Massacre du 28 septembre 2009 : voici le contexte, selon le parti FIDEL

Mémorandum sur le contexte du massacre du 28 Septembre : Soucieuse de la manifestation de la vérité dans le dossier portant la répression inouïe exercée contre la population civile au stade du 28 septembre, la Force des Intègres pour la Démocratie et la Liberté (FIDEL) se fait le devoir de reclasser cette tragédie humaine dans son contexte politique et historique, ainsi, on peut rappeler : 

Le 23 décembre 2008, un groupe d’officiers militaires se désignant comme le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) s’est emparé du pouvoir, quelques heures seulement après la mort du général Président Lansana CONTE. 

En réalité, il constitue essentiellement des militaires accusés de crimes contre violations des droits humains, notamment celle qui a réprimé la grève des policiers à la mi-juin 2008. Le bilan fut épouvantable, une dizaine de policiers a été tuée et une centaine arrêtée.

Ces leaders du coup d’Etat, dirigés par un Président autoproclamé, le Capitaine Moussa Dadis Camara, ont rapidement suspendu la constitution du pays, en s’engageant à organiser des élections en 2009.  L’espoir qui consiste à obtenir  une véritable liberté politique, une justice sociale cohérente et une prospérité économique émergeante, n’a été qu’une illusion catastrophique.

  1. Expropriation des biens privés par l’armée :

Dès la prise du pouvoir, le CNDD a mené une lutte officielle contre les trafiquants de drogue, les criminels impliqués dans la production et la vente de médicaments de contrefaçon et d’anciens fonctionnaires accusés de corruption. Aussi surprenant que cela pût paraître, le nombre des atteintes aux droits humains commis dans le contexte de cette lutte a été très élevé. On peut citer :

En janvier 2009, plusieurs ressortissants asiatiques soupçonnés de fabriquer et de vendre des faux médicaments, ont vu leurs cliniques médicales et leurs restaurants dépouillés.

Plusieurs maisons ont été dévalisées et les habitants détenus arbitrairement et embarqués dans les véhicules militaires. Dépouillés par les soldats de leur argent, de leurs magnétoscopes, de leurs téléviseurs, des ordinateurs, de véhicules, d’argent, de bijoux, de leurs téléphones portables et d’autres objets de valeur, prétextant être à la recherche de produits de contrebandes.

Plusieurs Kiosques appartenant aux habitants des quartiers sur le long de l’autoroute ont été vidés par les forces armées agissant au nom du CNDD, et leurs contenus embarqués dans les camions militaires sous les regards impuissants de leurs propriétaires.

  1. Répressions contre les agents de la justice :

En janvier 2009 à Conakry, un juge a été intimidé par les soldats pour qu’il modifie une décision judiciaire qu’il avait prise dans un litige civil opposant deux femmes d’affaires, dont l’une avait un proche dans l’armée.

Le 23 février à Conakry, un avocat a dénoncé la façon dont deux soldats armés agissant pour le compte d’un plaignant (un général à la retraite) ont tenté d’intimider le juge qui présidait l’affaire.

Le 8 juin 2009 les magistrats, avocats, huissiers, notaires et greffiers guinéens ont menacé de suspendre leurs activités contre l’attitude de la junte militaire. En exigeant la satisfaction de leurs revendications notamment la suppression d’une justice parallèle incarnée par le secrétariat d’Etat chargé des conflits. Ils ont dénoncé l’immixtion de la junte dans le fonctionnement de la justice, les arrestations arbitraires, les menaces et les violations des droits humains commises par les militaires. 

  1. Entraves à la liberté politique :

Le 11 mai 2009 à Conakry, aux environs de 23h 33 minutes Mamadou Mouctar DIALLA, Président des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), a été victime de menace de mort à travers un appel téléphonique anonyme, qui le mettait en garde contre toute critique à l’encontre des membres du CNDD.

Le 18 juin 2009, trois (3) leaders politiques ont été interrompus dans leurs meetings, par les autorités militaires, à savoir :

  • le Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Mr. Cellou Dallein Diallo a été obligé d’annuler sa tournée politique sous l’ordre des autorités militaires locales dans la ville de Kérouané située à 1 000 km de Conakry et ainsi qu’à Sa délégation a été intimée d’ordre de quitter ces deux (2) villes ;
  • le Président du Front Uni pour la Démocratie et le Changement (FUDEC) François Louncény FALL a été contraint par les forces armées locales d’interrompre son meeting dans les villes de Coyah et de Boffa, au nord de Conakry ; et
  • le Président de l’Union démocratique de Guinée (UDG), EL hadj Mamadou SYLLA a été également interrompu par l’armée dans un rassemblement de ses militants à Forécariah.

Le 20 juin 2006 à Kagbélén, une trentaine de militaires dirigée par le ministre chargé de la sécurité présidentielle, Claude Pivi, a fait irruption dans les bureaux du siège local de l’UDG, à la recherche du représentant local du Parti. Plusieurs militants ont été tabassés et dépouillés de leurs téléphones portables. Ils reviennent quelques jours après (le 4 juillet) pour détenir ces militants dans un camp militaire, pendant plusieurs jours.

Le 26 juin 2009, un communiqué de Moussa Dadis Camara, diffusé par la radio d’État, a interdit les activités politiques et syndicales. Tous les meetings organisés par les partis politiques prévus dans différentes villes du pays ont été annulés sur ordre des autorités militaires.

Le 24 Août 2009 aux environs de 22h, des hommes en uniforme militaire ont fait irruption au domicile de Mamadou Mouctar DIALLO Président des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD). Le lendemain Mardi vers 14h, un autre groupe de militaires en tenue civile s’est également rendu au domicile de ce dernier pour son arrestation, alors qu’il était déjà en déplacement pour Paris via Dakar.

Le 12 Septembre 2009, les militants de l’UFDG ont été sauvagement attaqués à leur siège pendent qu’ils préparaient le retour de leur leader à Conakry via Dakar. Selon une source médicale, quatre (4) personnes ont été blessées par les forces de l’ordre.

  1. Confiscation de la liberté expression :

Au mois de juin 2009, les leaders des partis politiques, des syndicats, et de la société civile ont été interdits d’accéder aux médias d’Etat, sans aucun communiqué officiel justifiant les réels motifs de cet acte par le CNDD.

Le 13 juillet 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara a adressé une mise en garde aux journalistes et leaders politiques auteurs de « propos désobligeants » à l’endroit du gouvernement militaire après la publication d’un communiqué faisant état de mouvements de troupes le long des frontières de la Guinée avec la Guinée- Bissau, le Liberia et le Sud du Sénégal.

Le 25 août 2009, une instruction de la junte atterrie chez les opérateurs de téléphonies mobiles de bloquer tous leurs systèmes de messageries (SMS). Cette décision a été motivée du fait que certaines personnes utilisent ce système pour faire des propagandes contre le pouvoir militaire.

Le 1er septembre 2009, le Président du Conseil National de la Communication (CNC), Mr. Jean Raymond SOUMAH a annoncé dans un communiqué rendu public, l’interdiction des sujets politiques dans toutes les émissions radios interactives et dans toutes les langues pour empêcher les critiques à l’encontre de la candidature du chef de la junte.

  1. Confiscation du pouvoir politique :

Le 23 décembre 2008 à la prise du pouvoir, le CNDD avait promis de restaurer l’ordre constitutionnel avant la fin de l’année 2009, pour le retour à un régime civil grâce à des élections législatives et présidentielles libres et équitables, contrairement à sa nouvelle orientation de se présenter aux élections prochaines.

En mars 2009, les Forces Vives de la Guinée, une organisation qui regroupait des partis politiques, des syndicats et des responsables de la société civile, ont présenté au CNDD un calendrier pour la préparation des élections. Ce chronogramme prévoyait la tenue des législatives en octobre et des présidentielles au mois décembre 2009. Bien qu’il fût accepté par Moussa Dadis Camara, le CNDD a pris peu de mesures concrètes pour l’organisation des élections et a refusé d’octroyer un financement à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’administration chargée de l’organisation et de la surveillance des élections.

Le 15 avril, le capitaine Moussa Dadis Camara a menacé d’ôter le treillis pour se présenter à la prochaine élection présidentielle, sous prétexte que les leaders politiques seraient derrière les condamnations de la communauté internationale contre son pouvoir.

Le 17 août 2009, le comité ad hoc mis en place par les « forces vives » (partis, syndicats, société civile) et les autorités militaires pour étudier la possibilité d’organiser des élections avant la fin de l’année 2009, a finalement proposé la date du 31 janvier 2010 pour l’élection présidentielle et le deuxième tour le 14 février suivant. Les législatives sont prévues le 26 mars de la même année. Ce nouveau chronogramme accepté par  Capitaine Dadis CAMARA, a été le début des manifestations organisées et financées par les membres du (CNDD) à la candidature de leur chef.

Le 25 août 2009, à travers une association dénommée ASARO qui aurait été parrainée par le Ministre de l’environnement Papa Koly, des dizaines de convois de camions, de cars et de munis bus remplis de jeunes exclusivement originaires de la région du chef de la junte (Guinée forestière) sont transportés en direction de Conakry. La mission assignée à ces recrus est de manifester pour le soutien à la candidature du capitaine Moussa Dadis CAMARA et réprimer les contre manifestations. À noter que ce groupe aurait été entretenu principalement par  le secrétaire permanent du CNDD, commandant Moussa Keita au moment des faits.

Le 27 août 2009, des mouvements de protestations enregistrés dans les capitales occidentales par les ressortissants guinéens, des manifestations sporadiques dans les banlieues de la capitale (Conakry) contre la velléité du chef de la junte à se présenter aux prochaines élections présidentielles avaient commencé.

Dans une rencontre entre les représentants locaux venus pour soutenir sa candidature, le chef de la junte a annoncé la mort d’un (1) gendarme par les manifestants.

Car on se souviendra encore, le samedi 5 septembre 2009, dans un meeting au stade Konko de Fria, le  Général Sékouba KONATE, ministre de la défense au moment des faits et troisième personnalité du CNDD a déclaré la candidature du chef de la junte en ses termes « Si le Capitaine DADIS s’est présenté à cette élection, c’est parce que vous l’avez réclamé, il  entend respecter la volonté du peuple et le verdict des urnes… ». Une  complicité qui  en dit long.

Lundi 28 Septembre 2009, le Forum des Forces Vives, avait organisé une manifestation pacifique au stade du même nom, pour dénoncer la velléité du capitaine Moussa Dadis CAMARA à se présenter aux prochaines élections présidentielles. Les représailles furent imminentes, bilan : 157 personnes tuées, 1200 blessées, des centaines de femmes violées, les leaders politiques molestés et leurs domiciles saccagés par les forces de l’ordre.

Selon des nombreux témoignages des manifestants, cette répression a été commanditée au premier plan par Capitaien Moussa Ddis CAMARA Chef de la junte ; le Lieutenant Aboubacar Toumba Diakité, l’aide du camp du capitaine Dadis camara et le Colonel PIVI ministre en charge de la sécurité Présidentielle et le Colonel Moussa Tiegboro Camara. 

Mardi le 29 Septembre 2009, trois (3) jeunes manifestants ont encore été tués dans les banlieues par des soldats agissant au nom du CNDD.

Dans une interview accordée à la presse privée, âpres ces évènements douloureux, le chef de la junte à déclaré de n’avoir pas maîtrisé l’armée nationale dont il est le ‘’commandant en chef’’ depuis le 23 décembre 2009 (date du coup d’Etat).

  1. Recommandations du Parti FIDEL :

Pour la quiétude sociale, la stabilité politique et la transparence qu’exige le traitement de ce dossier sensible, qualifié de crime contre l’humanité, la Force des Intègres pour la Démocratie et la Liberté (FIDEL), exhorte :

  • La démission de tous les accusés placés dans l’administration publique de leurs fonctions ;
  • Le transfert du dossier à la Cour Pénale Internationale (CPI) ;
  • La mise en place d’une commission d’enquête sur la gestion calamiteuse du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD).

Conakry, le 2 Avril 2017

Pour le parti FIDEL, le président :

Mohamed Lamine KABA

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