Mouloukou Souleymane Camara, préfet de Dinguiraye à Guineematin : « je n’ai pas été suspendu »

Elhadj Mouloukou Souleymane Camara, préfet de Dinguiraye
Elhadj Mouloukou Souleymane Camara, préfet de Dinguiraye

Depuis quelques jours, une affaire de viol collectif sur mineur, impliquant les fils de certains hauts responsables de la préfecture de Dinguiraye, dont celui du Préfet, défraie la chronique. Certains parlent déjà de la suspension du préfet, Elhadj Mouloukou Souleymane Camara pour, disent-ils, avoir fait fuir son enfant après l’éclatement de l’affaire. Dans un entretien téléphonique accordé à un  reporter de Guinematin.com, le préfet a accepté de nous donner sa version des faits, tout en dénantissant sa prétendue suspension.

 Décryptage !

Guineematin.com : Monsieur le préfet, on vous accuse d’avoir fait fuir votre fils qui est impliqué dans un viol collectif sur une mineure. Expliquez-nous qu’est-ce qui s’est passé ?

Elhadj Mouloukou Souleymane Camara : J’étais à Conakry pour un atelier avec la CENI sur le BRIDGE. A mon retour à Dinguiraye, j’ai trouvé qu’il y a un cas de viol qui a été signalé et que la gendarmerie était entrain de faire les investigations. Entre temps, on m’a dit que la gendarmerie a été dessaisie au profil de la police. A partir de la police, j’ai appris que le fils du commissaire est impliqué dans le viol collectif. Immédiatement, j’ai instruit que la police n’a pas compétence d’instruire le dossier à partir du moment où le fils du commissaire lui-même est impliqué et de surcroît, le commissaire a pris son fils pour Conakry. Ceci étant, j’ai demandé encore à la gendarmerie de reprendre le dossier. Le gendarme en charge du dossier m’a dit que cela ne peut être possible que si le juge de paix lui donne des ordres. Je suis allé voir le juge d’instruction qui, à son tour m’a dit que cela ne peut pas être possible. Puisque, dit-il, quand les choses se passent au centre ville, c’est la police qui a la compétence d’étudier et si c’est en campagne, c’est la gendarmerie qui intervient. J’ai raisonné pour ce cas de figure qu’il est impossible pour la police d’intervenir avec équité. N’étant pas accepté, je suis parti  à Kankan pour un autre atelier sur la poliomyélite. A partir de Kankan, le commissaire de police m’a informé que la fille a désisté. Moi, je ne suis pas venu voir la gendarmerie, ni la police sauf la justice parce que le fils du commissaire était impliqué.

Guineematin.com : comment l’affaire est arrivée à Conakry et qu’est-ce que vous avez fait par après ?

Elhadj Mouloukou Souleymane Camara, préfet de Dinguiraye
Elhadj Mouloukou Souleymane Camara, préfet de Dinguiraye

Elhadj Mouloukou Souleymane Camara : Je ne savais rien. Un soir, c’est mon Directeur national, Fadama Kourouma qui m’a appelé en me disant que le ministre a dit que pour toute activité cessante, de me rendre à Conakry. Pour moi, je ne rêvais plus que c’est cela, parce que bien avant, j’avais demandé au juge de se prononcer dessus et que mon fils est à leur disposition. Il n’a pas bougé d’un iota, même pour les vacances. C’est pourquoi, quand je vois sur des sites non crédibles que j’ai fait fuir mon fils, parce que même mon chef de département m’a écrit en remontant les trois points comme chefs d’accusations : faire fuir mon enfant, influencer la procédure et menacer le chargé des affaires sociales. Ce qui est nettement non vérifiable. C’est ainsi que je suis venu voir le ministre. A mon arrivée à Conakry, il m’a dit que son homologue des Affaires sociales l’a apostrophé en disant qu’un administrateur s’est comporté comme ça. Pour un départ, celui-ci l’avait dit que c’est le préfet de Kindia, mais par après on lui a dit que c’est à Dinguiraye. Sans me donner la parole, il a dit que la séance est levée et qu’il partait à Bamako, d’attendre son retour. A son retour, je suis venu, il a m’a dit que le cas a été évoqué au conseil des ministres devant le Président. Mais, bien avant il avait demandé au Président purement et simplement de me relever. Me relever de quelque chose dont je ne suis pas responsable. Il a dit que j’ai fait fuir mon enfant alors que celui-ci n’a jamais bougé de la résidence sauf que j’ai insisté pour que le commissaire aussi ramène son fils. Je crois que c’est un droit vérifiable. On ne se rend pas justice. Si son enfant est impliqué, il n’est pas raisonnable qu’il convoque l’enfant d’autrui en laissant ce dernier.

Guineematin.com : On parle déjà de votre suspension. Qu’en est-il au juste ?

Elhadj Mouloukou Souleymane Camara : Le ministre n’a produit aucun acte me suspendant je suis à l’attente jusqu’à présent. J’apprends du député de Dinguiraye que j’ai été suspendu pour viol collectif sur mineure par mon fils. Je n’allais pas parler par discipline et par respect de la hiérarchie ; mais, à partir du moment où les informations viennent de partout et, elles ne sont pas en droite ligne avec ce qui s’est passé, je préfère sortir de mon silence pour dire l’essentiel. Depuis que le ministre m’a demandé d’attendre, qu’il va rendre compte au Président, je suis entre Conakry et Kindia, j’attends. Moi-même, je pose la question de savoir si un décret présidentiel peut être annulé par une décision du ministre parce que je ne sais pas dans quel sens l’administration est entrain d’évoluer maintenant.

Entretien réalisé au téléphone par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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