Pagaille au sein du Front anti-accord : un groupe veut porter plainte contre Ibrahima Sory du BOC

Une sainte pagaille mine le Font National pour la Défense des Droits des Citoyens (FNDDC) a pris une tournure inattendue. Après les attaques et contre-attaques enregistrées ces derniers jours par médias interposé entre leaders politiques et sociaux du Front, le président du parti ADC/BOC, Dr Ibrahima Sory Diallo a porté plainte contre trois activistes de la société civile à la gendarmerie de Hamdallaye pour diffamation.

A leur tour ces activistes ont décidé de saisir le procureur de la République contre Dr Ibrahima Sory pour coups et blessures et menaces de mort contre un des leurs, a appris Guineematin.com, dans un entretien avec un des acteurs de la crise.

Dans cette interview accordée à notre rédaction, Boussouriou Diallo président de COJEDEV et membre du Front, l’une des personnes visées par la plainte revient sur cette affaire qui défraie la chronique.

Guineematin.com : le front auquel vous appartenez en tant qu’acteur de la société civile est ce moment miné par des querelles intestines. Qu’est-ce qui se passe réellement ?

Boussouriou Diallo : Justement on parle de querelles intestines au front, mais nous on minimise ce mot. On estime que c’est une tempête qui est venue paralysée nos activités. Cette tempête est née de la rencontre entre le président de la République avec le leader du BL, Docteur Faya Millimono. Alors, la démarche qui a conduit à cette rencontre n’a pas plu à tous les membres du front. Nous l’avons signalé à Dr Faya qui, au cours d’une plénière, nous a modestement demandé pardon, tout en reconnaissant qu’il aurait pu au moins nous informer bien avant de rencontrer le président, même si l’invitation s’est faite à titre personnel. On a pris une résolution au cours de la quelle on a demandé à tous les membres du front de ne pas exposer les problèmes au grand public, de resserrer les rangs et de communiquer sur ce qui paraît très important, notamment la défense du point deux de l’accord politique du 12 octobre pour ne pas que celui-ci soit validé par le parlement au mois de février.

Guineematin.com : Vous dites avoir tenté de ramener tout le monde à la raison. Alors, pourquoi il y a encore assez de divergences entre les leaders des partis politiques et de la société civile concernant toujours Dr Faya Millimono ?

Boussouriou Diallo: Justement, dans tout groupe il y a des trouble-fêtes. Lorsque nous avons pris la résolution contre Dr Faya Millimono, il y a Dr Ibrahima Sory Diallo du parti ADC-BOC et Abdoulaye Kourouma du RRD qui sont passés outre les conclusions de cette plénière pour aller dans les médias, communiquer sur la personne de Dr Faya en disant des contre-vérités, comme quoi il est exclu du front. Alors, qu’aucun procès verbal de réunion n’en fait foi. On s’est senti un peu abusé par ce genre de propos et on a décidé de les rappeler à l’ordre. On a tout fait pour qu’il y ait de l’accalmie, mais on n’a pas pu. On a essayé de convoquer des réunions, notamment chez le coordinateur, Dr Alpha Ibrahima Sila Bah. Des réunions au cours desquelles la tension est montée jusqu’au point que Dr Ibrahima Sory Diallo a porté main sur un des activistes de la société civile du nom de Fouceiny Koné. Il a également proféré des menaces de mort contre lui. Il a dit qu’il va percer ses intestins et qu’il va envoyer des loubards pour chasser tous les activistes de la société civile membres du front. On a vraiment estimé que ces propos sont graves et que face à de tels agissements, il est important qu’ont prenne des décisions conséquentes. Face à cela, nous de la société civile, nous avons produit une résolution excluant définitivement Dr Ibrahima Sory Diallo et Abdoulaye Kourouma du front national pour la défense des droits des citoyens. Et nous avions également des réserves de porter plainte pour coups et blessures volontaires, menaces de mort sur nos personnes. Alors, c’est en ce moment que monsieur Aboubacar Siddy Diallo de l’UMP a décidé d’entamer une médiation pour amener toutes les parties à la raison. Mais, fort malheureusement ce matin, c’est Ibrahima Sory du parti ADC-BOC qui porte plainte contre trois personnalités de la société civile membres du front, Fouceiny Koné, Boussouriou Diallo et Saikou Yaya Diallo. Alors, nous sommes allés à la gendarmerie répondre, il semble que c’est pour diffamation. C’est à lui d’apporter les preuves de ces diffamations, parce que nous on a fait que dire ce qu’ils nous ont dit en plénière, les propos selon lesquels ils ont mangé avec Papa Koly Kourouma qui leur a promis 50 millions de francs guinéens pour détruire le front et s’attaquer à la personne de Dr Faya Millimono. Ça, il y a des PV qui en font foi, nous pouvons les communiquer à la presse, nous pouvons les dire à l’opinion. Depuis qu’ils ont dit ces propos, ils ont envenimé leurs positions dans les médias. On a estimé que c’est vraiment sérieux. Si Papa Koly leur à donner de l’argent, c’est qu’ils sont en mission pour détruire le front. Voilà où on en est !

Guineematin.com : Vous portez de graves accusations sur la personne de Papa Koly Kourouma. Quel intérêt aurait ce dernier selon vous à agir ainsi ?

Boussouriou Diallo : C’est à lui de dire ça, et également les gens auxquels il a commis une telle mission. Parce que ce sont ces deux personnes, Nestor Kagbadouno et Abdoulaye Kourouma qui ont fait ces affirmations pendant nos réunions et, en privé également ils l’ont dit à beaucoup de membres du front. Ce ne sont pas des accusations, c’est des propos qu’ils ont tenu délibérément. On n’a pas inventé. On ne saurait si toute fois ils ont rencontré Papa Koly si ce n’est pas eux même qui l’ont dit. Nous leur retournons ces propos. Qu’ils assument. Qu’ils reconnaissent avoir dit cela à défaut nous montrerons la preuve avec le procès verbal de réunion.

Guineematin.com : Maintenant, que comptez-vous faire après avoir reçu ces convocations?

 Boussouriou Diallo : Nous sommes légalistes, nous répondrons. Nous avons deux cabinets d’avocats, nous viendront sereinement. C’est à l’accusateur de prouver qu’il a été diffamé. Il n’a qu’à sortir les articles de presse ou les déclarations diffamatoires qu’on a tenues à son encontre. On se défendra. Demain également (aujourd’hui mardi 24 janvier, ndlr) on portera plainte devant le procureur de la République à l’encontre d’Ibrahima Sory Diallo pour qu’il réponde également des coups et blessures qu’il a porté sur Fouceiny Koné au siège du PGRP. C’est des faits graves, là-dessus on ne va pas reculer. Maintenant, qu’est ce qu’on compte faire? D’abord, ils sont exclus complètement et deuxièmement aucune réunion ne se tiendra dans le QG d’un parti politique membre du front. La société civile prendra les devants pour organiser le front et continuer le débat sur des questions essentielles tel qu’aujourd’hui la question du troisième mandat qui se pose. Mais il ne faudrait pas qu’on détourne les guinéens sur de telles choses avec des querelles qui ne valent pas la peine, parce qu’un Faya Millimono a rencontré le président. Combien de personnes le rencontrent tous les jours? Pour nous, c’est un non événement, c’est derrière nous. L’essentiel, c’est la défense des droits des citoyens.

Guineematin.com : quelque part monsieur Diallo on vous accuse d’être à la solde de Dr Faya Millimono. Que répondez-vous à ça ?

Boussouriou Diallo : C’est toujours facile de faire un parallèle lorsqu’on croit que nous on n’a pas exprimé notre amertume à l’endroit de Dr Faya. La société civile était plus remontée que même les partis politiques. Moi qui vous parle, je l’ai entretenu au téléphone jusqu’à 17 heures ce jour. Il ne m’a pas confié au téléphone qu’il partait rencontrer monsieur Alpha Condé. Le lendemain, quand j’ai appris la nouvelle j’étais sidéré et je l’ai appelé pour le lui dire. J’ai dit, Dr vous avez failli à un devoir moral, je vous en veux. On était vraiment outré contre lui et on lui a dit qu’une sanction de suspension a été prévue pour deux semaines ou un mois contre la personne de Dr Faya. Il était prêt à se plier à cela. Qu’est ce qu’il a à nous donner ?  Il nous a trouvé dans ce combat. Sérieusement, on n’est pas l’avocat de Paul ou de Pierre. Même lui Dr Faya, il sait qu’il a aujourd’hui sur son dos des gens qui ne vont pas le tolérer s’il répète cette erreur même s’il présentait mille excuses. Mais, il faut quand même entre les deux voir le mal et le moindre mal. Celui qui vous dit qu’il a mangé avec quelqu’un, qu’il a reçu de l’argent pour vous détruire et quelqu’un parce qu’il a rencontré le président, néanmoins qui vous demande pardon. C’est à vous de voir lequel vous pouvez pardonner, lequel vous ne pouvez pas pardonner. Nous ne sommes pas les avocats de Dr Faya, nous ne sommes non pas des politiques. Les querelles politiques vont se régler en dehors du front. On l’a dit à Dr Ibrahima Sory Diallo, à Abdoulaye Kourouma et à Dr Faya Millimono. S’ils ont des antécédents dans l’opposition républicaine, qu’ils aillent les régler là-bas, mais qu’ils laissent le nom du front. Le front ne s’occupe que du point deux, qui celui là qui va amener les guinéens d’élire leurs chefs de quartiers au lieu de se voir imposé des responsables.

Guineematin.com : Dr Faya est souvent accusé de vouloir caporaliser des organisations. On se souvient encore des remous au sein du parlement des jeunes. Est ce que ce n’est pas la même chose avec le front ?

Boussouriou Diallo : Je vous assure qu’au niveau du front le débat est démocratique. Il y a 18 organisations de la société civile et 11 partis politiques. Une voix est égale à une voix. Dr Faya, les contributions qu’il apporte au front, je vous assure que nous de la société civile on apporte les mêmes montants. Nous contribution au même titre que lui. Donc, dans le front on a une charte. Il ne peut pas même communiquer sans le mandat du coordinateur. Pour preuve, aujourd’hui il ne parle pas au nom du front. Déjà, les gens devraient savoir pourquoi Faya ne répond pas. Par ce qu’on l’a mis en garde, s’il répond il va voir sa situation s’aggraver et on va prendre des décisions contre lui. Je ne sais pas s’il a la volonté, mais je ne crois pas qu’il ait la capacité  de monopoliser le front. Je suis convaincu que nous de la société civile, on n’acceptera pas qu’il nous usurpe ou qu’il nous amène vers un chemin qui lui est profitable.

Guineematin.com : A présent monsieur Diallo, quel avenir pour le front ?

Boussouriou Diallo : Le front va continuer son combat. Au mois de février on va certainement assister pendant deux semaines à la session extraordinaire de l’Assemblée nationale au cours de laquelle on va discuter du code électoral, du code des collectivités et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le front, face aux enjeux qui nous attendent avec les discours belliqueux du camp présidentiel, il est temps de mettre de côté tout ce qui est casquette politique pour sauver la Guinée. Parce qu’on s’achemine vers des situations ou des lendemains incertains. Donc, le front continuera réellement sur sa dynamique pour que les lois de la République s’appliquent à tous.

Guineematin.com : vous avez un dernier mot à placer ?

Boussouriou Diallo : Je remercie Guineematin.com qui fait toujours le travail professionnel pour donner la possibilité aux Guinéens de communiquer sur les situations du pays. Je demande vraiment aux guinéens de ne pas accepter le principe du seul contre tous. Il faudrait qu’on montre que la souveraineté appartient au peuple.

Entretien réalisé par Mouctar Barry pour Guineematin.com

Tél.: 621 607 907

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