A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, Guineematin.com a joint au téléphone le premier responsable régional du comité national de lutte contre le Sida (CNLS) à Boké, le Docteur Issiaga Sylla. Au cours de cet entretien, le Docteur Sylla a répondu à plusieurs de nos questions, notamment les statistiques actuelles des personnes affectées par le VIH, les couches et les zones les plus touchées, le taux de prévalence, le mode d’opérations de le CNLS et les difficultés rencontrées sur le terrain.
Joint au téléphone par notre correspondant à Boké dans l’après-midi du vendredi 02 décembre 2016, lendemain de la journée internationale de lutte contre le Sida, Docteur Issiaga Sylla (en convalescence du côté de Conakry), a dit tout sur la situation du VIH/SIDA dans la région administrative de Boké.
Statistiques des personnes infectées
S’agissant du nombre de personnes infectées par le VIH/SIDA dans la région de Boké, Dr Sylla dira qu’elles sont environ 2 500 mais c’est seulement les 1 000 qui prennent régulièrement l’ARV : « si je prends l’hôpital régional de Boké, les malades qui viennent régulièrement les médicaments antirétroviraux (ARV) sont autour de mille (1.000). Maintenant si on prend tous les malades enregistrés là-bas qu’ils prennent les médicaments ou non, c’est autour de 2 500. Ça c’est uniquement les statistiques de l’hôpital régional de Boké. Les centres de santé ne font pas partie dans ces chiffres », a déclaré le docteur Issiaga Sylla.
Parmi les cinq (5) préfectures qui composent Boké, on nous apprend que ce sont seulement Boké, Fria et Koundara qui ont des centres de prises en charge ; et c’est dans ces zones que le CNLS intervient. Le taux de prévalence régional est de 1,6 %.
Les couches et les zones les plus touchées
Abordant la question de savoir quelles sont les couches et les zones les plus affectées, le coordinateur régional de la CNLS de Boké a cité au premier rang les professionnels du sexe dont le taux de prévalence est de 16 %. Ensuite vient les hommes en uniforme, les pêcheurs, les routiers, les miniers, les prisonniers. Dans l’ensemble, toutes ces catégories sont actuellement à Boké.
Parlant des zones les plus dangereuses où la transmission du VIH est plus élevée, Docteur Issiaga Sylla a indexé la pratique de la prostitution à Kamsar, à Boké ville, Sangaredi et Katougouma : « depuis mon arrivée à Boké, nous avons réussi à faire le dépistage en masse deux fois au port « Néné » de Kamsar, mais à Boké on n’a pas eu la chance de le faire d’abord. Non seulement pour les pêcheurs, mais aussi pour les femmes qui vont là-bas acheter le poisson et tous ceux qui y travaillent. Le taux de prévalence des pêcheurs à Kamsar est actuellement de 12 %. C’est pourquoi aujourd’hui on a construit un centre de santé là-bas. Ce sont des personnes à haut risque. Il y a aussi la prostitution qui est beaucoup pratiquée à Kamsar ; l’année dernière nous avons recensé plus de trente (30) maisons de prostitution à Kamsar. Donc ce sont des gens à suivre. A Boké ville, la prostitution se fait mais de façon masquée, il y a cinq (5) sites de rencontres lesquels nous-nous réservons de dévoiler pour des raisons d’éthique. A Sangaredi, il y a une dizaine de points de contacts. A Katougouma, les mouvements se font du vendredi au samedi », a-t-il expliqué.
Rôle de la coordination dans la lutte contre le sida
Par ailleurs, le coordinateur régional de lutte contre le SIDA à Boké, a énuméré quelques actes que fait sa structure pour réduire le taux d’infection du VIH à Boké : « concrètement, pour réduire le taux d’infection du VIH/SIDA à Boké, nous cherchons d’abord à promouvoir le dépistage volontaire. Par l’appui du fond mondial, nous avons lancé le programme de rénovation de quelques centres de santé : les centres de santé de Kassapo (Kamsar), de Kolaboui et de Kanfarandé sont les premiers bénéficiaires. Toujours dans le cadre du renforcement au niveau des hôpitaux, la CNLS a payé des unités de radiologie pour l’hôpital régional qui était en manque de ce matériel depuis plus d’un an. Nous avons envoyé des matériels pour le laboratoire et la pharmacie de l’hôpital régional et puis des médicaments en suffisance pour la prise en charge des personnes détectées séropositives. Nous travaillons également avec les ONG spécialisées dans ce domaine pour la sensibilisation en vue de lutter contre la stigmatisation », a-t-il confié.
Difficultés rencontrées
La principale difficulté que la CNLS rencontre dans l’exercice de sa mission à Boké c’est le manque d’implication des responsables communautaires dans la sensibilisation pour le dépistage volontaire, a dit le docteur Issiaga Sylla. « Notre grand défi à relever, c’est de rendre la lutte contre le SIDA communautaire », a-t-il rêvé.
Message du coordinateur
En fin de conversation téléphonique avec Guineematin.com, Docteur Issiaga Sylla le coordinateur régional du CNLS à Boké a formulé un message à l’endroit des populations de Kakandé : « le VIH/SIDA ne doit plus être un tabou, un problème de vie ou de mort. Les stigmatisations poussent certains malades à ne pas sortir, à ne pas sauver leur vie en venant prendre les médicaments. Les gens doivent comprendre que quand un enfant est né avec le VIH, cet enfant est innocent il n’est pas responsable, il a été contaminé. Ça ne doit pas être lié à un problème de vagabondage sexuel. Alors avec l’implication des responsables locaux qui travaillent en synergie avec la CNLS, la direction régionale de la santé, nous atteindrons d’ici 2020, le résultat 90-90-90. C’est à dire 90 % des personnes vivant avec le VIH sont détectées, 90 % des personnes dépistées séropositives sont mises sous ARV(antiretroviral) et 90 % de ceux qui sont sous ARV bénéficient d’un suivi biologique, psychologique et social. Quand un malade du SIDA prend régulièrement ses médicaments pendant six (6) mois, si on fait l’examen à l’hôpital il se trouvera que c’est devenu indétectable. Donc, ça diminue le taux de contamination », a-t-il précisé.
Propos recueillis et décryptés par Mamadou Diouldé Diallo, correspondant de Guineematin.com à Boké
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