Gambie : la liberté d’expression ne doit pas s’arrêter avec la proclamation des résultats de la présidentielle

gambieDéclaration : Les autorités gambiennes doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour que les élections à venir – y compris la période suivant les résultats – se déroulent sans violence et dans le respect total du droit de chacun d’exprimer librement ses opinions, a déclaré Amnesty International mercredi 30 novembre 2016.

« Les milliers de Gambiens qui ont participé aux meetings des différents candidats ces deux dernières semaines sont la preuve vivante de l’importance du droit à la liberté d’expression dans un pays où elle est si rare », a déclaré Steve Cockburn, directeur régional adjoint pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Toutefois, il est essentiel que cette lueur de liberté ne s’arrête pas avec la proclamation des résultats, et il n’y a pas lieu de verser dans un optimisme béat. Des dizaines de personnes sont toujours derrière les barreaux en Gambie pour avoir simplement exprimé leurs opinions, et des journalistes, des défenseurs des droits humains et des organisations de la société civile continuent de risquer des représailles pour avoir osé faire entendre leur voix. Les Gambiens revendiquent leurs droits, et le vainqueur des élections, quel qu’il soit, devra faire en sorte que ceux-ci soient respectés. »

L’élection présidentielle en Gambie se tiendra le jeudi 1er décembre 2016. La priorité absolue d’Amnesty International est de surveiller et de promouvoir le respect des droits humains, en particulier des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, avant, pendant et après cette élection.

L’organisation ne se prononce pas sur le caractère libre ou équitable des élections. Toutefois, compte tenu des violations généralisées des droits humains en Gambie, ainsi que du non-respect par les autorités des obligations du pays aux termes des traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains auxquels il est partie, elle peut être amenée à commenter le contexte électoral sous l’angle des droits humains.

Complément d’information

Trois candidats se présentent à l’élection présidentielle : le président sortant Yahya Jammeh (candidat de l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotiques – APRC), Adama Barrow (pour la Coalition 2016, une coalition de partis d’opposition) et Mama Kandeh (du Congrès démocratique de Gambie – GDC). Le vainqueur sera celui qui recueillera le plus de voix le 1er décembre. Il n’y a pas de second tour. Les résultats devraient être proclamés le 2 décembre.

Comme lors des précédentes élections en 2011, la campagne électorale officielle de 2016, d’une durée de deux semaines, a pour l’instant permis aux partis de l’opposition et à leurs sympathisants de s’exprimer et de se rassembler beaucoup plus librement que le reste de l’année. La plupart des grands meetings ont été autorisés et n’ont dans l’ensemble fait l’objet d’aucune répression. Des milliers de personnes y ont participé.

Un certain nombre de violations des droits humains ont néanmoins été commises avant et pendant la campagne électorale, qui a officiellement débuté le 16 novembre. Des journalistes ont notamment été arrêtés.

Dans les semaines suivant l’élection se tiendront par ailleurs plusieurs procès en lien avec des manifestations pacifiques de l’opposition qui avaient été réprimées en avril et en mai. Le procès de 14 personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement en mai doit ainsi reprendre la semaine du 5 décembre. Les tribunaux doivent aussi commencer à examiner, la semaine suivante, le recours déposé par des manifestants de l’opposition condamnés à trois ans d’emprisonnement pour avoir participé à des manifestations pacifiques en avril.

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