TPI de Dixinn : un journaliste d’Espace TV bastonné, ses habits déchirés et ses biens endommagés par la sécurité

Mohamed TouréDepuis la matinée de ce jeudi 11 août 2016, les journalistes déployés au TPI de Dixinn sont bloqués à l’entrée du tribunal où l’opposant Ousmane Gaoual Diallo a répondu à une deuxième journée d’audience très politique, a constaté Guineematin.com sur place.

Mais, dans l’après-midi, la rigueur a dépassé le stade d’empêchement : les journalistes ont été violentés et certains ont même perdu des biens. Tout a commencé avec une autorisation du procureur qui a permis à certains journalistes d’entrer dans la cour du tribunal de première instance. Mais, les autres sont restés dehors, empêchés d’accéder à la salle d’audience. Et, les agents des forces de l’ordre déployés au tribunal de première instance de Dixinn sont venus pourchasser les journalistes avec beaucoup de violences.

Mohamed Valek Touré, reporter à Espace TV, a particulièrement été maltraité. Ses habits ont été déchirés et ses biens lui ont été retirés par les agents déployés au tribunal de première instance de Dixinn.

Pourquoi empêcher les journalistes d’accéder à un procès public ?

Selon certaines supputations, la justice guinéenne s’est rendue compte que le procès du député uninominal de Gaoual se présente finalement comme un procès du régime Alpha Condé. Le prévenu ne cache pas son opposition au système actuel. Ousmane Gaoual dénonce les tares de l’appareil judiciaire et du système qui embrigade tout le monde. « Je ne pouvais pas imaginer cela sous le magistère de monsieur Alpha Condé », s’étonne-t-il. Et, les médias sont évidemment là pour tout relayer. Certains quasi instantanément…

Accusé d’offense au chef de l’Etat et de menaces contre trois hauts responsables de l’Etat et du parti au pouvoir, le député a plané hier au-dessus de ses contradicteurs, redressant quelques fois des articulations judiciaires mal agencées par certains avocats. C’est le cas du « passé judiciaire » qu’il a contesté à un des avocats. Après un court échange avec l’opposant, l’avocat s’est rectifié et admis avoir utilisé la mauvaise expression. Ce qui a davantage rassuré le député qui n’hésite pas à taper sur le régime qu’il dit être fier de contester. « Aujourd’hui, tout le monde a marre de ce régime ! Tout le monde souffre, même vous, monsieur le procureur, ayez le courage de le reconnaître », attaquait-il hier. Et, quand on lui demande qui est Alpha Condé pour lui, l’opposant le place selon le comportement du dirigeant guinéen : chef d’Etat quand il se comporte comme tel et leader politique quand il va au siège d’un parti pour prononcer des discours politiques et partisans… Il ne s’en cache pas. Si le président va au RPG et attaque l’opposition, il usera de son droit d’opposant pour répondre à ce discours politique…

Bref, ce sont les pauvres reporters qui ont finalement fait les frais de ce déséquilibre dans le débat entre un opposant et ses adversaire. Empêchés de rentrer et pourchassés, beaucoup d’entre eux sont frustrés. Alors qu’ils ne sont sur le terrain que pour faire leur difficile boulot, ces journalistes, victimes de ces violences des forces de l’ordre réclament des réactions rapides de la corporation. Mais, seront-ils entendus ?

A suivre !

Kadiatou Baldé est à l’entrée du TPI de Dixinn pour Guineematin.com

 

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