté de vous dire que certains pensionnaires de l’établissement sont aujourd’hui  dans les banques et dans plusieurs autres secteurs d’activités. Et c’est une grande fierté pour moi. L’Italien a en plus, adopté un orphelin guinéen qui vit actuellement à Nice en Italie. Et c’est une grande fierté pour moi de savoir que le projet Alufer s’est engagé à réaliser un lycée technique pour cet orphelinat.

Tous ces éléments réunis ne pouvaient laisser aucun député insensible sur la bonne cause. Sans oublier qu’en plus, j’ai eu l’appel de Mme le préfet de Boffa et des communautés de la zone, en tant que président de commission mines pour traduire leurs préoccupations aux collègues députés en vue de ratifier cette convention. Ces appels auxquels nous ne pouvons pas rester insensibles.

Guineematin.com : Vous avez parlé du projet sur le plan technique et environnement voir humanitaire, mais concrètement sur le plan social, qu’est ce que les communautés locales et riveraines vont gagner de cette société ?

Abdourahamane Sinkoun Camara : Vous savez que conformément aux exigences du code minier en vigueur, un pourcentage de 0.75% de taxes superficiaires au km2 est versé à l’Etat et les communautés ont chaque année 0.5% du chiffre d’affaire de la société directement versé pour leur développement local. Sans oublier la création d’emploi. A qualité égale, par exemple un chauffeur de Koundindé est recruté avant n’importe quel autre chauffeur venant d’ailleurs. Il y a des engagements de participer à la réalisation d’infrastructures. Déjà Bel Air Mining est sur un ouvrage de franchissement dans le village de Koundindé, pratiquement coupé en deux. Ils sont entrain d’acheminer le matériel et la réalisation est imminente. Mieux, le chef de district avait posé un problème de finition de leur mosquée et les travaux sont en finition.

Guineematin.com : Avant d’approuver ce projet, votre commission a formulé des recommandations, est-ce que vous pouvez nous rappeler les principaux points ?

Abdourahamane Sinkoun Camara : Comme je le disais en plénière du jeudi 2 juin, que toute exploitation minière soit subordonnée d’engagement sérieux de restauration de la zone exploitée avec un plan de reboisement fiable. Nous souhaitons que ce reboisement se fasse avec des arbres fruitiers ou de rente pour permettre aux communautés de trouver quoi vivre après le départ de la société. C’est ce que nous avons réitéré à Alufer et nous sommes persuadés qu’avec leur sérieux, ils le feront. C’est vrai que Mme la ministre de l’environnement préfère des arbres forestiers en lieu et place des arbres fruitiers ou de rente craignant des problèmes communautaires dans la gestion. Mais moi je pense que cela peut fait l’objet de réglementation et ces communautés peuvent bien gérer ces plantations et trouver leur vie mieux que si elles étaient complètement sevrées. Et d’ailleurs, il sera demandé aux entreprises minières d’entretenir ces plantations au moins 3 ans, 4 ans avant de les transférer aux communautés. Mais une fois encore, ce sont des réflexions qu’on doit continuer à mener avec tous les acteurs en vue de trouver la meilleure formule de soutien à nos communautés rurales.

Interview réalisée par Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 628 089 845

 

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