Jusqu’à preuve du contraire : Antonio Souaré, le saut en terrain connu !

Midas était le roi de Phrygie. Il était très fortuné mais il cherchait obstinément à accumuler davantage des richesses. Lors d’une fête, le dieu Dionysos (Bacchus, dans la mythologie romaine) lui demanda d’exprimer un vœu qu’il se ferait le plaisir d’exaucer. Midas fit alors le vœu que tout ce qu’il touche se transforme en or.

Il se mit à faire le tour de son palais, et tout ce qu’il touchait se transformait effectivement en or : les chaises, les tables, les rideaux, les murs…

A la fin de la journée, extenué, Midas se mit à table. Mais quand il empoigna une grappe de raisins, celle-ci se métamorphosa en billes d’or. Il agrippa une cuisse de poulet et manqua de se casser les dents sur ce qui était devenu de l’or pur. Il prit son verre de vin et but un infect breuvage d’or liquide.

Le roi regretta son vœu, et se dit qu’il allait mourir de soif et de faim au milieu de tout cet or qui l’entourait. Il implora alors Dionysos d’annuler le vœu. Le dieu lui indiqua que pour cela, il devait se baigner dans le fleuve Pactole. Ce que fit Midas, en transformant pendant son bain le sable de ce fleuve en or (d’où l’expression ‘’toucher le pactole’’).

Un triomphe sans coup férir

Sans surprise, le congrès électif de la Fédération guinéenne de football a plébiscité Antonio Souaré. Le président du Horoya Athletic Club vient ainsi marquer d’un autre jalon un parcours déjà fabuleux, et continue de collectionner les succès. L’homme a des qualités avérées et un mérite qui imposent le respect. A l’image d’autres secteurs, son engagement pour le développement du football en Guinée, à travers son club (le HAC, plusieurs fois champion de Guinée) et la réalisation d’importantes infrastructures sportives dont une académie de football à Yorokoguia (Dubréka), ont fini de donner à ce meneur d’hommes une stature qui n’a rien d’une imposture.

Outre le savoir-faire et les initiatives que lui et d’autres membres de la Feguifoot vont apporter, sa fortune acquise depuis belle lurette est un gage de bonne gestion : on ne saurait le soupçonner d’être mû par un quelconque appât du gain.

Comme il l’a fait dans le passé, il devrait d’ailleurs s’attendre à puiser dans son escarcelle pour parer au plus pressé dans  certains cas d’urgence.

Les instances mondiale et continentale du football (FIFA et CAF) ont adressé leurs félicitations au président Antonio Souaré et à toute l’équipe, tout en se réjouissant  des conditions de déroulement du congrès.

Les récriminations de son challenger, l’ancien président de la fédé et candidat malheureux, Salifou Camara dit Super V, n’y changeront probablement rien. Si le perdant a étonné plus d’un en montrant qu’il a toujours les dents longues, les membres statutaires, eux, lui ont fait savoir qu’ils n’avaient pas la mémoire courte. Encore que la récente décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) concernant l’élection de l’actuel président de la Fécafoot au Cameroun, deux ans après les faits (2015), pourrait représenter une lueur d’espoir pour lui…

« Il n’y a pas que des roses sur le rosier, il y a des épines aussi »

Maintenant rien n’est fini pour Antonio, tout commence. D’abord dissiper le climat de suspicion qui plane sur le championnat où certains protagonistes estiment, à tort ou à raison, que son club est favorisé en raison de sa position, et que cette situation pourrait même empirer : jusque là président de la ligue professionnelle, il est maintenant à la tête de la fédé.

Il devra apparaître aux yeux de tout le monde comme un président au-dessus de la mêlée, et pouvoir rassurer les plus sceptiques quant à la neutralité de la fédé.

Surtout qu’un tel cumul existe ailleurs sans que cela ne suscite des polémiques. Au Sénégal, le président de l’US Gorée (que le Horoya a éliminé récemment en ligue des champions), Me Augustin Senghor (par ailleurs maire de l’île de Gorée), n’est autre que le président de la fédération sénégalaise de football.

Il y a peu de tâches aussi ingrates que celle de diriger la fédération dans un pays comme la Guinée. Avec douze millions de passionnés de foot, et autant de « sélectionneurs », comme aimait à le dire le doyen Pathé Diallo, l’on n’est jamais à l’abri du désaveu. La moindre contreperformance du Syli National pourrait transformer l’énorme capital sympathie dont il bénéficie aujourd’hui, en une profonde aversion. Aux hourras actuels pourraient alors succéder les sifflets et les quolibets. Après tout, « une couronne d’épines, ce n’est qu’une couronne de roses d’où les roses sont tombées » (Robert de Flers).

Engagé sur plusieurs chantiers, dont les moindres ne sont pas l’organisation de la CAN 2023 en Guinée ou encore le stade de Nongo qu’il a promis de rendre fonctionnel avant la fin de cette année, sans parler de sa société de jeu (Guinée Games) ou de la compagnie Guinea Airlines, Antonio  Souaré est un homme qui voit grand et qui en veut.

Sur tous ces fronts, il devrait peut-être songer à cette réflexion de Jules Renard : « le succès est un mauvais professeur. Il pousse les gens intelligents à croire qu’ils sont infaillibles ».

Avec les atouts qui sont les siens, le fils prodige de Kindia, en prenant les rênes de la Féguifoot,  vient de faire un saut dans un monde qu’il connaît bien. On ose espérer que là également le succès le suivra comme son ombre.

Jusqu’à preuve du contraire …

Top Sylla

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