Korrera, victime de la SMB : maladie, dégradation de l’environnement, perturbation des études…

le bâtiment de l'école primaire abandonné à cause de la poussière des camions de la SMB

boke-korrera« Nous vivons ici dans une misère totale avec tous les risques du monde. Korrera est un quartier abandonné par les autorités de Boké. Nous souffrons énormément ici avec le passage des engins de la SMB qui dégagent trop de poussière. Nous n’avons ni l’électricité ni l’eau ni une bonne route. Et, depuis l’arrivée de cette société (SMB) qui nous a rendu la vie amère, nous avons cessé de dormir ; jours et nuits il y a de gros camions qui s’alternent sur la route. Le train de la CBG aussi fait au moins trois tours par jour avec sa sirène assourdissante. Et, aucune de ces sociétés n’a fait quelque chose pour Korrera…», a notamment dit Elhadj Mamadou Dramé, le chef du quartier de Korrera, qui a reçu le correspondant local de Guineematin.com hier.

Korrera est un quartier de la commune urbaine de Boké, situé dans les périphéries au nord-ouest de la ville. Ce quartier est lié au centre ville de Boké par un unique pont de 104 mètres de long ; mais, qui, de nos jours, est entrain d’être dégradé par les camions de la société minière de Boké (SMB). Depuis son installation à Katougouma, en 2015, la SMB utilise la route traversant le quartier Korrera pour le transport de la bauxite à travers des camions qui circulent sans arrêt, jours et nuits.

Après plusieurs mois de patience et de négociations pacifiques, sans avoir la moindre suite favorable, les responsables du quartier ont finalement décidé de prendre leur destin en main. Ils ont alors commencé par sortir de l’ombre pour dénoncer la dégradation poussée de leur localité par la société minière de Boké.

boke-pontAinsi, avant-hier, lundi 05 décembre 2016, les jeunes de Korrera, appuyés par leur chef de quartier, ont adressé une lettre au Préfet de Boké pour lui demander d’intervenir auprès de la SMB sur l’état de la route traversant leur quartier et lui demander également d’appuyer pour l’arrosage de la route au moins trois (3) fois par jour et la réparation (soudure) totale de l’unique pont qui les lie au centre ville, en état de délabrement dangereux…

Et, dans la soirée d’hier, mardi 06 novembre 2016, le correspondant local de Guineematin.com est parti à la rencontre du chef du quartier de Korrera, ainsi que d’autres responsables locaux pour les écouter.

Après avoir accueilli le journaliste à son domicile, Elhadj Mamadou Dramé, le chef du quartier de Korrera, a étalé tous les problèmes de son quartier, rendu encore plus préoccupants par la présence de cette société minière chinoise qui n’a d’yeux et d’oreilles que pour ses intérêts, aucun respect pour les humains…

Décryptage !

Elhadj Mamadou Dramé, chef du quartier de Korrera
Elhadj Mamadou Dramé, chef du quartier de Korrera

« Nous vivons ici dans une misère totale avec tous les risques du monde. Korrera est un quartier abandonné par les autorités de Boké. Nous souffrons énormément ici avec le passage des engins de la SMB qui dégagent trop de poussière. Nous n’avons ni l’électricité ni l’eau ni une bonne route. Et, depuis l’arrivée de cette société (SMB) qui nous a rendu la vie amère, nous avons cessé de dormir ; jours et nuits il y a de gros camions qui s’alternent sur la route. Le train de la CBG aussi fait au moins trois tours par jour avec sa sirène assourdissante. Et, aucune de ces sociétés n’a fait quelque chose pour Korrera… Vraiment, je ne sais pas qu’est-ce que nous avons fait pour mériter cette souffrance et cet oubli. Actuellement, quand nous libérons nos enfants pour aller à l’école, nous restons avec la peur au ventre parce que quand les camions les dépassent, c’est la panique, ils sont obligés de s’arrêter durant quelques minutes pour revoir devant eux. Quand je prends le cas de nos animaux domestiques, je ne peux pas vous donner le nombre de bêtes qu’ils ont tués. Ils écrasent nos vaches sans s’arrêter, ce n’est pas leur problème…

Pire, si on vous le dit, vous n’allez pas croire : depuis que la SMB a commencé à recruter des travailleurs, le quartier Korrera n’a eu que deux (2) employés. Ils sont prêts à importer des gens et laisser nos fils.

En outre, ils ont occupé toutes nos terres où nous cultivions plusieurs denrées, nous plantions des anacardiers et autres. Aujourd’hui, même le reste de nos arbres fruitiers (manguiers, orangers,…) ne produisent plus à cause de la poussière qui se dépose sur les feuilles. Ici, à Korrera, nous ne respirons plus de l’air propre, nous ne mangeons plus sain. Toutes nos maisons sont couvertes de poussière, nos femmes ne peuvent plus laver des habits et les suspendre dehors…

Nous avons écrit plus de dix (10) fois au préfet, au maire et aux responsables de la SMB ; mais, tous ont fait sourdes oreilles à nos revendications. C’est seulement parce qu’hier la radio a parlé de notre situation en lisant notre lettre que les responsables de la SMB sont venus arroser la route ce mardi matin dans les environs de 10 Heures. Nous, la vieille génération, nous pouvons accepter ; mais, nos fils ne pourront pas continuer à vivre comme ça. Ce que je vais dire aux autorités préfectorales et communales, c’est d’intervenir auprès de la société minière de Boké avant que ça ne soit pas trop tard. Ils n’ont qu’à nous aider pour les études de nos enfants parmi lesquels il y a des préfets, des gouverneurs, des ministres et même des chefs d’Etat. Faute de quoi, nous allons leur barrer la route de Tabountou (un secteur de Korrera) au pont », a prévenu Elhadj Mamadou Dramé, le chef du quartier de Korrera.

Thierno Mahfouz Sow, Directeur de l’école élémentaire de Korrera
Thierno Mahfouz Sow, Directeur de l’école élémentaire de Korrera

Après chez le chef du quartier, le correspondant local de Guineematin.com s’est rendu à l’école élémentaire de Korrera où il a rencontré le Directeur, Thierno Mahfouz Sow. Sur la même lancée que son prédécesseur, monsieur Sow a lui aussi exposé les risques qui le guettent avec son personnel et ses élèves. « Les élèves quittent les secteurs distants comme Gnangata, Thiolagui, Kaweki, simbaya, Baralandé, Nèma. Mais, quand les camions passent, ils sont obligés de s’abstenir au moins 3 minutes avant de continuer. Ils sont non seulement en danger mais ça cause aussi beaucoup de retards. Vous voyez, l’école se trouve à une dizaine de mètres de la route qui mène vers Katougouma. Quand 4 à 5 camions se suivent, toutes les classes sont envahies de poussière. Personne ne peut plus rien voir. A cause de ça, j’ai abandonné le bâtiment adossé à la route ; ces classes là sont inutilisées. Si le train aussi est de passage, on arrête les cours parce qu’on ne peut rien entendre en ce moment. La  vérité est que nous vivons ici sous un gros risque d’accidents et de maladies », a-t-il soutenu.

le bâtiment de l'école primaire abandonné à cause de la poussière des camions de la SMB
le bâtiment de l’école primaire abandonné à cause de la poussière des camions de la SMB

Enfin, c’est un élève de la 6ème Année du nom de Youssouf Tambassa qui quitte Thiolagui pour l’école élémentaire de Korrera. « Chaque jour, en venant, mes parents me conseillent de faire doucement avec les camions. Avant d’arriver à l’école, je suis complètement sale ; j’ai même honte de mes amis. Et puis, je suis récemment tombé malade, on m’a envoyé à l’hôpital, ils ont dit que c’est la poussière qui est la cause », a dit Youssouf Tambassa.

Aux dernières nouvelles, les populations de Korrera ont mis leur menace à exécution en barrant la route dans la matinée de ce mercredi 7 décembre 2016.

A suivre !

De Boké, Mamadou Diouldé Diallo  pour Guineematin.com

Tél. : 622 671 242 / 666 952 215

 

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