Tirs des militaires au camp Alpha Yaya Diallo : le verdict attendu le 14 mars

L’avant dernier virage du procès des militaires accusés pour des tirs au camps Alpha Yaya Diallo s’est tenu le lundi dernier, 06 mars 2017, au tribunal militaire à Kaloum. Pendant cette journée, le débat était très électrique entre avocats de la partie civile, ministère publique et avocats de la défense, a constaté Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Le juge civil, Elhadj Sékou Keita du tribunal militaire a été visiblement « embêté » par les avocats des deux parties au cours de leurs plaidoiries. Ils ont bien démontré leur talent d’orateur.

Les trois jeunes militaires devant le tribunal sont ils vraiment coupables ?

C’est bien cela que la partie civile a cherché à prouver au tribunal au cours de cette troisième audience. Les empoignades étaient intenses entre les parties aux procès. Pour l’avocat de la partie civile « personne ne peut nier les faits. Les prévenus ont eu l’intention de troubler l’ordre public et non attirés l’attention des décideurs, parce que ce n’est pas à eux de le faire », a affirmé Me M’bombi Mara. Pour lui, « l’acte est prémédité. Parce que les quartes militaires l’ont commis en concert. Au même moment et dans les mêmes circonstances, ils ont troublé l’ordre public. Ils ont violé le règlement concernant la discipline militaire. C’est pourquoi je demande leur condamnation à un franc symbolique », a-t-il laissé entendre.

Dans la même lancée que l’avocat de la partie civile, le procureur militaire, Lieutenant Saa Norbert Leno, a estimé que « ce qui est possible ailleurs ne peut pas être possible ici. La comparaison n’est pas raison. Si dans les pays limitrophes, des gens peuvent se lever et réclamer leurs droits par les armes, ici cela est impossible. D’autant plus que nous n’avons pas connu une rébellion ou des forces nouvelles qui ont occupé une partie du territoire. Donc, en aucun moment des individus peuvent impunément réclamer des choses de cette façon », a expliqué l’empereur des poursuites.

Enfin, le parquet militaire a requis 5 ans de prison et le payement de 800 mille francs guinéens pour le lieutenant Amara Kalaban et les lieutenants chef Oumar Condé et Ibrahima Sylla, pour dit il, permettre à asseoir la discipline au sein des forces armées guinéennes.

Les avocats de la défense se sont moqués des arguments du ministère public qu’ils ont qualifiés de discours n’ayant aucun fondement juridique. Pour Me Rafi Rajah, il y a eu violation de la procédure depuis le début du procès. « La composition du tribunal n’est pas normale. Parce que le greffier civil n’a pas d’assesseur militaire. A partir seulement de cette exception déjà, le ministère public devait être ramené à mieux se pouvoir. Depuis le début de la procédure, les accusés devaient avoir des conseils (avocats, ndlr). Une autre violation de leur droits le plus élémentaire », a soutenu la défense.

Poursuivant sa plaidoirie, l’avocat de la défense a souhaité une justice humaine. « Cette alerte est salutaire car elle sauve le peuple de Guinée. Pour preuve, aucun militaire n’a renoncé à l’augmentation de sa solde. Si ces jeunes laissaient la situation pourrir, le pire pouvait arriver à notre pays. Quand l’infraction est boiteuse, le juge s’abstient et renvoi le ministère à se pouvoir », précise-t-on.

Le président de la république a-t-il rendu justice ?

C’est bien ce que soutiennent les avocats de la défense. « Le commandant en chef a déjà répondu aux revendications. Il a donné raison aux jeunes. Lui, il savait que les conditions de vie de l’armée devaient changer. C’est pourquoi il a augmenté les 20% sur la solde de l’armée. Au cas où le tribunal veuille passer outre, nous demandons des circonstances atténuantes. Parce que les condamnés pourraient les mettre dans un sentiment d’injustice » explique Me Rafiou Raja.

Enfin, pour leurs dernières prises de parole dans ce procès, le lieutenant Amara Kalaban et les lieutenants chef Oumar Condé et Ibrahima Sylla ont demandé pardon au peuple de Guinée et à la hiérarchie, même s’ils pensent avoir agir pour le bien être de l’armée.

Le tribunal a renvoyé le procès pour le mardi 14 mars 2017, à 12 heures pour le verdict.

Abdoulaye Oumou Sow pour Guineematin.com

Tél : (00224) 62084801

 

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