Nestor Kagbadouno de l’UGDD : « la mouvance a encore roulé l’opposition dans la farine » (interview)

« Le président Alpha Condé veut la présidence de l’Union Africaine. Or, ses pères ne vont jamais accepter une responsabilité aussi importante lorsqu’il y a de l’instabilité en Guinée. Aujourd’hui, le professeur Alpha Condé est prêt à passer par tous les moyens pour éviter qu’il y ait des manifestations parce que l’opposition a menacé de défendre dans la rue le fait que ce projet ne soit pas adopté à l’Assemblée nationale. Donc, ce que cette annonce de la mouvance présidentielle est un bluff purement et simplement. Ce code ne sera pas voté », a notamment expliqué Nestor Kagbadouno lors d’une interview accordée à un reporter de Guineematin.com ce weekend.

Décryptage !

Guineematin.com : Bonjour monsieur Nestor Kagbadouno, dites nous comment se porte votre formation politique, l’UGDD ?

Nestor Kagbadouno : il faut dire que l’UGDD se porte à merveille. Bien entendu, nous avons subi un coup dur avec cette mort aussi inattendue de notre président, notre professeur, notre référence, Georges Gandhi Tounkara. Mais, ce qu’il faut dire, l’UGDD, après la mort de Gandhi, a voulu donner un autre sens à la politique. Parce qu’au vivant de Gandhi, il nous a fait comprendre et nous a enseigné qu’on peut gérer une formation politique sans son président. Donc, on en a fait une leçon et on a cherché à comprendre cette leçon et la mettre en pratique. C’est pour dire qu’aujourd’hui l’UGDD se porte à merveille, des instances décisionnelles à la base, jusqu’au niveau du bureau politique national.

Guineematin.com : Quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique actuelle de notre pays ?

Nestor Kagbadouno : Ce qu’il faut dire par rapport à cette situation, c’est qu’en partant des récents faits politiques majeurs de notre pays, nous pensons, au sein de l’UGDD, que l’arène politique guinéenne est encore dominée par la guerre des intérêts égoïstes à laquelle se livrent certains partis politiques qui, à un certain moment, se distancent des valeurs qu’ils ont défendu, les valeurs pour lesquelles ils ont perdu des militants. Nous pensons que la situation sociopolitique actuelle mérite d’être réfléchie, que les gens ne se distancent pas des valeurs républicaines, des valeurs démocratiques. Vous imaginez aujourd’hui ce qui se passe dans notre pays par rapport à ces accords. Nous, nous pensons au sein de l’UGDD qu’il va falloir qu’on essaie de moraliser un peu la politique guinéenne, qu’on essaie de donner un peu de leçon d’éthique à la politique guinéenne ; sinon, nous risquons d’être en porte-à-faux avec ces valeurs.

Guineematin.com : monsieur Kagbadouno, depuis la mort de Gandhi, on vous êtes moins présents sur l’échiquier politique national. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ?

Nestor Kagbadouno : il faut tout simplement dire qu’après la mort de monsieur Gandhi, conformément à nos statuts, il fallait observer six mois de deuil, les six mois de deuil devraient aller jusqu’au mois de juin ; et, on devrait reprendre les activités politiques. Peut-être pas votre médias, sinon, effectivement, l’UGDD communique, l’UGDD prend part à des rencontres politiques et déjà vous n’êtes pas sans savoir que l’UGDD faisait parti par mon biais des formations politiques qui ont représenté l’opposition républicaine au dialogue. Donc, on était dans la salle des actes du palais du peuple où nous avons défendu de la façon la plus claire la position de l’UGDD. D’abord, vous comprendrez que l’UGDD fait parti des formations politiques qui s’oppose catégoriquement au point deux des accords. C’est pour dire que nous étions présents dans la salle et nous continuons à communiquer, sans pour autant oublier que l’UGDD fait parti du front national de la défense de la liberté des citoyens. Ce front qui se bât aujourd’hui pour que ce projet de code électoral ne devienne pas une loi. Et, vous savez, ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale, on a rencontré les institutions internationales, des institutions nationales, même la commission des lois, pour leur montrer la nécessité, la portée et la noblesse du combat que nous menons ; et, c’est pourquoi, nous disons aujourd’hui que nous restons présents sur le terrain.

Guineematin.com : la mouvance présidentielle vient de retirer sa proposition de mixage des élections locales. Quand pensez-vous ?

Nestor Kagbadouno : vous savez ce que la mouvance présidentielle fait, nous nous pensons au sein de l’UGDD que c’est du bluff. Aujourd’hui, il ne faut pas oublier que le président de la République a des intentions à l’international. Il veut la présidence de l’Union Africaine, ses pères ne vont jamais accepter une responsabilité aussi importante lorsque ça ne va pas en Guinée, lorsqu’il y a de l’instabilité en Guinée. Aujourd’hui, le professeur Alpha Condé est prêt à passer par tous les moyens pour éviter qu’il y ait des manifestations parce que l’autre côté de l’opposition a menacé de défendre dans la rue le fait que ce projet ne soit pas adopté à l’Assemblée nationale. Donc, c’est du bluff purement et simplement. Je suis convaincu que ce projet ne reviendra pas code électoral parce que le président connait la nécessité lorsqu’on donne la possibilité à un citoyen d’élire à la base son dirigeant. Ce que nous défendons à l’UGDD n’a rien de politique ; mais, c’est une question d’intérêt nationale, donner la possibilité au citoyen à la base de choisir librement son dirigeant, conformément au code électoral existant. Voilà notre position, c’est du bluff, c’est une façon de rouler encore dans la farine les mêmes personnes de l’autre côté. Sinon, comment vous pouvez comprendre que quelqu’un avec lequel vous entretenez des relations aussi proches vous trahisse une fois, deux fois, trois, quatre fois, cinq fois ? Comment avoir confiance en lui ?  Nous, nous pensons qu’il ne faut pas se voiler la face, ça ne deviendra jamais un code électoral, il connaît le danger…

Guineematin.com : donc vous pensez que ce revirement de dernière minute de la mouvance est encore une manière de berner l’opposition ?

Nestor Kagbadouno : Absolument ! L’opposition ne comprend pas la position de la mouvance présidentielle. Aujourd’hui, il dit clairement que c’est l’opposition qui l’empêche de gouverner. Mais, quel amour ce président peut avoir pour un leader de l’opposition ? Jamais ! Mais, il pose des actes lorsqu’il sait que quand c’est posé, ça l’arrange, ça lui est favorable. Même dans l’intervention de l’honorable Damaro, vous comprendrez avec exactitude que c’est des choses qui lui ont été dictées : va dire ceci ; et, il a dit, ça ne venait pas de lui. J’ai partagé la même salle le jour du dialogue avec l’honorable Damaro, je connais sa position sur ce sujet. Ceux qui, aujourd’hui, défendent le point deux des accords, je connais leurs positions. Mais, je me demande aujourd’hui jusqu’où le guinéen peut-être aussi naïf, je vous dis quand je parle du guinéen, je parle du politique ; sinon, le guinéen est intelligent. Vous voyez aujourd’hui ce que ça constitue, le fait d’interdire au citoyen à la base d’élire son dirigeant, c’est un recul de la démocratie. Mais, pour de simples intérêts partisans, on accepte de se laisser rouler dans la farine ; l’UGDD n’en fera pas partie et jamais au plus grand jamais.

Guineematin.com : les élections locales sont annoncées. Où est-ce qu’on pourrait s’attendre à la candidature de l’UGDD ?

Nestor Kagbadouno : on ne peut pas se demander bien entendu si on prendra part ou pas. En 2013, on est allé aux élections législatives, on a eu un député ; aux présidentielles 2015, on est allé, nonobstant tout ce montant faramineux de 800 000 000 qu’on a demandé, nous somme allé à ces élections. Ces élections locales, c’est le socle de la démocratie, c’est le socle d’une formation politique. Une formation politique qui ne prend pas part à une élection locale, surtout au niveau des districts et quartiers, c’est un suicide politique. Je vais vous dire, l’UGDD est un parti national. Nous allons présenter des candidats conformément à notre implantation, ce n’est pas seulement en forêt que nous présentons des candidats, nos listes seront au niveau de la Basse Guinée, de la Haute Guinée, même bien entendu en Moyenne Guinée. Même au niveau de Pita, nous avons des éléments qui sont au niveau des structures décisionnelles de cette préfecture. Nous avons des militants un peu partout en Guinée, ce qui nous donne la chance et le courage de présenter des candidats.

Guineematin.com : en clair, vous comptez candidater dans combien de communes du pays ?

Nestor Kagbadouno : Il y a une mission qui est entrain de se préparer pour N’zérékoré et du côté de la Haute Guinée, c’est pour finaliser ces listes. Ce qui est clair, au niveau de la forêt, on présentera des candidats dans toutes les préfectures, mais aussi dans toutes les communes rurales. Du côté de Kankan, vous saurez qu’on a nos éléments qui font parti de la délégation spéciale, ça veut dire qu’on a un nombre de militants aussi important ; même cas à Boké et à Pita… Mais, ce travail est entrain d’être finalisé par la commission en charge des questions électorales. Mais, rassurez vous que nous allons présenter des candidats dans plus de la moitié des communes du pays.

Guineematin.com : merci d’avoir répondu à nos questions.

Nestor Kagbadouno : c’est à moi de vous remercier.

Entretien réalisé et décrypté par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

 

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