Editorial : les scénarios de la guéguerre entre Cellou Dalein et Bah Oury

Bah Oury et Cellou DaleinIl y a un an jour pour jour, Guineematin.com rédigeait un édito pour attirer l’attention des deux premiers responsables de l’UFDG sur les risques qu’ils prenaient à ne pas s’écouter et s’accepter. Malheureusement, Cellou Dalein Diallo et Bah Oury ont préféré écouter les plus radicaux qui font croire à chacun que son étoile aurait brillé plus s’il se sépare de l’autre ; et, la défiance continue ! Entre-temps, notre confrère Elhadj Mamadou Koula Diallo a été tué au siège de l’UFDG et jusqu’à présent, la lutte politico-judiciaire se poursuit. Jusqu’à quand et pour quelle finalité ?

Ce 25 novembre 2016, Guineematin.com vous propose de (re) lire cet édito du 25 novembre 2015, avant le retour d’exil de Bah Oury :

Bah Oury et Cellou DaleinDepuis quelques semaines, on sent de l’énervement au sommet du principal parti de l’opposition guinéenne. Des avertissements, suspensions et exclusions sont prononcés par le conseil politique, l’instance suprême de l’UFDG, au moment où Cellou Dalein et ses proches consomment l’ultime défaite électorale. Mais, tout porte à croire que le calme n’est pas de retour ! Au contraire, on a l’impression de ne voir encore que les préalables d’un combat frontal entre le président du parti et son premier vice-président.

En tous les cas, Cellou Dalein Diallo et son camp n’ont jamais fait mystère de leur volonté de frapper à la moindre occasion. «Aux perturbateurs, vous vous levez à 8 heures, on vous exclue à 8 heures 15’…. », avait prévenu Fodé Oussou Fofana, présidant l’assemblée générale du samedi 07 novembre 2015 et faisant apparemment allusion à l’exclusion de Mamadou Barry, le 04 novembre…

Sauf que maintenant, c’est plus haut placé que Fodé Oussou qui risque d’être pris comme « perturbateurs». Selon les statuts, à l’arrivée de Bah Oury, Fodé Oussou s’efface et c’est le premier vice-président qui remplace automatiquement le président, en cas d’absence. Ce qui veut dire que Fodé Oussou ne devrait pas connaître des « fautes » de Bah Oury, sauf dans le débat du conseil politique…

Or, la dernière réaction de Bah Oury (dans l’après-midi de ce mercredi 25 novembre 2015) laisse penser que ce dernier aussi n’est plus prêt à se soumettre au diktat de ceux qu’il prend comme des « arrivistes » à la tête de « son » parti.

Mais Cellou Dalein peut-il exclure Bah Oury ?

Evidemment avec ou sans Bah Oury, le président de l’UFDG est bel et bien Cellou Dalein Diallo. Au besoin, si Cellou préside le conseil politique pour se prononcer sur le cas Bah Oury, sa volonté deviendra automatiquement « décision du conseil ». Majoritaire plus que le mot, Cellou Dalein Diallo est aujourd’hui capable de faire voter ce qu’il veut comme il veut pour ou contre qui il veut. L’écrasante majorité étant composée de ces lieutenants, prêts à tout pour le patron ! Donc, à bulletins secrets comme à mains levées, devant Bah Oury comme à son absence, Elhadj Cellou Dalein Diallo est capable de faire un « coup KO » contre son vice-président ! Même si cela pourrait, évidemment, entraîner des grincements de dents, des cris, des dénonciations et autres démissions à l’image du départ de Bâ Mamadou, en 2002, de l’UPR qu’il considérait à l’époque comme pris en otage par Siradiou et Bah Ousmane…

Bah Oury pourra-t-il « récupérer » l’UFDG ?

Il n’est pas besoin de trop se concentrer pour savoir que l’UFDG, comme la plus part de nos partis politiques, n’aime pas les critiques. Même un non militant qui fait des observations « gênantes » sur le patron est cloué au pilori. Et, le cas de Mamadou Barry en est une parfaite illustration. Son principal crime ayant été de pointer du doigt l’entourage du boss à l’occasion de l’assemblée générale où, normalement, on doit TOUT dire entre responsables et militants. Mais, on connaît la suite.

Finalement, sur le plan du droit, les décisions du conseil politique pourraient bien être attaquables et Bah Oury et compagnie pourraient dans ce cas utiliser les textes du parti pour faire invalider les décisions du conseil, étant entendu que le parti est régi par les lois du pays. Or, chaque fois qu’une décision du conseil politique est contestée par Bah Oury, il a toujours fait référence aux textes du parti pour la qualifier et la dénoncer.

Par ailleurs, comme on se connait en Guinée, si Bah Oury est gracié et rentre au pays « grâce » au chef de l’Etat, il peut bien espérer une lecture favorable de nos juges dont certains tiennent aussi compte de la direction du vent avant de prendre leurs décisions…

Bref, si Cellou sanctionne et que Bah Oury parvienne à faire lever les sanctions et exclusions par la justice, ce sera déjà une « grande victoire » du vice-président. Et, Bah Oury qui ne cache plus ses ambitions de vouloir jouer les premiers rôles, s’il sait compter sur la justice pour « gagner » sur Cellou Dalein, il ne se fera pas trop prier pour accélérer vers la reconquête de ce qu’il considère comme étant son parti… Même si, là aussi, ils sont très nombreux à jurer, depuis des années, que si Cellou Dalein décidait de quitter l’UFDG pour créer un autre parti, ils le suivraient et montreraient à Bah Oury que ce sont eux qui ont fait de ce parti ce qu’il est aujourd’hui ; et, eux, c’est Cellou Dalein, sans compter que la justice peut bien, au moment où on l’attend le moins prendre de décisions spectaculaire !

Moralité

Le combat entre les deux premiers responsables de l’UFDG n’arrangera personne d’entre eux ! Au contraire, ils risquent de se fragiliser mutuellement et de devenir la risée de leurs adversaires politiques. Au passage, la démocratie guinéenne prendrait un gros coup quand le principal parti d’opposition s’effrite et fait face à des querelles internes…

Donc, Elhadj Cellou Dalein Diallo et Bah Oury devraient y penser, être conscients que leurs frustrations personnelles pourraient sacrifier plusieurs années de combat de milliers d’autres compatriotes qui se sont engagés à leurs côtés. Ils devraient ainsi se parler et se battre ensemble, à la tête de l’UFDG, pour consolider la démocratie guinéenne et espérer gagner les prochaines consultations électorales, à commencer par les élections communales pour faire profiter à leurs militants des différentes communes, martyrisés par plusieurs années de difficile combat, les délices du pouvoir, d’abord local et rêver de la magistrature suprême dans cinq ans.

Conseil d’ami…

Nouhou Baldé

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