Telliano provoque une mini crise : « en Guinée, c’est le président qui est le premier à violer les lois »

Telliano Jean MarcC’est pendant la séance questions-réponses que le député et président  du parti RDIG, également président de la commission « Fonction publique » et membre du groupe libéral-démocrate (opposition), Jean Marc Telliano a pris la parole pour dire des propos qu’on entend souvent de la bouche de nos opposants dans les médias, mais (on comprend maintenant) que beaucoup d’entre eux n’osent pas affirmer devant les députés de la mouvance présidentielle… 

S’adressant au ministre de la Justice, garde des Sceaux, maître Cheick Sako, le leader du RDIG n’a pas aimé que le ministre vienne les accuser et repartir comme si l’exécutif n’avait rien à se reprocher : « vous avez parlé de violation répétée de la loi ! Mais, en Guinée, le premier à violer cette loi, c’est le Président de la République », a dit l’opposant.

Il n’en fallait pas plus pour créer un brouhaahaa indescriptible, suivi de menace d’appel à l’ordre du chef du perchoir. Mais, l’honorable Telliano a insisté : « j’ai la parole et j’ai le droit de parler ».

Une attitude qui a énervé plus d’un dans le banc de la mouvance présidentielle d’où des voix se multipliaient pour exiger au député de retirer ses propos…

Face à cette pagaille où on voit des députés de l’opposition demander aux journalistes de ne pas filmer la scène, le chef du perchoir a annoncé : « j’applique les dispositions du Règlement intérieur ».

Mais, c’était sans compter avec la détermination de Jean Marc Telliano, imperturbable ce lundi et plus que jamais déterminer à montrer son opposition face au régime qu’il a contribué à installer en 2010. « Non ! », revient à la charge l’ancien ministre de l’Agriculture du premier gouvernement d’Alpha Condé : « il faut que je pose mes questions ; sinon, personne ne parlera », a-t-il rétorqué.

L’air très énervée, la coordinatrice nationale du RPG arc-en-ciel, Hadja Nantou Chérif s’est levé pour crier l’exigence de la mouvance présidentielle : « il faut qu’il retire ce qu’il a dit ».

Alors, Dr. Fodé Oussou Fofana habituellement connu pour sa virulence, a paradoxalement voulu temporiser en allant au parloir dire avoir retiré les propos de Jean Marc Telliano. Mais, opposant plus que jamais, ce dernier a encore crié sur le vice-président de l’UFDG qui avait aujourd’hui une attitude plutôt douteuse… « Non ! Fodé Oussou, tu n’as pas le droit ! Tu ne peux pas retirer mes propos. Tu n’en as pas le droit ! S’il faut les retirer, ce sera à moi de les retirer », a dit Jean Marc Telliano, sans doute déçu du manque de fermeté de ses « amis » de l’opposition qui, au lieu de le soutenir, ont participer plutôt à « criminaliser » des propos qu’ils ont tous l’habitude de tenir…

Finalement, isolé comme jamais, Jean Marc Telliano s’est résolu à retirer ses propos pour, dit-il, pouvoir poser ses questions au ministre de la Justice. Mais, ce sont ses collègues de l’opposition qui ont été les premiers à s’opposer. Mariama Tata Diallo viendra d’ailleurs retirer les feuilles de notes du président du RDIG, qui a semblé se présenter comme étant le seul adversaire du régime Alpha Condé, si on en juge avec cette parenthèse de « viol de la loi en Guinée ».

Accusation du président Alpha Condé de violer les lois en Guinée

A rappeler qu’il est fréquent d’entendre les mêmes opposants qui ont critiqué et ont eu peur de soutenir Jean Marc Telliano à l’Assemblée ce lundi 04 juillet 2016 dire exactement les mêmes propos. C’est notamment ce que les opposants avaient dit du président Alpha Condé- alors que Telliano était à l’époque ministre d’Agriculture- quand le chef de l’Etat a remplacé Sékou Goureissy Condé, alors le médiateur de la République (pour sept ans, selon la loi) par Facinet Touré (avec lequel il avait des engagements politiques) ;

Egalement, le fait de se rendre au siège du RPG arc-en-ciel où il préside fréquemment les assemblées générales hebdomadaires, alors que la constitution l’en interdit, etc.

Enfin, la lettre ouverte des trois députés « malinkés » de la mouvance présidentielle (Sékou Savané, le député uninominal du RPG arc-en-ciel à Siguiri, Ousmane Kaba et Mamadi Diawara) exigeait au président de la République le respect de la Loi et surtout ne pas s’attaquer à une ethnie, une communauté, une région, etc.

Bref, c’est très fréquent d’entendre les opposants guinéens dire que « le président Alpha Condé est le premier à violer la Loi dans notre pays ». Mais, on comprend aujourd’hui que ces opposants ne sont durs contre le chef de l’Etat qu’à l’absence des députés du RPG arc-en-ciel dont certains avaient même montré des muscles à Telliano, par ailleurs initiateur d’une pétition pour réclamer le départ du président Alpha Condé…

A suivre !

Abdallah Baldé, I. Sory Diallo et Fatoumata Diouldé Diallo sont à l’Assemblée nationale pour Guineematin.com

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