Guinée : le syndicat lance une grève et réclame le départ du ministre Kourouma… Voici l’entretien avec Yamoussa Touré

Comme annoncé précédemment sur Guineeamatin.com, le Mouvement Syndical Guinéen appelle à une grève d’avertissement de 7 jours ouvrables et renouvelables à partir de demain mercredi 1er février 2017. La démarche vise à protester contre la nouvelle grille indiciaire des fonctionnaires et leur rétrogradation, a appris Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Dans un entretien accordé à un de nos reporters, Yamoussa Touré, secrétaire général de la COSATREG (Confédération Syndicale Autonome des Travailleurs et Retraités de Guinée), l’une des 10 centrales ayant appelé à cette grève, a réitéré ledit appel. Il a également tiré à boulets rouges aussi bien sur le ministre de la fonction publique, Sékou Kourouma que sur l’intersyndicale CNTG-USTG, qu’il accuse d’être à la solde de l’Etat.

Guineematin.com : à quel niveau se situent les préparatifs de la grève que vous comptez déclencher demain 1er février 2017 ?

Yamoussa Touré : les derniers réglages sont en cours et nous pensons prendre toutes les dispositions sur le plan communicationnel. Nous allons en grève pour essayer de défendre, conformément à notre rôle régalien, les intérêts moraux et matériels des travailleurs et l’ensemble des couches laborieuses.

Guineematin.com : est-ce que vous êtes optimistes que votre mouvement sera suivi, surtout quand on sait que les centrales CNTG-USTG sont les plus connues ?

Yamoussa Touré : nous pensons que cette fois-ci, il s’agit d’un point commun qui est celui relatif à la grille salariale. Depuis belle lurette, le gouvernement ; notamment le ministre de la fonction publique, avait promis aux travailleurs qu’une nouvelle grille devrait voir le jour et que l’ancienne grille était déjà caduque. Ainsi, la CNTG et l’USTG qui sont des syndicats de l’Etat, se sont associés pour essayer de signer cette grille dans les négociations. Cette nouvelle grille ne fait que détruire la carrière des fonctionnaires et retraités de Guinée.

Guineematin.com : comment cette grille détruit-elle la carrière des fonctionnaires ? 

Yamoussa Touré : elle n’améliore pas leurs conditions de vie alors qu’on attendait l’amélioration des conditions de vie et des conditions salariales des travailleurs de Guinée. Malheureusement, une grille de salaire qui contribue à la dégradation des cadres supérieures de leur hiérarchie, à la diminution drastique des salaires des fonctionnaires, c’est pourquoi nous avons dit non. Vous savez, beaucoup avait l’espoir que les salaires allaient être améliorés. Le ministre lui-même avait dit que les travailleurs allaient bénéficier d’une grille alléchante. Mais tel n’a pas été le cas. On nous a lancés de la poudre aux yeux et c’est pour cela que nous nous réveillons pour défendre nos intérêts. C’est pourquoi nous avons lancé cette grève.  Nous avons déjà rempli toutes les procédures à travers le préavis de grève du 10  janvier  dernier. Le gouvernement n’a pas eu la bonne foi de nous appeler parce qu’ils savent qu’à l’Unité d’Action Syndicale nous avons des cadres, des experts qui pourront démonter leur machination. Je pense que dans un gouvernement, le socle de la réussite, c’est le dialogue. Il faut qu’ils acceptent de dialoguer avec la partie syndicale. Il ne s’agit pas de dialoguer avec le syndicat  de l’Etat.

Guinematin.com : c’est l’intersyndicale CNTG-USTG que vous appelez syndicat de l’Etat et pour quelles raisons ?

Yamoussa Touré : vous savez bien quel est leur comportement face aux différents points de revendications qu’ils ont posés au nom de l’ensemble des travailleurs. C’est le prix du carburant par exemple l’année dernière et vous avez vu comment cette grève-là qui a duré une semaine mais qui n’a pas fait d’effets. Donc, on a grevé pour rien, il n’y a pas eu de suite. C’est pourquoi nous avons pris nos responsabilités cette fois-ci, pour que les travailleurs de Guinée soient défendus de façon professionnelle, de façon responsable. Carla nouvelle grille, qui a été promulguée par les autorités, qui est une grille erronée, qui n’a pas de sens, est une grille qui frustre. Vous allez demander à un professeur d’université qui est au plafond, mais son salaire a baissé, sa hiérarchie a baissé.

Guineematin.com : à votre avis, est-ce que c’est sciemment fait ? Comment expliquez-vous cela ?

Yamoussa Touré : le ministre de la fonction publique (Sékou Kourouma, ndlr) est incompétent. Vu cette incompétence, il ne mérite pas d’occuper ce poste. Nous avons assez de cadres dans ce pays. Il faut mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Mais, ne mettez pas des incompétents. Et, nous souffrons de ça dans notre pays. Beaucoup de ministres dans le gouvernement sont incompétents.

Guineematin.com : vous voulez insinuer qu’ils ont été nommés parce que c’est des militants du parti au pouvoir ?

Yamoussa Touré : c’est tout. C’est des politiciens. Or, un Etat se gère dans la justice sociale. Quand tu peux être efficace au profit de la nation, on doit te mettre à ce poste. Mais, il ne faut pas mettre des gens comme ça, qui n’ont aucune formation et qui sont politiciens pour faire la promotion de leur parti. Nous sommes des syndicalistes, donc apolitiques. Mais, nous n’aimons pas voir ce genre de manies. Il faut qu’il y ait des technocrates, qui ont la vision du développement, de la justice sociale et qui peuvent promouvoir le développement de la nation.

Guineematin.com : quelles sont les centrales syndicales qui ont appelé à ce mot d’ordre de grève ?

Yamoussa Touré : nous avons constitué une unité d’actions qui comprend dix centrales syndicales qui sont : la COSATREG que je dirige, l’ONSLG de Yamodou Toué, la CGSL de Pascal Tazi Haba, la CGTG de Fodié Diallo,  l’UGTG de Kandet Sankhon, SIFOG d’Idrissa Diawara, la CGFOG de Mamadi Doumbouya, l’ULTGde Mamadi Magasoba, l’UNTG de Karamoko Sylla, le SAECCG de Lansana 2 Soumah, l’UDTG d’Abdoulaye Baldé.

Guineeamatin.com : vous avez un dernier mot, un appel à lancer ?

Yamoussa Touré : je lance un appel vibrant à l’ensemble des travailleurs et des couches laborieuses de Guinée que demain 1er février, c’est le début de la grève. Cette fois-ci, nous allons en grève pour défendre nos intérêts à nous-mêmes parce que notre bonheur passe par nous-mêmes. C’est une grève d’avertissement pour une semaine, renouvelable au cas où le gouvernement ne nous appelle pas.

Interview réalisée par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17  

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