« Moi aussi, mon frère, ma sœur, je suis d’ici… » (Par Souley Thiâ’nguel)

souley-thiaguel-2Il l’écrivait il y a deux ans ; mais, curieusement, ses mots et sa prise de position de 2014 collent curieusement à la Guinée d’aujourd’hui. Sacré Souley Thiâ’nguel ! Notre ami n’est pas que bien inspiré, on pourrait le qualifier de visionnaire… Comme pour aujourd’hui, il était hors du pays, mais pas exilé et avait bien insisté qu’il est de ce pays et ne compte pas fuir…
Ci-dessous et sans aucune retouche, Guineematin.com vous propose de relire les tranchantes de décembre 2014 !
Docteur en communication, Souley Thiâ’nguel est expert, consultant en communication, notamment pour les agences du Système des Nations Unies en Guinée. Directeur de la Communication de l’UFDG, monsieur Souleymane Bah est surtout connu comme ‘’Souley Thiâ’nguel’’, nom d’auteur avec lequel il signe ses chroniques « lynchées » au journal satirique ‘’Le Lynx’’ depuis 2003 et à la radio de ce groupe de presse (Lynx Fm), des chroniques très tranchantes !
Justement, Guineematin.com vous propose, ci-dessous, les dernières « tranchantes » de Souley Thiâ’nguel. Attention ! Elles sont les dernière de cette année (2014), parce que Thiâ’nguel est clair : il ne s’est pas exilé et tient à vous dire qu’il est de ce pays et ne compte pas fuir ! Lui ou bien quelqu’un d’autre que quelqu’un chercherait à intimider quelque part ?

Lisez :

souley-thiaguel-1Moi aussi, mon frère, ma sœur, je suis d’ici. Malgré ton regard de mépris, saches que je suis d’ici. Malgré ta volonté de me voir banni, dans cette terre mon nombril est enfoui. Malgré le fait que tu veuilles que je te fuis, à ton grand regret je te suis. Cette terre nourricière que je n’ai pas choisie est aussi mon pays. A chaque seconde de ta vie, ton seul bonheur est de me voir bouffer les pissenlits. Tu veux te réveiller par ton matin béni, qu’on t’apprenne que je suis parti. Que je suis fatigué de tes injustices et de tes actes de barbarie. Que j’ai plié mes bagages salis, un salut, simple salut t’aura suffit. Que j’ai décidé de tourner le dos à tes flatteries qui marquent mon histoire de tes agissements impis. Que j’ai dû abdiquer devant tes actes restés trop longtemps impunis. Que j’ai décidé d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte et les fleurs moins meurtries. Que j’ai renoncé à ce que nous avons en partage legs de nos ancêtres bénits. Mais, je ne te donnerais pas cette satisfaction mon ami. Parce que malgré mon silence de soumis moi aussi je suis d’ici. Cette terre fut aussi arrosé jadis du sang de mes ancêtres chéris et sur nos communs terrains de bataille ils ont gî. Hier encore c’était ici que mes frères versaient le même sacrificatoire qui nous lie. Si tu ne veux pas me reconnaître ma place à notre table bien garnie, alors mon frère tant pis! Parce qu’incontestablement je prendrais ma part fleurie, puisque moi aussi je suis d’ici. Je sais que tu ne m’offriras ma place juste puisque t’es gentil. Il me revient de l’arracher par la hargne de mes ongles et de mes dents de douleurs pétris. Patiemment, péniblement, humblement avec une détermination inouïe, je creuserais de toutes mes forces que tous les jours je densifie. J’en ai assez de tes paroles qui me renient. De ta sournoiserie qui me dénie. De tes saloperies qui me fusillent. De tes conneries qui me terrifient. De tes théories qui me bannissent hors des murs de notre maison commune que moi aussi de mon sang je sanctifie. Je te gueule ici et maintenant que la coupe est pleine, bien pleine mon ami.

Ce que j’ai obtenu ici est à la sueur de mon front qui sous l’ardent soleil luit. Personne ne m’a rien donné juste parce qu’on aime ma tronche polie. Où étais-tu quand j’arpentais nos rues poussiéreuses pour cirer les godasses mille fois salies? Où étais-tu lorsque je vendais mes sacs plastiques sur les trottoirs échaudés de notre capitale qui cuit? Où étais-tu cher frère frappé de jalousie quand je me privais de tout parce que dans le futur j’investis? Je te demande où t’étais quand je tétais la galère qui me fixait de son regard impoli. Je veux savoir à quoi tu jouais, pardi, quand je m’appliquais à l’école mon petit. Et aujourd’hui, je veux grimper une marche de plus dans mes envies, t’y vois un délit pour me cantonner à ce qui me réussit? Sous prétexte que j’ai ce que ma sueur a produit, sous le soleil de midi comme dans les ténèbres de la nuit, tu voudrais que je renonce à ce que de plus me grandit? Tu serais bien heureux que je rentre la queue et que je file tel un petit bâtard maudit. Mais non ! mon frère, souffres que je relève ce défi. Pas parce que je te veux un mal infini, mais parce que moi aussi je suis d’ici. Moi aussi pour ce droit je prends le pari. Il y a trop longtemps que tu murmures ta fallacieuse théorie qui me nie. Il y a bien trop longtemps que de moi tu fais fi. Bien bien longtemps que tu ne veux pas que je brille. Alors, permets que je pisse à la raie de ta négation de ma citoyenneté qui exprime ta folie, éclaire ta jalousie, démultiplie tes inepties, conforte et fortifie mes envies. Je n’ai pas de soldats à t’opposer frangin honteusement aigri. Je n’ai pas d’armée pour t’imposer cette volonté que je nourris. Mais je ne lâcherais pas pour autant mes droits de fils insoumis de cette terre branlante qui en appelle à mes appuis. Ceci, je veux que tu te le tiennes pour dit !

Hier, j’ai accepté qu’à l’écart tu m’aies mis. T’as profité de ma frilosité pour me jeter dans un puits. Mais demain est un autre jour qui me sourit. Je n’ai pas de revanche à prendre sur toi frère qui veux me mettre en charpie. Juste te faire comprendre que le progrès est plus aisé lorsque nous sommes unis. Que chacun se sente chez soi pour apporter de sa lumière dans notre lugubre et terrifiant ennui. Que nos cœurs résonnent de plus d’harmonie et qu’ils s’éloignent de ces diviseurs bruits qui nous terrifient, nous horrifient, nous mortifient. Je te parle ainsi, parce qu’à mon corps défendant moi aussi je suis d’ici. Je suis d’ici j’espère que tu l’auras bien compris. Autant le comprendre et arrêter tes basses philosophies. Parce que suis pas prêt de décamper et te laisser te débrouiller tout seul face à cette horde de vampires et de zombies. Espérant que t’as compris que je ne me suffirais plus du strapontin que tu m’as choisi, que suis déterminé à refuser cette discrimination que je subis, que suis résolu à ne pas courber l’échine de façon indéfinie, que désormais je refuse que tu me confines dans ton foutu réduit, que face à tes beuveries je ne resterais pas éternellement démuni, que nous devons partager ce qui est à partager si tu veux pas que nous soyons partagé et désunis, que cette ultime revendication est un projet qui me séduit, pour l’instant, je ferme ma gueule et je dégage !

Soulay Thi’ânguel

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