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Loi dangereuse contre les médias : les journalistes se mobilisent pour empêcher sa promulgation

Alpha Condé, président de la République
Diallo Souleymane, Lynx-Lance
Elhadj Diallo Souleymane, Fondateur du groupe « Lynx-Lance » et de la radio Lynx FM

Plusieurs professionnels des médias se sont retrouvés, ce vendredi 1er juillet 2016, à la maison de la presse pour un exposé-débat, sur initiative de l’Association Guinéenne des Editeurs de le Presse Indépendante (AGEPI), a constaté Guinematin.com, à travers un de ses reporters. La démarche visait à faire une « lecture explicative des lois sur la presse, la cybercriminalité et le code pénal révisé lié à la liberté de la presse ».

L’exposé, animé par Abdoul Aziz Diallo, juriste et Souleymane Diallo, administrateur du groupe de presse Lynx/Lance, visait à informer les journalistes sur les incohérences constatées entre les lois portant sur la presse. Abdoul Aziz Diallo a  apporté un large éclairage sur la question : « on est entrain justement de parler de l’incohérence qu’il y a entre les lois sur la presse, la cybercriminalité et le code pénal révisé. Et, nous pensons que si déjà on doit reformer le secteur de la justice, on doit  harmoniser les lois aussi qui doivent régir la population, en l’occurrence les médias. Surtout que ces mêmes lois servent d’instrument de travail pour les juges pour leur faciliter le travail. On a estimé que s’il y a des définitions des mêmes questions, posées différemment dans des lois différentes, ça va poser énormément de problèmes d’interprétation », soutien le juriste.

Par ailleurs, Abdoul Aziz Diallo est revenu plus en détails sur les reproches faits à ces lois sur la presse : « On veut que les définitions et les lois sur la cybercriminalité, le code pénal et la Loi L/02 soient harmonisées, notamment sur les questions d’outrage. D’ailleurs que l’outrage soit complètement décriminalisé, qu’on n’inflige pas des peines d’emprisonnement parce qu’un journaliste a outré un homme public. Il y a aussi les questions de diffamation. Du moment où il y a des définitions de ces questions-là dans la Loi L/02 qui régit spécifiquement la presse, nous pensons que ce n’est pas nécessaire de proposer une autre définition. Parce que la loi sur la cybercriminalité, le législateur pouvait se contenter de faire des renvois  dans la Loi L/02, au lieu de définir les mêmes infractions avec des peines différentes dans une autre loi. On aurait juste pu faire un renvoi, comme çà, les dispositions de la Loi L/02 s’appliquent », déclare-t-il.

En outre, Abdoul Aziz Diallo estime que l’on doit spécifier les peines : « quand on parle d’atteinte à l’ordre public, d’informations classées secret-défense, d’offense ou autre. On doit au moins déterminer par exemple les informations à ne pas divulguer. Donc la loi n’est pas claire sur ces questions. Nous avons demandé à ce que le législateur (ndlr les députés) définisse clairement les choses et que les principes soient clairement posés pour ne pas que le juge soit amené à interpréter la loi à chaque fois que des questions d’outrage sont posées. Parce que les journalistes ne doivent pas aller en prison, donc que le juge soit amené à utiliser une loi qui est incohérente », préconise le juriste.

Les journalistes ont été invités à se lever comme un seul homme, pour que des clarifications soient apportées sur ces lois avant toute promulgation par le président de la République.

Pour rappel, les députés de l’Assemblée nationale ont voté, le jeudi 2 juin 2016 2016, l’adoption de la loi sur la cybercriminalité. Un projet qui constitue une sorte de restriction de la presque totalité des libertés accordées aux journalistes. « Des articles vagues, des condamnations pécuniaires impossibles à payer et de graves privations de liberté sont ainsi possibles avec des incriminations légères.. », avait notamment dénoncé Guineematin.com (voir  Cybercriminalité: les députés guinéens votent une loi très dangereuse !), tout comme Amnesty International.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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