Libre Opinion : J’ai imaginé Machiavel se retourner. Se bouger de sa tombe millénaire pour s’offusquer de la malhabileté avec laquelle Ousmane Kaba a entrepris sa manœuvre délatrice. Franchement ! Notre universitaire fait du sens aux paroles de De La Fontaine: « Tel est pris qui croyait prendre »!
Pris, d’abord par un développement médiatique qu’il n’a pas su anticiper. Une causerie de « famille » infiltrée, puis publiée de mille canaux; Monsieur Kaba ne s’y attendait vraisemblablement pas. Pris, ensuite par un vocable dont il aurait pu se faire l’économie: la RUSE! Comme Alpha et pire encore, Ousmane Kaba l’associe, non pas à une fraction, mais à l’entièreté de la communauté peul. C’est ici qu’il voit son masque tomber et qu’il noie le poisson !
On voit donc clairement à partir de l’épisode Kankanais, que bien loin d’un engagement envers l’unité des Guinéens, Ousmane Kaba rêve déjà d’effigies et d’histoire à la tête du RPG Arc-en-ciel. Partant, Alpha n’a peut-être pas eu tord, du moins concernant ce « Président-Fondateur » du parti PLUS. Puisqu’il n’y a pas loin de la malhonnêteté à dire s’offusquer d’un discours qu’on distille fort aise soi-même.
Cela dit, c’est à nous, peuple guinéen, de garder l’esprit ouvert. D’abord face à la récupération politique dont « le discours d’Alpha » a fait et continuera de faire l’objet. Plus nos politiques l’évoquent, plus dangereusement ils renforcent nos sillons ethniques. L’ethnie, je ne l’occulte pas. Mais à force d’y surfer, en politique elle finit par opposer.
Ensuite, face à nous-mêmes. Quel que soit le cas de figure, nous devrions savoir qu’en Guinée et ce depuis l’indépendance, chaque communauté a accumulé sa dose de frustrations. Or la frustration ne se décompte pas. Majoritaire ou pas, chaque groupe a expérimenté la douleur d’être exclu, indexé, insulté et marginalisé. Chaque cœur guinéen s’est un jour contracté de honte, de colère, ou encore de chagrin dû à un bannissement. Et c’est souvent le fait d’un seul individu que nous commettons l’erreur, comme Alpha et Ousmane, d’identifier à son groupe d’appartenance. Il est encore temps d’arrêter notre char, parce qu’aucune communauté guinéenne, à mon sens, n’a été épargnée par les errements des gouvernances successives.
Forêt, savane, montagnes ou mangrove, nous avons tous nos douleurs, même si elle n’ont pas la même couleur. La focalisation de certains politiques sur les malheurs d’une seule communauté n’a concouru qu’à nourrir nos mutuelles suspicions et à nous éloigner les uns des autres.
We have to stand for #UNITY! Apprendre à voir en l’autre, autre chose que son appartenance ethnique nous ôtera les écailles des yeux. Pour apprécier à quel point la Guinée, riche de sous-sol est tout aussi riche de son sur-sol! Pour profiter de l’art mandingue de la parole et de la noirceur d’Afrique de ses filles aux allures de bichettes; pour apprécier la beauté de la femme peul et la religiosité des foutaniens; pour nous blottir dans l’hospitalité et l’ouverture de la Basse Côté; pour jouir de la simplicité et du travail du forestier.
C’est cela la Guinée. Celui qui n’y travaille pas, commencez par vous éloigner de lui.
Tamba Zacharie MILLIMOUNO