Macka Traoré : ‘‘Nous avons pensé à Fria sans usine, pour organiser le Festival’’

Macka Traoré, acteur culturel, a mis en place l’ONG ‘‘Fria Relève Toi’’. Il a organisé du 22 au 29 décembre le Fristival ou Festival de Fria avec un succès inédit. Nous lui avons posé des questions autour de ces activités.

Vous avez mis en place ‘’Fria relève toi’’, aujourd’hui vous organisez le festival de Fria. Qu’est-ce qui vous motive ?

Macka Traoré : Merci d’abord à toutes les bonnes volontés qui nous ont aidés à organiser le festival de Fria sans incident. Nous avons organisé un festival à dimension internationale dans l’hinterland. Fallait le faire ! Ceci dit, je suis de Fria. J’ai à un moment donné senti un besoin de rendre grâce à cette ville qui m’a tout donné et qui tombait dans l’oubli et dans la paupérisation suite à la fermeture de l’usine. J’ai alors mis autour de moi, une équipe très dynamique, composée de personnes dévouées qui, pour la plupart, ne sont même pas de Fria pour créer ‘’Fria Relève Toi’’.

Avec cette ONG, nous avons réussi d’abord à sortir la ville de l’oubli. Nous avons réussi à attirer l’attention du monde entier sur cette ville autrefois, perle de la Guinée.  Une communication intelligente a permis à la ville de sortir de la torpeur. Ensuite nous avons pu mobiliser d’importants kits scolaires pour des élèves de toutes les écoles de la ville. Des kits scolaires ont été donnés même aux villages environnants. Avec ‘’Fria Relève Toi’’, l’autre acquis et dont nous sommes très fiers, c’est l’autonomisation de plus d’une centaine de femmes. Nous les avons aidées à avoir des métiers qu’elles exercent actuellement et qui leur rapportent de quoi soutenir leurs familles au moment où leurs maris sont au chômage.

Après cette communication que nous pensons réussie, après les gestes à l’égard des femmes à travers ‘’Fria Relève Toi’’, nous avons pensé mettre en place une activité culturelle pérenne. Une activité qui survivra à l’exploitation de la bauxite. C’est le Fristival ou le Festival de Fria. Parce qu’on s’est rendu compte que les gens ont souffert parce qu’ils dépendaient entièrement de l’usine. Et comme la bauxite est une ressource non renouvelable, donc qui finira un jour, on s’est dit qu’on peut lancer ce festival pour que par la culture, Fria continue de vivre. Il est des villes qui sont connues et qui dépendent en grande partie d’un festival. Le festival d’Avignon, d’Angoulême  en France rapportent gros à ces villes.

Vous avez remarqué qu’à Fria, pendant le festival, l’économie de la ville bougeait les jeunes ont organisé une foire où les exposants ont beaucoup vendu ; les hôtels étaient pleins ; les gens sont venus de partout ; le tourisme intérieur a marché. Pour tout dire, nous avons pensé à la ville sans usine.

Justement, le festival qui en est à sa première édition, a eu un grand succès. Comment avez-vous réussi cela ?

Avec l’aide des amis, ceux qui ont cru au projet, des artistes, nous avons réussi un festival à dimension internationale, comme je vous l’ai dit. Notre ressource fondamentale a été notre opiniâtreté. Notre volonté à donner le sourire à cette ville où depuis la fermeture de l’usine, il y a quatre ans, les gens étaient crispés.  

Vous avez remarqué que toute la ville s’est mobilisée pour la réussite du festival. En annexe au Festival, les jeunes de Fria ont organisé une foire qui a mobilisé toutes les couches. Les exposants ont fait du bon business et la foire était le lieu de retrouvailles pour des habitants qui restaient coincés à la maison faute d’endroits attrayants.  En plus, avec le festival, nous avons fait la formation des jeunes dans de nombreux domaines comme le théâtre, l’audio-visuel, etc.

Nous avons pu mobiliser -avec l’aide de certains ressortissants de Fria dont particulièrement, un dont je tais le nom, et remercie du fond du cœur-, un podium et une sono professionnels. Le Festival de Fria est une suite logique de ‘’Fria Relève Toi’’. Il achève la communication déjà lancée, fait vivre la ville pendant les fêtes de fin d’année, comme aux bons vieux temps, et booste l’économie.

Nous avons par ailleurs eu la chance d’avoir tous les artistes en vogue (dont un Français), qui sont venus jouer sans aucun kopeck. Il y en a même qui ont fait des dons. C’est l’occasion de les remercier. Mille fois merci à eux !

Organiser un tel événement demande assez de moyens. Avez-vous été accompagnés par notamment le gouvernement ?

Non, nous n’avons malheureusement pas été accompagnés. Nous avons été aidés par des anonymes, des amis, les membres de ma famille, certains ressortissants de Fria. Certains comme le ministre Gassama Diaby, le DG du Palm Camayenne, le DG de la SEG, etc. ont soutenu le projet. Nous devons aussi une fière chandelle aux propriétaires de la sono et du podium qui nous ont fait des prix d’amis pour nous aider à organiser. Les jeunes de Fria, l’équipe d’organisation locale, la population de Fria toute entière s’est mobilisée comme jamais pour la réussite de l’évènement. Merci à tout le monde.

Propos recueillis par Ismaël Sylla à Fria

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