Dans les allées du parlement : comment les députés préparent leurs interventions ?

Depuis le 25 novembre 2016, les ministres défilent en séance plénière devant les élus du peuple pour présenter leurs politiques sectorielles. A cette occasion, les honorables députés exercent leur pouvoir de contrôle de l’action gouvernementale en posant non seulement des questions aux ministres mais également en faisant des remarques et des suggestions pour améliorer la gouvernance. Et, Guineematin.com s’efforce à vous relater le maximum possible de ce qui se passe devant nos reporters. 

Comme on le sait déjà, pour assurer un débat serein et efficace, un chrono permet au Chef du parlement, l’Honorable Claude Kory Kondiano, de limiter les interventions de 3 à 5 minutes selon le nombre de points inscrits à l’ordre du jour.

De leur côté les députés, véritables porte-paroles des populations à la base, préparent leurs interventions. D’aucuns les écrivent et d’autres se limitent à de courtes interventions orales afin d’éviter de dépasser les limites du temps qui leur est accordé.

De façon générale, contrairement à la manière des journalistes dans une conférence de presse ou des étudiants dans un amphithéâtre, les députés ont leur façon d’exprimer les inquiétudes de leurs mandants, de faire des critiques ou encore de proposer des solutions à certains problèmes de la nation par un « honorable » plaidoyer. Bref, tout un art à apprendre et maîtriser pour exprimer ses idées, voir imposer ses vues dans le plus grand respect de la fonction et de l’institution.

Ci-dessous, Guineematin.com, vous propose de revenir dans les détails sur le questionnaire de l’Honorable Abdourahmane Sinkoun Camara, député uninominal de Kissidougou, lors du passage des ministres des travaux publics, des transports, agriculture et pêche.

TRAVAUX PUBLICS

1. Je constate avec amertume une réduction drastique de votre budget de l’année dernière. Vous aviez un budget de 1.350 milliards 245 millions 234 mille. Pour la nouvelle année, vous devriez avoir un budget maigre de 730 milliards, soit une réduction de 619 milliards 875 millions 927 mille.
2. Vous comptez sur le financement extérieur qui était de 392 milliards 864 millions 327 mille, une baisse de 43 milliards 786 millions 627 mille. Vous ne pouvez comptez que sur 349 milliards 67 millions 800 mille, ce qui est à mon point de vue, anormalement bas. Face à ce défi à relever Madame, je vous encourage à promouvoir à valoriser le partenariat public privé (PPP). Trouvez des formes de garantie en nature afin de nous sortir de cet immobilisme.
3. La route de café-Kissidougou-Macenta dont j’avais, jadis, parlé à votre prédécesseur est oubliée et pourtant cette route nous fait une économie de 50 km et désenclave une région agricole par excellence.
4. Enfin, Madame, l’entretien routier, autrefois bien organisé avec une décentralisation des services d’entretien est un impératif vital indispensable à sa revitalisation. Cette décentralisation devra être régionale et préfectorale et naturellement les ressources et les moyens techniques, les équipes doivent être décentralisés.
5. A Madame la ministre des transports, j’ai des idées novatrices mais je ne suis à l’aise de l’évoquer car le manque de ressources et l’état actuel de nos routes me freinent dans cette ambition nous reparlerons prochainement de ces projets de transports maritimes et ferroviaires.

TRANSPORT

• Je vous encourage, mais je suis pessimiste pour votre projet de chemins de fer Conakry-Kankan.  Sinohyoho puisqu’il s’agit de cette société n’est pas qualifiée pour la construction de chemins de fer. Sinohyoho est une entreprise spécialisée dans la construction de barrage hydroélectrique. Je sais de quoi je parle, car j’ai visité Sinohyoho en Chine.
• Je vous invite à ouvrir l’information, faire un appel de service international, cette approche pourra aider à obtenir de meilleures solutions.
• Concernant Guinée Airline, c’est bien de promouvoir ce projet avec un Guinéen mais encore une fois, soyons plus ouverts, une divulgation de votre projet à l’international de ce besoin sur des médias crédibles pourrait permettre une concurrence de haut niveau bénéfique pour vous et pour le pays.

VILLE ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

• Vous êtes courageux et déterminé car vous osez braver des citoyens scrupuleux qui occupent des terrains et des espaces de l’Etat. Nous avons toujours rêvé à de grands programmes immobiliers dans notre pays depuis l’indépendance. Ce vieux projet est le rêve de nos fonctionnaires. Je vous invite à réexaminer les causes réelles de ce problème et informer cette auguste Assemblée pour qu’ensemble nous puissions travers une solution pour dynamiser le secteur névralgique qui constitue la préoccupation de tous les Guinéens.
• Je tiens enfin à dire que le progrès n’est pas un phénomène magique, il repose sur les réalités du passé qui malheureusement n’est pas reluisant.
• Je vous souhaite beaucoup de courage. Je rappelle que la pauvreté n’est pas une fatalité, la Guinée à l’indépendance était plus avancée que la Corée du Sud, quelle est la cause du mal ?
• Le relèvement de ce défis nous interpelle, vous les cadres et nous les députés.

Les Honorables députés et le Président de l’Assemblée nationale se sont mis sur cette voie difficile. Je recommande vivement à cet effet, au Président de l’Assemblée que les ressources engrangées dans notre lutte de relèvement de nos recettes soient orientées au ministère des travaux publics en partie.

AGRICULTURE

• La méthode d’irrigation unique et des récoltes exceptionnelles
• Université de Faranah
• Le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a déclaré aux députés de nouvelles variétés de riz à meilleur rendement avait été expérimenté. Vos services techniques ont-ils collaboré avec cette université ?
• USINE DE RIZ DE GUECKEDOU ou le Projet agricole de Gueckedou
• Jadis le traitement et la classification des semences étaient effectués. Quels sont vos projets pour cette usine aujourd’hui inopérante?
• Usine de Thé de Macenta : y at-il un programme de relance ?
• Foire agricole : Emulation entre les agriculteurs locaux.
• AJPR : enfin oser créer des associations de jeunes producteurs indépendants de riz soutenues par l’Etat pour résorber le chômage des jeunes et accroître la production de riz

PECHE

• S’il y a du financement extérieur, quel est le total des décaissements ?
• J’ai l’impression que les mareyeuses travaillent pour la capitale
• Comment la distribution de poisson s’effectue en Guinée forestière ?
• Que devient l’avion qui a été immobilisé à l’aéroport et qui servait de contrôle et de surveillance de nos côtes ?

Même si toutes ces questions ne sont suivies de réponses orales, au moins le public, à travers les médias, va être informé jusqu’où la situation des populations préoccupe les élus.

Comme on le constate, le travail du député ne consiste pas simplement à venir occuper les fauteuils moelleux ou de monter à bord de 4X4 climatisés pour haranguer les foules dans les meetings politiques. Le travail est plus profond et parfois compliqué qu’on ne le croit.

De l’Assemblée nationale, Abdallah Baldé pour Guineematin.com