« Notre rôle principal est de prioriser nos relations séculaires », dit Abdoul Diallo, de la diaspora guinéenne aux USA

abdoul-diallo-usaDans l’après-midi de ce mardi 22 novembre 2016, Guinematin.com a reçu la visite de Monsieur Abdoul Diallo, président de la communauté guinéenne de New York, New Jersey et Connecticut, aux Etats-Unis d’Amérique. Il a été question, entre-autres, du fonctionnement de la structure qu’il dirige, des actions réalisées sur le terrain aux USA, de son regard de la gestion actuelle de notre pays, mais aussi de l’immigration clandestine vers les USA.

Décryptage

Guineematin.com : bonjour monsieur Diallo et bienvenue. Expliquez-nous ce que c’est que cette structure et comment se portent les relations entre les guinéens ?

Abdoul Diallo : bonjour et merci beaucoup. Notre association est une organisation apolitique qui regroupe tous les guinéens résidents dans les trois états que sont New York, New Jersey et Connecticut. Nous sommes une organisation qui s’occupe de toute activité sociale, de développement économique. Notre boulot est de créer les conditions qu’il faut pour ramener tous les guinéens sous le même drapeau. Cette organisation vise à aider la communauté à consolider les liens.

Guineematin.com : est-ce que c’est facile avec les divisions politiques et quelques fois ethniques ? Est-ce que vous avez des difficultés de ce genre ?

Abdoul Diallo : absolument, ce n’est pas facile mais c’est possible. Quand il y a une toux à Conakry, on le ressent à New York, parce qu’en fait c’est la même communauté. Néanmoins, avec toutes ces divisions politiques qui existaient, tout de même à New York, New Jersey et Connecticut, nous avions réussi à créer une autre dynamique, à convaincre la plupart des membres qu’il faudrait que nous donnions priorité à nos relations séculaires, à ce qui nous lie. Que la politique ne nous divise pas. Nous sommes l’organe qui dirige l’ensemble des communautés, l’organe qui est au dessus de toutes les organisations régionales et sous-régionales. Notre rôle principal est de prioriser nos relations séculaires. Vous savez, aux Etats-Unis on te dira que tu es Peulh, Malinké, Soussou ou Forestier. Si nous sommes dans un pays aussi extraordinaire, qui nous permet de nous identifier comme étant des guinéens, pourquoi va-t-on continuer à faire de telles choses. Donc, les guinéens se rencontrent souvent, par exemple à chaque deux (2) octobre. Je ne dis pas que tout est parfait, mais nous sommes en mesure aujourd’hui d’être dans la même salle, sur une même plate-forme et discuter de nos problèmes et essayer de les résoudre.

Guineemain.com : les problèmes que vous rencontrez sont liés aux guinéens des Etats Unis ou c’est le comportement des leaders politiques d’ici qui se répercutent là-bas ?

Abdoul Diallo : je le disais tout à l’heure, quand Conakry tousse on le sent à New York. Malheureusement, les conditions actuelles  de nos communautés font que tout ce qui se passe en Guinée, nous le ressentons là-bas. Nous voulons mettre chaque chose dans son contexte. On peut ne pas être d’un même parti politique, ne pas partager la même vision, mais on est guinéen. Chacun a des problèmes d’ordre social, politique, économique, légal…

Guineematin.com : quel est le genre de problèmes que vous rencontrez ? Comment les guinéens vivent là-bas ?

Abdoul Diallo : la vie n’est pas facile là-bas, dans la diaspora tout le monde vous le dira. Nous rencontrons beaucoup de problèmes, même si tout le monde veut y aller.  Mais tout n’est pas rose, il y a des problèmes familiaux, sociaux, des problèmes d’ordre légal concernant la communauté guinéenne. Nous avons des problèmes de criminalité que la communauté gère. Donc, on a les mêmes soucis, les mêmes problèmes.

Guineematin.com : parlant des compatriotes vivant là-bas illégalement, est-ce que vous parvenez à les aider ? Comment  vous faites pour les aider en tant que compatriotes ? 

Abdoul Diallo : on essaye de les aider autant que possible. Nous offrons toute sorte d’assistance légale, économique. En collaboration avec les organisations des régions, des préfectures et autres, nous jouons le rôle de facilitateur, nous essayons de jouer le rôle d’intermédiaire entre eux et les autorités américaines. On peut faciliter le contact entre un compatriote et certains organismes pour l’assister dans certaines démarches. Nous avons des cartes de membres que nous délivrons aux gens et nous noyons même les autorités nous contacter quand des compatriotes sont arrêtés sans documents. On les aide dans ce sens. Donc, voici beaucoup de choses que nous faisons  pour la communauté. Sur le plan légal, si tu as un problème et qu’on n’a pas les moyens financiers, nous pouvons nous organiser. Parce qu’aux Etats-Unis, c’est le nombre qui compte. Il faut que tu aies ta communauté derrière toi. Par exemple, des guinéens ont été accusés de meurtre à tort, ou d’autres ont été tués à tort. Nous, de la Communauté que je préside,  nous nous sommes souvent mobilisés pour aller réclamer les droits des compatriotes en difficultés. Il y a l’exemple d’un guinéen qui s’est battu avec un monsieur qui voulait violer sa femme. Le monsieur est décédé après. Toute la communauté guinéenne est sortie pour demander qu’on nous rende justice. Cela a mobilisé toute la communauté. Donc, les guinéens qui sont là-bas doivent savoir combien il est important de se donner les mains pour trouver solution à tous nos problèmes.

Guineematin.com : qu’est-ce que l’ambassade fait pour vous ?

Abdoul Diallo : l’ambassade se bat très bien. Grâce aux efforts de l’ambassadeur et le travail du consul général, qui a mis un bureau sur place. Mais, c’est grâce à eux que nous mis notre équipe sur pieds. On a travaillé ensemble pour faciliter les choses. Pour le moment, nous continuons à avoir de l’espoir et surtout leur assistance.

Guinematin.com : Vous avez parlé de contact que vous avez avec les autorités ou avec l’immigration. Est-ce que vous contribuez à faire rapatrier un guinéen ?

Abdoul Diallo : on a toujours été contre le rapatriement d’un compatriote. Disons que nous ne participons pas à ça. Nous choisissons par contre qui défendre et quoi défendre, c’est une question de principe. Si les droits d’un guinéen sont violés, nous faisons face. Il y a des cas de meurtre, des criminels, puisqu’il faut le dire ; il y a des cas de viol et de drogue. Récemment, on a un entretien avec l’ambassadeur à Washington, Mamady Condé. Il refuse que des guinéens soient rapatriés en ne livrant pas de laissez-passer. Malgré tout, nous restons de fervents défenseurs des guinéens vivants aux Etats-Unis. Mais quelques fois, les autorités américaines, pour rapatrier des compatriotes, laissent l’ambassade et viennent directement à Ney York. Je ne sais pas comment ils font. Nous essayons tout de même de défendre tous les guinéens.

A suivre !

La rédaction

 

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