Labé: des militants des droits de l’homme mobilisés pour la libération d’une prisonnière

Mobilisation_militants_droits_l'hommeLe sort de Madame Fatoumata Binta DIALLO, une ménagère détenue à la maison centrale de Labé, depuis le mardi, 15 mars 2016, constitue une préoccupation générale des populations et mobilise les acteurs de la société civile dont les organisations de défense des droits de l’homme et du citoyen, a constaté un correspondant de Guineematin.com dans la Région Administrative de Labé, en Moyenne Guinée.

A l’issue de son audience publique et contradictoire du 15 mars 2016, le Tribunal de Première Instance de Labé a déclaré Fatoumata Binta Diallo coupable des faits de recèle. Pour la répression, elle a alors été condamnée à 12 mois d’emprisonnement et 2.000.000 de francs guinéens d’amende.

Pour la petite histoire, il faut retenir que le 14 novembre 2015, Madame Mariama Baïlo Diallo, commerçante portait plainte contre Fatoumata Binta DIALLO à la compagnie de gendarmerie de Labé pour recèle. En appui à sa plainte, elle déclarait que le vendredi 11 novembre 2015, aux environs de 19 heures, elle rentrait du marché porteuse d’un montant de 32.750.000 GNF qu’elle déposait dans les toilettes.

Il semble que  pendant qu’elle était occupée à chauffer le repas du soir, Fatoumata Binta Diallo, l’accusée, rentrait brusquement dans sa cuisine, pour lui confier une somme d’argent qu’elle refusait toute suite sous prétexte que sa fille, Aïssatou SOW est une voleuse, elle vole tout ce qu’elle voit.

Elle ajoutait que face à son refus d’accéder à la demande de Fatoumata Binta DIALLO, celle-ci rentrait dans la chambre de sa fille, Aïssatou SOW. Que quelques instants après, les deux copines sont ressortis de la chambre pour rejoindre l’extérieur de la cour. La plaignante affirme qu’avant que les deux copines ne sortent de la concession, sa propre fille Aïssatou SOW avait déjà profité de son inattention, en s’introduisant dans les toilettes où était déposé le montant qu’elle a subtilisé. Pour commettre cette forfaiture, Aïssatou SOW aurait utilisé le double de la clef des toilettes.

Mme Mariama Baïlo Diallo concluait, dans ses déclarations, que c’est après avoir prié et mangé, prête maintenant à rejoindre son lit, qu’elle a constaté la soustraction de son argent. Elle insiste, persiste et signe que c’est bien sa fille, Aïssatou SOW qui est l’auteur de ce vol et qu’elle n’est pas à sa première fois. Et, toutes les fois qu’elle a volé par le passé, c’est à Fatoumata Binta Diallo, son intime amie, qu’elle a confié les objets volés.

Interpellée et interrogée tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, Fatoumata Binta Diallo a rejeté en bloc les faits de recèle mis à sa charge. En plus, sa copine qui se trouve être la propre fille de la plaignante a nié sur toute la ligne avoir volé de l’argent à sa mère.

Cependant, Fatoumata Binta Diallo a déclaré être venue le jour du vol au domicile de Madame Mariama Baïlo Diallo aux environs  de 19 heures à qui elle a demandé que si elle pouvait lui confier une somme d’argent. Mais, que celle-ci avait décliné. C’est ainsi qu’elle a continué dans la chambre de sa copine, Aïssatou SOW. L’accusé a tenu à préciser qu’elle a l’habitude de venir régulièrement chez sa copine mais que celle-ci ne lui a rien confié.

Malgré tout, le juge audiencier, Monsieur Aboubacar Thiam, a trouvé utile de déclarer Fatoumata Binta Diallo coupable des faits de recèle l’a condamné et décerné un mandat de dépôt contre elle.

Dans la même décision, le Tribunal de Première Instance de Labé condamne solidairement Fatoumata Binta Diallo et Aïssatou SOW au paiement de 32.750.000 francs guinéens à titre de réparation.

Cette décision de justice provoque un tollé général dans la cité et mobilise les organisations de la société civile dont la Section OGDH, la Cellule de Veille pour un contrôle Citoyen de l’Action Publique, la ligue islamique régionale et l’Association des Jeunes Commerçants de Labé.

Car, plusieurs interrogations subsistent dans la conscience collective : ce montant a-t-il réellement existé ? Quels sont les éléments constitutifs de droits qui prouvent que la plaignante n’a pas inventé pour régler des comptes, quand on sait que les fouilles organisées à domicile immédiatement après n’ont montré aucune trace de cet argent ? Comment peut-on se permettre de garder une forte somme d’argent dans des toilettes fréquentées par tout le monde ? Comment peut-on conduire une citoyenne accusée de recèle en prison alors que sa copine supposée avoir volé se promène librement ?

Informée de cette situation alors qu’elle était en séjour de travail à Labé, une mission de l’OGDH et de la FIDH a décidé de recruter un collège d’avocats pour défendre les intérêts de Fatoumata Binta DIALLO devant la Cour d’Appel de Conakry.

Maître Halimatou CAMARA, Directrice de la Clinique Juridique de l’OGDH n’exclue pas de saisir le Conseil Supérieur de la Magistrature contre le Juge Aboubacar Thiam du Tribunal de Première Instance de Labé qui a traité le dossier en premier ressort.

Affaire à suivre !

Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551

 

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