Divorce entre les grands partis : l’UFDG accuse le RPG AEC de vouloir « tuer » les petits partis et les indépendants

Ça chauffe à l’Assemblée nationale entre ceux qui veulent du maintien de la proportionnelle dans la désignation de l’exécutif communal et ceux qui pensent à la liste majoritaire. Selon des confidences faites à Guineematin.com, dans l’après-midi de ce mardi 3 janvier 2017, le président du groupe parlementaire du RPG arc-en-ciel, Honorable Amadou Damaro Camara, chercherait à profiter du malentendu entre les petits partis et l’UFDG pour « imposer » une grave modification du code électoral.

Selon un responsable de l’UFDG, le chef de la majorité parlementaire propose que le parti qui arrivera premier à l’élection communale prenne tout l’exécutif communal et gagne de facto 51 pour cent des conseillers, même s’il n’aurait eu que 20 pour cent par exemple.

A en croire notre source, Amadou Damaro Camara craint une forte coalition des partis de l’opposition et des indépendants après les élections communales qui pourrait occuper la majorité des communes urbaines et rurales de la Guinée au détriment du parti présidentiel.

Qu’est-ce qui va changer ?

Dans la configuration actuelle, après le vote des citoyens, les conseillers élus doivent se retrouver pour élire l’exécutif communal. Dans ce cas, chaque parti peut aller seul vers les électeurs dans un premier temps. Puis, après le vote, les alliances et coalitions vont se former pour élire l’exécutif communal. Ce qui fait que plusieurs petits partis peuvent négocier des alliances, mettre le parti majoritaire en ballotage pour diriger des mairies ou être au moins membres de l’exécutif communal…

Par exemple, selon l’arrêté numéro 4056 du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, fixant le nombre de conseillers communaux et de maires adjoints, dont Guineematin.com détient copie, la commune urbaine de Faranah par exemple a une population de 77 918, avec 34 conseillers et 4 membres de l’exécutif communal.

Alors, si le RPG arc-en-ciel parvenait à rafler par exemple 45 pour cent des voix à Faranah, tous les autres partis peuvent se regrouper derrière un parti d’opposition comme le PEDN ou même un indépendant comme par exemple l’ancien ministre Moussa Condé « Tata Vieux » pour lui donner la tête de la mairie même si sa liste n’aurait eu que 20 pour cent. Grâce à une telle coalition post électorale de l’ensemble des autres partis d’opposition et d’indépendants, il va s’adjuger la tête et partager les autres postes de l’exécutif communal avec ses partisans de l’opposition. Et, c’est ce qui semble effrayer le parti au pouvoir qui ne pourrait donc diriger les mairies que là où il aurait recueilli plus de 50 pour cent des voix sur le territoire national…

Craignant des alliances entre tous les opposants et indépendants contre le RPG arc-en-ciel après les élections, ils auraient trouvé une stratégie : quand on est majoritaire dans une commune, on prend 51 pour cent de tout ! C’est-à-dire que dans une commune où plusieurs candidats sont déjà annoncés, le premier prend non seulement la marie, mais 51 pour cent de tous les autres postes. Ainsi, même si le majoritaire n’a que 20 pour cent, il lui suffira d’être juste devant et aucune coalition ne pourra se former pour l’empêcher de diriger la mairie avec 51 pour cent des membres de l’exécutif communal. Voilà, si on croit aux opposants, comment le RPG arc-en-ciel risque de partitionner le territoire guinéen.

Enjeux et dangers de la modification

Si une telle modification est apportée, la Guinée actuelle pourrait être subdivisée en deux grands blocs : les régions du RPG arc-en-ciel contre celles de l’UFDG.

Aujourd’hui, il est clair que les deux blocs de partis qui se partagent plus de 80 pour cent de l’Assemblée nationale et des délégations spéciales du pays sont le RPG arc-en-ciel (parti au pouvoir) et l’UFDG (opposition). Si la modification proposée par Amadou Damaro Camara passe, les communes (urbaines et rurales), les quartiers et districts de la Guinée pourraient appartenir à l’un ou l’autre avec une très faible présence des petits partis et des indépendants. Ce sera des « petites républiques » (Fouta, Mandingue, etc.) dans la République… Notre système s’apparentera ainsi à celui américain où on peut être majoritaire auprès du bas peuple, mais éliminé par les grands électeurs. Qu’elle place alors pour les innombrables petits partis et les indépendants…

A suivre !

Ibrahima Sory Diallo est actuellement à l’Assemblée nationale pour mieux vous informer 

Facebook Comments Box