Hadja Mama Kanny Diallo sur les acquis et les faiblesses de l’action gouvernementale : entretien

mama-kanny-dialloDans une émission de grande audience, « Guinée-Actu », Itinéraire Economique, diffusée le jeudi 29 septembre 2016, sur la télévision nationale (RTG Koloma), la ministre du Plan et de la Coopération Internationale, Hadja Mama Kanny Diallo est revenue sur plusieurs sujets d’actualité. Des raisons de son choix à ce poste stratégique aux perspectives de son département, en passant par les actions réalisées pour relever l’économie guinéenne durement affectée par le virus Ebola, tout a été passé aux peignes fins par la ministre et l’animateur de l’émission, notre confrère Aboubacar Camara. 

A la question de savoir les raisons qui ont conduit le président de la République, le professeur Alpha Condé, à nommer cette ancienne économiste de la Banque Africaine de Développement (BAD) à ce poste stratégique, madame Mama Kanny Diallo pense que « les critères de sélection de ce nouveau gouvernement sont basés sur les CV (Curriculum Vitae, ndlr). Je pense que le président de la République a voulu insuffler un souffle nouveau pour avoir une équipe complémentaire et surtout rajeunir et féminiser. Je pense que c’est mon expérience sur les projets, sur l’international qui ont motivé ma nomination à ce poste », a soutenu l’ancienne conseillère à la présidence.

Notre confrère insiste sur le fait que ce poste du ministère du Plan et de la Coopération est perçu « comme étant le charbon, parce que là il est question de mobiliser des fonds pour un pays où tout est urgence ». C’est ainsi que l’animateur demande à la ministre si son expérience au niveau de la BAD n’a pas pesé pour que Hadja Mama Kanny soit choisie pour faciliter les décaissements de fonds pour la Guinée. La réponse de la ministre du Plan ne laisse pas de doute : « en fait, le problème de décaissement rentre dans le cadre du cycle du projet. Ce n’est pas un problème spécifique. Il faut voir tout le processus dans son ensemble. Et, le fait que j’ai l’expérience de la BAD, de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International me permet effectivement d’avoir une compréhension des procédures de ces institutions-là. Une compréhension qui peut aider à faciliter non seulement la mobilisation, mais surtout l’identification, la préparation et l’évaluation des projets. La maitrise des procédures de ces institutions là est fondamentale puisqu’il faudrait que les demandes de décaissement respectent les procédures de ces institutions là », a précisé la ministre.

mama-kannyRevenant sur la façon dont les choses se passent au sein du gouvernement depuis la nomination de madame Kanny Diallo en janvier dernier, la ministre soutient que c’est difficile de faire un bilan à l’heure qu’il fait. « En fait, je pense que c’est un peu ambitieux de faire un bilan, c’est beaucoup de prétention. Mais, j’aimerais dire qu’au départ, il y a une discussion, une concertation entre monsieur le premier ministre et toute l’équipe du gouvernement. Nous avons une lettre de mission, qui est en quelque sorte un contrat entre monsieur le premier ministre les différents ministres quant à la réalisation des objectifs que le gouvernement s’est fixé. A ce jour, il y a un certain nombre de chantiers qu’on est entrain de mettre en place. Vous savez, pour avoir des résultats il fait d’abord se préparer. Pour se préparer, il faut d’abord identifier et faire l’état des lieux, savoir quels sont les problèmes, quels sont les contraintes et, en fonction des objectifs, voir dans quelle mesure on peut les réaliser dans un minimum de temps », a estimé Hadja Mama Kanny Diallo.

Concernant ce qu’elle a réussi à mettre sur la table, la ministre du Plan et de la Coopération va revenir sur la réorganisation du département effectué par elle : « j’ai d’abord essayé de réorganiser le département, puis qu’il y a eu une fusion entre deux départements et cela implique qu’il fallait s’assurer qu’il n’y ait pas de redondance à l’intérieur des différentes directions. On a aussi essayé d’élaborer un manuel de procédure pour qu’on puisse avoir un guide. Je pense que c’est fondamental qu’il y ait une harmonie à l’intérieur du département. Comme vous le savez la direction des Investissements est maintenant au Plan mais aussi et la Stratégie de réduction de la pauvreté. Il fallait donc qu’il y ait une harmonisation à l’intérieur du département », a-t-elle con fié.

Mais, notre confrère va insister sur des réalisations plus concrètes effectuées par le ministère du Plan et de la Coopération pour accélérer le développement de la Guinée. Ainsi, Hadja Mama Kanny dira que : « n’oubliez pas que ceci est un processus. Il y a des projets qui ont commencé depuis longtemps. Ce qu’on a fait, c’est de faire une espèce d’évaluation des problèmes. On a compris qu’il y a une mobilisation des partenaires, il y a des promesses d’engagement de financement des projets. Mais, il y a aussi des projets qui sont signés dont l’exécution ne correspond pas au temps qui a été alloué à leur mise en place. Il y avait des blocages qu’on a identifiés et qu’on a essayé de résoudre. Nous avons aujourd’hui une certaine accélération des décaissements des projets qui sont financés », a laissé entendre.

Qu’en est-il de la visibilité de la stratégie de développement ? « Dès au départ, le président de la République nous a donné la direction à suivre. Et ce gouvernement a mis la planification au centre de la cohésion de l’action gouvernementale. Cette vision s’est transformée en un engagement très concret. On s’est mis au travail, on a constitué des groupes et le canevas est tracé et on sait à peu près à quelle période on pourra mettre à la disposition du public de la première mouture de ce document-là », a annoncé la ministre.

Par ailleurs, la ministre va revenir sur les différentes reformes initiées par elles pour mettre la planification au centre de ses réalisations. « Je me suis rendue compte qu’à chaque fois que je demandais une in formation, le résultat variait selon la personne que j’avais en face de moi. Et, j’ai eu l’impression qu’au fond, les gens ne savent pas qu’est-ce qu’on attend d’eux. Face à cela, l’approche la plus pragmatique que j’ai trouvé, c’est de me rapprocher des partenaires pour leur demander de nous aider à élaborer un manuel de procédure. C’est ce qui est en cours et normalement il doit être disponible à la mi-octobre. Et, ce manuel est un cadre de travail qui va nous permettre de dire à chacun : voici ce qu’on attend de vous, telles sont les limites de vos responsabilités et quelle est la façon de respecter la hiérarchie et de responsabiliser les gens dans la qualité du travail et dans le résulta du travail », a espéré la ministre du Plan, out en ajoutant que cette démarche vise à simplifier toutes les complications qu’elle a trouvées en place.

Par rapport au Plan, il a été également demandé à Hadja Mama Kanny si elle a apporté une touche particulière, comparé aux autres plans que la Guinée a connus par le passé. « Le plan n’est pas élaboré, mais il est en cours d’élaboration. L’approche différente qu’on a introduite est dire qu’il faut évaluer ce qui a été fait dans le passé. Quand vous entendez qu’il y a beaucoup de documents de planification, il y a problème. Parce qu’un pays doit avoir un document unique, un cadre de concertation unique. Quand il y a une multitude de documents ça veut dire que non seulement il y a manque de coordination, mais aussi même nos partenaires sont un peu perdus. Il y avait un vide par le passé. Avec la 3ème République nous avons réinstallé la planification dans le processus de financement du développement. Le premier plan mis sur pieds en 2011, a pris fin en 2015. Mais, malgré l’élaboration du plan de relance post-Ebola, la performance économique tarde à venir. Et même dans le cadre de la mobilisation des ressources qui a été annoncée, le soutien de ce plan là n’a pas été matérialisé. Et je suis d’accord avec vous que le commun des guinéens s’interroge sur la différence entre ce nouveau plan et tout ce qu’on a entendu jusqu’à présent. Et c’est justement pour clarifier ce qui a existé et qui n’a pas fonctionné qu’on vient dans le cadre de ce plan là. N’oubliez pas que son élaboration ne se fera pas par les départements ministériels uniquement. Mais le plus important c’est que le travail d’une équipe. Le président de la République fait un effort considérable, tout comme le premier ministre et les autres ministres aussi. Ce qui est important, c‘est de savoir que le résultat obtenu, c’est un résultat d’équipe. Ce serait très prétentieux de ma part de vous dire que les 40 millions de dollars obtenus de la Banque mondiale ou les 15 millions de la BAD, c’est grâce à moi », a tenu à souligner la ministre du Plan.

Enfin, Hadja Mama Kanny Diallo est revenue sur le déficit de communication qui entrave la bonne marche des choses : « parfois il y a des informations qui sont véhiculées et qui ne reflètent pas la réalité. On s’est dit que par rapport à la compréhension par la population de ce que nous faisons, en intégrant l’aspect communication par étape, on a la communication qui se fera de façon automatique au fur et à mesure qu’on va organiser des ateliers et au fur et à mesure qu’on va arriver des résultats, on va essayer de faire des rapports d’étapes que nous allons publier pour que tout le monde soit au courant », a promis la ministre.

Propos transcrits par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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