Lamine Guirassy: « le président a voulu que je sois ministre…»

Lamine Guirassy En prélude à la rentrée, demain, lundi 15 août 2016, chez nos confrères du groupe Hadafo Médias, le PDG Lamine Guirrassy a accordé une interview à Guineematin.com, au courant de la semaine. Dans cet entretien l’animateur vedette de la plus grande émission (les Grandes Gueules) de la radio Espace FM, a fait plusieurs annonces et des révélations. De la proposition du président pour un poste ministériel, à la rentrée avortée d’Espace TV sur le bouquet Canal, en passant par le refus de l’agrément pour sa nouvelle radio, le turbo dit tout, sans détours.

Décryptage !

Guineematin.com : Bonsoir monsieur Lamine Guirassy, merci de recevoir Guinematin.com chez vous. On sait que le lundi 15 août  c’est la reprise au sein de votre groupe Hadafo medias. Dites-nous comment cette rentrée se prépare ?

Lamine Guirassy : les préparatifs vont bon train. Le 15 ça va démarrer à 5h 45 minutes. Nous démarrons une saison avec beaucoup d’espoir. L’année dernière a été très difficile et pénible avec la disparation de Cherif Diallo, c’est toujours dans les couloirs du groupe HADAFO-MEDIAS. Prinsco qui nous a quitté en ours de csaison. On a aussi le décès de Michel Tolno, évidemment donc c’est tout ça qui a fait qu’on a terminé la saison vraiment en dents de scie. Et, cette année on se dit qu’il faut partir avec des bases solides. On n’a jamais fait une rentrée comme ça en plein mois d’août. Donc il le fallait quelque part, parce que c’est important. La particularité cette année, c’est que c’est une saison d’ouverture, d’où le lancement de la radio à Kankan ou nous avons déjà commencé à faire le live a partir de Conakry. Les différentes émissions, comme entre-autres la matinale, la libre antenne. On a listé quelques émissions comme le 8/10 de Salim Souaré les samedis que nous avons enlevées de l’antenne. Bon, on a enlevé aussi une émission de 20h les jeudis avec Macka. Nous voulons être au point d’une radio généraliste. Donc, il fallait démarrer avec cette thématique. Vous savez Espace a démarré avec cette thématique. On espère faire le live avec la télé. Il faut revoir le travail avec les techniciens.

Guineematin.com : nous avons appris qu’il y a une nouvelle radio, Kalack Radio, comme ça va se passer cette radio ?

Lamine Guirassy : Vous savez, nous sommes un groupe de médias. Donc on essaye de cohabiter. Vous constatez que Sweet Fm a déménagé au niveau d’Espace. En attendant qu’on finisse notre siège à Bonfi. J’ai fait le scoop l’année dernière à Guineematin.com, les travaux de ce coté se poursuivent. Donc, Kalack radio doit être une radio cent pour cent musique guinéenne. Il y aura tas d’émissions pour mettre nos musiques en valeur. Maintenant on attend d’abord. Vous n’êtes pas sans savoir que l’année dernière le président a ordonné à la HAC de ne pas délivrer des licences. Toutes les radios sont dans des difficultés. Maintenant on attend avec le temps qu’est ce que ça va donner, si vraiment on va avoir gain de cause.

Guineematin.com : Vous comprenez vraiment cette décision, dans la mesure où il y a une radio appartenant a un ministre qui vient de voir jour ?

Lamine Guirassy : Je pense que la radio a eu sa licence bien avant. Maintenant qu’est-ce qui a provoqué tout cela, c’est la question qu’il faut se poser. Je pense que le fait de ne pas permettre à ce que les licences ne soient délivrées est un recul de la démocratie. Il faut conserver les acquis. Maintenant, il n’y a rien qui peut permettre pour qu’on ne nous donne pas la licence.

Guineematin.com : Justement parlant de la HAC, qu’est ce qui vous a inspiré, les quiproquos entre ses membres en tant que responsable d’un grand média ?

Lamine Guirassy : je dirais que c’était prévisible, parce que quand il ya des copinages, il faut s’attendre toujours à ce genre de comportement. C’est un petit peu à l’image de notre pays ? Gros point d’interrogation. Je n’ai pas dit toutes les institutions, mais la HAC c’était prévisible. Bien malin qui va me répondre pour dire que telle est la solution, moi je n’ai pas la solution. Je pense que quand on parle d’organe de régulation des médias, quand on parle d’une association de journalistes, il faut aller avec les journalistes. Vu tout ce qui a prévalu avant la mise en place de l’institution, moi ça ne m’a pas surpris.

Guineematin.com : Qu’est ce qui a inspiré l’insertion  des éditions d’information en langues nationales sur Espace à partir de 19 heures ?

Lamine Guirassy : On avait fait un insère parce qu’il y avait une demande des auditeurs pour essayer les langues nationales à la radio. Mais, la conclusion,  Prince Diallo qui  est coordinateur de l’émission, nous a alerté

que ce n’était pas du tout fameux. L’année dernière il y a eu deux insères. On a mis CX Camara, qui venait de la radio Nostalgie Guinée, qui est venu avec une émission libre opinion, qui a cartonné. La position où on n’attendait pas Espace au niveau de la télévision, c’était du genre à dire, est-ce que la télévision sera à l’image de la radio espace ? La radio Espace, on peut dire que notre souci, c’était les jeunes, dont la plupart sont d’ailleurs partis  à l’école. D’où il n’y avait pas du tout de langues à l’antenne.  Donc on s’est dit pourquoi ne pas avoir des journaux en langues à la radio ? On a tenté, mais on s’est planté. Ça a duré peut être un mois. Maintenant, ça continue à  la télé, les  éditions en langues. Il n’y a que quand vous écoutez la couleur d’antenne d’Espace à Conakry, vous allez à Labé, à Boké, à Kankan c’est deux mondes différents. Je veux dire ça n’a rien à voir avec ce que nous faisons à Conakry. C’est carrément ce qui se passe à la base. C’est les  communautés à la base, les paysans. L’optique c’est ça.

Guineematin.com : Au niveau de la télévision, quelle a été la demande chez les téléspectateurs ?

Lamine Guirassy : Pour la télé, on a chaque mois de ramadan, Espace ramadan que nous mettons à la télévision ici et souvent les demandes que nous recevons, c’est avoir des émissions islamiques. Le monde des médias audiovisuel,  c’est la diversité. Espace n’est pas trop, je veux parler de la radio… Peut être que nous sommes victimes de nous-mêmes, peut être avec des écrans publicitaires longs ! Sinon, c’est carrément autre chose. Avoir un match en direct et avoir dix minutes de pause en spot, pour moi c’est un problème. C’est pourquoi nous avons dit de laisser ce terrain là à d’autre. Maintenant la demande c’est avoir cette émission à l’antenne. Une émission Islamique, on va essayer de voir avec Mohamed Ouattara, l’imam qui animait cette émission, après on verra la suite. Il y a aussi des demandes comme rallonger le temps des grandes gueules. Mais pas besoin vraiment, parce que cette émission nous avons commencé avec 15 minutes, ensuite 1 heure et aujourd’hui on à 1 heure 30 minutes. Je pense que c’est bon, on va continuer comme ça.

Guineematin.com : Est-ce que pour cette saison les ‘’têtes brûlés’’ notamment Robi, Tamba et autres seront de l’aventure ?

Lamine Guirassy : (Rires) Oui surtout, c’est le retour de Bantanko le mois de septembre. Et Robi qui sera là évidemment…

Guineematin.com : Et Tamba ? Peut être, il est déjà là non ?

Lamine Guirassy : Pas peut-être ! C’est sûr et certain. Il est déjà là. Vous avez également un autre scoop (rires), vous êtes vraiment fort Guineematin, (rires). L’autre scoop c’est que l’invité des Grandes Gueules lundi (15 août) matin, c’est le premier ministre, Mamady youla, qui va répondre aux questions des Grandes Gueules. Robi était justement là-bas pour voir un peu les contours. Jamais dans l’histoire des grand gueules on a reçu un chef du gouvernement dans les studios d’Espace. Pour nous, c’est super intéressant d’avoir des hautes personnalités de notre pays qui vont venir dans les GG. Evidemment, nous avons reçu beaucoup de personnalités ici avec les peaux de banane. Il va répondre à nos questions. C’est super intéressant, un premier ministre qui vient dans un studio de radio, pour nous c’est un honneur. Maintenant l’objectif, c’est d’avoir le président Condé. On a essaye une fois et bon !

Guineematin.com : l’espoir est permis, il a été reçu dans une radio privée au Burkina, pourquoi pas en Guinée ?

Lamine Guirassy : Oui ce n’est pas exclu. Je suis du genre à dire c’est un homme public même, si c’est du genre à dire c’est un peu compliqué.

Guineematin.com : C’est dû à quoi ?

Lamine Guirassy : Mes relations avec le président sont plus professionnelles. J’évite souvent de rentrer dans ce cocon. Genre à dire quelqu’un qu’on voit tous le temps à Sekoutouréyah, Je vous rappelle quand vous voyez que je suis parti, une à deux fois. Si vous voyez, quand il y a eu cette montée ratée d’Espace en 2013, je veux parler de la télé, une fois il a demandé de me voir, je suis allé vers 19 heures. Il a dit qu’il est fatigué et demandé si je peux venir le  voir le lendemain. Je suis parti le lendemain si tu voyais les gens me regarder à la présidence, c’est comme si  je ne dois pas être là au fait. J’ai trouvé ça trop bizarre. J’ai commencé à me poser des questions en fait. Pourquoi il a demandé à venir me voir ici ? Et puis après c’est cette nomination. Quand on a demandé à ce que je sois ministre de la communication…

Guineematin.com : Qui l’a voulu, le président ?

Lamine Guirassy Lamine Guirassy : Oui, c’est lui qui a voulu évidemment. Après, j’ai dis je peux aider là ou je suis là. A travers peut être, les émissions le matin. Je ne suis pas obligé d’être dans le gouvernement pour aider !  Je me sens bien dans le privé. Avec cinq radios, une télé de plus de deux cent et quelques personnes. Le moment viendra peut être on dira oui. Mais actuellement le moment n’est pas encore venu. Est-ce qu’il a mal digéré ça, maintenant ça va dans tous les sens. Moi après je  le vois comme un homme d’Etat. Tous ce qu’on doit avoir comme charge, comme respect pour une institution, comme la présidence de la république. Voilà qu’il est très ami avec mon père, mais cela ne veux pas dire que, parce que tu es ami avec mon père moi je dois changer ma ligne éditoriale ou je  ne sais quoi exactement. Peut être que  la chance que j’ai eu en fin de compte, c’est peut être parce que j’ai commencé ma carrière quelque part et d’avoir une éducation équidistant avec mon père qui n’est pas du genre à dire tout ce que je dis c’est forcement ça. Je crois que c’est la chance que j’ai eue. Et, c’est ça la différence.

Guineematin.com : Quand vous avez décliné l’offre, quelle a été sa réponse ?

Lamine Guirassy : il était un tout petit peu… On essaye de mettre les parents à contribution. Mon père, il me connaît. Il connait, j’ai ma conviction.  Maintenant je ne sais qui encore.  Non ! Moi je ne dis jamais non, on verra dans six mois, dans huit mois. En même temps, il ne faudra pas non plus qu’on déplace mes propos à dire que je fais tout cela, c’est pour avoir un poste au gouvernement. Ça ne m’intéresse pas. Tu peux être à des milliers de Kilomètres de Conakry et servir ton pays autrement. Oui ça ne veut pas dire forcement à travers des actions gouvernementales. Je ne comprends pas. Après tout,  je suis guinéen.

Guineematin.com : Monsieur Lamine Guirassy vous pensez que la radio Kalack ne remplacera pas Sweet fm ?

Lamine Guirassy : Non ! Kalack, parce que c’est une programmation cent pour cent guinéenne. On a constaté aujourd’hui qu’aucune radio n’occupe ce domaine en Guinée. En plus (rire) les gens qu’on appelle les vrais gens. On ne s’intéresse pas à ces gens là. Je me dis, les vendeuses de piment dans les marchés. Cette musique,  on n’exploite pas en fait cette musique populaire. Pour moi, c’est important aussi de s’occuper de ce domaine là. Je vois  un peu sur les réseaux sociaux notre virée un tout petit peu à l’intérieur du pays, pour rencontrer les vrais gens. Ça fait parler un peu partout. Dire que tu dois faire de la politique, franchement ça ne m’intéresse pas.

Guineematin.com : ça vous fait quoi les critiques ?

Lamine Guirassy : Franchement ça ne me dis rien. J’essais d’évoluer un tout petit peu comme votre patron, Nouhou Baldé (rires) qui est une des têtes brûlées, on dit c’est la vérité qui passe avant tout quoi. Après on verra bien.

Guineematin.com : Si au niveau de la radio, il y a souvent des critiques qui viennent des auditeurs, et à la télé pas d’autres ‘’leçons’’ de la part de certains téléspectateurs ? Surtout en Guinée ou beaucoup se plaignent des images d’espace TV ? Et pourtant beaucoup l’attendaient comme la radio ?

Lamine Guirassy : Beaucoup ! C’est vous qui le dites, en tout cas le dernier sondage, nous place la deuxième chaine guinéenne la plus suivie en Guinée. Partez seulement à l’intérieur du pays, le taux d’audimat, c’est extraordinaire,  les chiffres parlent. Cinquante quatre millions de foyers que nous touchons tous les jours dans  l’Afrique subsaharienne. Ce qui n’est pas mal. La montée sur canal, et une pression énormissime de la part des autorités guinéennes. Les concurrents qui se sont mis dans la danse. Comment vous pouvez comprendre qu’on passe un mois de communication et qu’est-ce que Canal plus a trouvé comme excuse ? Non ? on a un problème technique. On achète ton billet, tu viens à Paris et finalement on me dit on a un problème avec la Guinée, et puis voilà. C’était compréhensible. Nous n’allons pas changer notre ligne éditoriale. Avec la ligne éditoriale que nous avons et que nous n’avons pas un ami du président derrière Espace…

Guineematin.com : Vous parlez tantôt des concurrents, quels sont ces concurrents qui font ombrage pour ne pas que Espace  soit sur Canal plus

Lamine Guirassy : (rires) Juste, je suis quelqu’un qui a une conviction. Moi j’aime avoir des preuves sur la main et puis après agir. Et puis du fait qu’il ya des gens du côté de la présidence, qui ont essayé de faire tout pour

que du côté de Bolloré on mette la pression. Bolloré, vous savez c’est qui, c’est l’ami du président. Vous savez Canal plus, France2. Aujourd’hui, c’est l’ami du président. Je sais que cette pression, c’était pas du tout venue de la chaine ou de la maison mère. Si c’est le haut qui donne les instructions, donc ça devient très compliqué.

Bon on verra bien. Conté, il a fait son temps, il est parti il y a longtemps. Dadis ensuite, il n’y aura personne éternellement. Alpha, il est là aujourd’hui, peut être on lui fait croire qu’on ne l’aime pas ou on est avec les opposants. A un moment donné on disait je suis avec Sidya, et après j’ai entendu que je suis avec koto Cellou parce que je l’appelle Koto Cellou. Moi, je suis Diankanké, Dalein, il est un peul. Pour moi c’est un cousin et donc en plus c’est une expression que j’utilise à l’antenne. On m’a tellement dit d’arrêter, je dis je n’arrête pas, parce que moi je suis indépendant. Ensuite, ça viendra toujours à voir, pourquoi pas un jour avoir le président Condé. Je crois vraiment que le jour on dira Guineematin est rouge après jaune après vert dites-vous que vous avez vraiment atteint vos objectifs. Dans le  cadre que vous êtes bien en quelque sorte. L’impartialité, pour moi ce sont les bases quoi, après on verra.

Guineematin.com : y a-t- il espoir qu’un jour Espace soit sur Canal ?

Lamine Guirassy : Oui, il y a espoir. Voilà, j’ai des bons rapports avec canal plus aujourd’hui. Nous sommes la première radio à exister ici sur le bouquet Canal plus. Je parle de la radio espace, je parle de Sweet fm. Voilà ! Tôt ou tard ça se fera. Est-ce qu’il faut des garanties, quelle genre de garantie pour être sur Canal ? A dire mais à dire il faut fermer ta gueule ! Non ! Ça ne marchera pas quoi !

Guineematin : Vous êtes une référence pour plusieurs jeunes guinéens, quel est votre message à leur endroit ?

Lamine Guirassy : Je dirais simplement la plus grosse erreur qu’on puisse commettre c’est dire moi, j’ai projet à faire quelque part, je n’ai pas les moyens en quelque sorte. Les moyens d’abord c’est avoir l’idée, c’est beaucoup. Le reste, c’est de ne pas se dire je veux tout toute suite. Moi j’ai réussi à mettre ce groupe en place. Au début ce n’était  pas du tout gagné  à l’avance. Je pense que c’est très important d’y croire et de dire tous les jours, je vais poser un geste qui va faire que je vais atteindre mon objectif. Maintenant, quiconque pense que nous sommes à la base de leur malheur, je parle en quelque sorte de nos concurrents. J’étais la dernière fois à la radio Espace et quand vous voyez quelqu’un déchaîné a vous détruire, il faut avoir pitié de la personne. Parce qu’au fond, la personne a mal dans sa haine, dans sa chair. Tout ce qu’on peut faire, je pense que la vie est belle. Nous avons un beau pays que nous avons en commun : la Guinée. Ce ne sont pas  les israéliens,  français, bon les autres nationalités  qui viendrons développer notre pays. Avec la conscience,  j’ai confiance en cette jeunesse aujourd‘hui, dans ce sens que c’est par la jeunesse aujourd’hui que les choses changent. Le jour que cette jeunesse comprendra que ces politiques, c’est comme quand ont éteint ces cameras là, ces enregistreurs, ce qui se dit, ce n’est pas ce qui se dit après ici devant les camera.

Interview réalisée par Abdoulaye Oumou Sow et Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224) 620848501/628179917

 

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