Koï Koï Kalivogui : « il y a de la réticence au niveau de l’enseignement pré-universitaire »

Kalivogui Koï Koï, coordinateur de la formation de la 3e promotion au CPA 1Comme on le sait, dans le cadre du projet « rajeunir et féminiser l’administration guinéenne », dont le but est de former 1 200 jeunes fonctionnaires qui doivent intégrer l’administration publique pour la rendre plus moderne et efficace. Actuellement, c’est la troisième et dernière promotion, composée de 312 jeunes cadres, qui est en formation au centre de perfectionnement administratif (CPA) depuis le 20 juin dernier.

Pour s’enquérir des résultats acquis de ce projet, des visions des encadreurs et les obstacles rencontrés, Guineematin.com a rencontré, ce jeudi 25 Août 2016, Monsieur Koï  Koï Kalivogui, un des certifiés de la première promotion qui est l’actuel vice coordinateur de la formation des derniers lauréats.

Dans son intervention, ce responsable en service au CPA, n’a pas caché son souhait de voir ces jeunes briller par leur compétence, leur dynamisme à des postes de responsabilité dans l’administration publique ; mais surtout monsieur Kalivogui a mis un accent particulier sur le département de l’enseignement pré-universitaire qui semble ne pas donner beaucoup de valeur à ses cadres certifiés au CPA.

Décryptage !

Kalivogui Koï Koï, coordinateur de la formation de la 3e promotion au CPALe projet rajeunir et féminiser l’administration est d’une importance capitale pour la modernisation de l’administration guinéenne. Mais on constate que tous les ministères ne comprennent pas de la même façon le but du projet. Moi je suis de la première promotion qui est sortie en 2013, je connais les départements qui ont vite réagit. Par exemple le ministre de l’administration du territoire d’alors était le premier à prendre tous les quatorze (14) certifiés issus de son département, il les a tous placés à des postes de responsabilités. Il y en a encore d’autres, je ne maîtrise pas les statistiques mais le problème se trouve un peu au niveau de l’enseignement pré-universitaire.  Les enseignants sont souvent majoritaire à la certification et ils sont bien placés, mais est-ce qu’il y a eu un plan au niveau du département de l’enseignement pré-universitaire pour dire que oui quand les certifiés de l’éducation viennent voici comment on va les placer. Donc en réalité il y a de la réticence là-bas. Je ne sais pas si les gens n’ont pas été bien informé. Donc ce que nous de la coordination avec l’appui du directeur général et du ministre de la fonction publique, projetons faire à la fin de la formation de la troisième promotion là, c’est de rencontrer le ministre de l’enseignement pré-universitaire pour faire un plaidoyer auprès de lui afin qu’il valorise les lauréats de son département. Il est difficile de comprendre qu’un enseignant chargé de cours vienne suivre cette formation, il en sort certifié par Sciences-Po Bordeaux, il a désormais un certificat professionnel à l’administration, que cette personne au lieu de le mettre au moins dans l’administration scolaire, carrément on lui ramène en classe. Ça ce n’est pas normal. Il faudrait que les autorités essayent de comprendre et mettre ces cadres en application de ce qu’ils ont appris pour l’intérêt général du pays. Moi j’ai été superviseur à l’intérieur pour le contrôle physique permanent entre décembre 2015 et mars 2016, mais j’ai constaté qu’à l’intérieur il y a un besoin des cadres dans les IRE, DPE et même dans les grands établissements. Voyant que le niveau de l’éducation baisse, il faut impliquer ces jeunes pour mettre en jeu le management aussi. Tout n’est pas pédagogique. La pédagogie c’est le système d’enseignement mais les gens ont besoin du civisme, la déontologie qui manquent beaucoup dans les établissements. C’est vrai que ceux qui sont dans les écoles ont la pédagogie mais ils sont toujours dans leur bureaucratie classique là ; il faut un nouveau leadership rajeuni comme ça se fait ailleurs. Vraiment l’éducation est la partie la plus résistante. Mais, peut-être en voyant que les enseignants sont plus nombreux au CPA, on pense qu’après la formation tous ces gens là vont quitté définitivement l’éducation, alors qu’il était mieux de les approcher et voir à quel niveau ils peuvent être utiles. Mais si on ferme carrément la porte, les certifiés n’ont même pas en face d’eux un interlocuteur qui pourrait s’occuper de leur situation. Comme l’administration c’est l’État, je pense que le ministre de l’enseignement pré-universitaire va voir ça sous un autre angle. En matière d’administration moderne, les ressources humaines sont capitales. Il ne faut prendre ces jeunes comme des gens ambitieux qui veulent les remplacer. Donc monsieur le ministre doit mettre à profit pour voir là où il a besoin de réformes avec des hommes forts, il place ces jeunes, il les met à l’épreuve et voir le résultat. Peut-être monsieur le ministre saura qu’il aurait dû prendre cette mesure plutôt.

Cependant, nous mettons l’accent sur l’éducation parce que c’est l’effectif le plus grand, mais nous allons consulter tous les départements dans le même cadre. Je crois qu’avec le dynamisme du Directeur général du CPA Monsieur Massé Camara, qui a valorisé le CPA en lui faisant décrocher par deux fois la meilleure direction au niveau de la fonction publique : en 2014 nous avons eu un satisfecit, en 2015 aussi et s’il plait à Dieu en 2016 encore nous serons les meilleurs. Maintenant nous allons sortir, sensibiliser et informer parce que les gens pensent que « rajeunir et féminiser l’administration » est une menace; pourtant on nous a dit que lorsqu’une jeunesse est bien formée, elle est assimilable à une mine d’or. Il n’est pas dit qu’on va mettre ces jeunes à des hauts postes de responsabilité mais l’homme monte graduellement selon ses compétences et ses résultats. Si on lui nomme chef section, s’il produit des bons résultats, on peut lui mettre chef de division ; ça permettra aux doyens de faire le transfert de compétences. Mais si les gens n’acceptent pas cet état de fait là et la retraite est inévitable, donc il y aura rupture. La mission principale c’est l’intérêt général, notre souci c’est comment nous pouvons changer positivement l’image de l’administration guinéenne vis-à-vis des administrés qui voient aujourd’hui l’administration qu’elle se sert elle-même.

Je vais finir par remercier d’abord Guineematin.com qui m’a donné l’opportunité de m’exprimer et je voudrai encourager la dernière promotion, que tout le monde se mette au travail pour que vraiment on puisse récolter cent pour cent (100%) dans la certification et qu’à leur sortie, qu’ils puissent se joindre aux autres promotions qui ont déjà une coordination qui leur est ouverte, pour s’intégrer et rendre ce projet « rajeunir et féminiser l’administration » un noyau dur, une masse critique, des jeunes administrateurs avec une nouvelle mentalité, sur lesquels l’État va se fonder pour changer notre pays, parce que la Guinée ne peut changer que lorsque nous avons dans l’administration des fonctionnaires compétents et responsables.

Sans commentaire !

Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 622 671 242

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