Détournement de 175 millions à la mairie de Tougué : voici les arguments du maire et de son receveur au tribunal

Mamadou Sacko Barry, ancien maire de la commune urbaine de Tougué
Mamadou Sacko Barry, maire de la commune urbaine de Tougué

Comme annoncé dans une précédente dépêche de Guineematin.com, le procès opposant le président de la délégation spéciale de Tougué et de son receveur d’un côté et le préfet de la même préfecture de l’autre s’est effectivement ouvert au tribunal répressif de Tougué. Pendant plus de 9 heures, le tribunal a fait passer le maire, Mamadou Sako Barry, le receveur communal, Moussa Sylla et l’avocat, maitre Alsény Aïssata Diallo, avant de suspendre ce procès qui reprendra ce matin.

Interrogés tour à tour par le juge, Victorien Haba, les deux accusés (Mohamed Sacko Barry et Moussa Sylla) se sont rejeté la responsabilité de la sortie de l’argent estimé à 175 millions de francs guinéens.

Selon Mohamed Sacko Barry, président de la délégation spéciale de Tougué, ce n’est pas lui le responsable de la sortie de cet argent, n’étant pas gardien des fonds : « le receveur me soumet un mandat bien élaboré, je signe et le lui retourne pour effectuer le paiement ».

Mais, le receveur communal, Moussa Sylla, soutient tout le contraire. Selon lui, c’est le président de la délégation spéciale qui est à la fois l’ordonnateur, le liquidateur et le mandateur : « Je ne suis pas responsable des dépenses. Je suis responsable des fonds dans la caisse. Tous les paiements se font par régularisation et non au comptant. C’est monsieur le maire qui négocie tout et il vient me demander de payer le montant. Parfois, je me cache de lui parce qu’il me harcèle pour payer », rétorque le receveur communal Moussa Sylla.

Au cours du procès, il a été révélé que tous les mandats de paiement émis ne sont pas acquittés. Certains n’ont que la signature du maire et de son receveur communal. Parmi les mandats, un qui portait sur le paiement de 14 millions de francs guinéens n’était signé que du secrétaire général de la délégation spéciale et du receveur. La signature du maire étant invisible. Ainsi, le juge a fait reconnaître au receveur le paiement suite à un document irrégulier.

Pour sa part, le préfet de Tougué, Elhadj Abdourahmane Baldé qui est le plaignant, appelé à la barre, a retracé la genèse de ce problème qui paraissait banal au départ. « Lorsque les problèmes sont nés entre les conseillers, on m’a amené à intervenir. J’ai demandé qu’on me fasse la situation administrative et financière de la délégation spéciale. Le résultat m’a été déposé après 8 jours de travail. Alors, j’ai convoqué une réunion avec tout le monde. J’ai lu le résultat et je lui ai remis au président de la délégation. Je lui ai demandé d’aller l’étudier pendant une semaine et revenir réagir », a dit le préfet.

Poursuivant sa narration des faits, Elhadj Abdourahmane Baldé a dit que c’est le maire qui a exposé ce procès à la hiérarchie, en l’accusant d’autres choses. « Monsieur le président de la délégation spéciale, Mohamed Sacko Barry a écrit au gouverneur pour dire qu’on est entrain de liquider la délégation spéciale à cause des positions politiques. Et, il a demandé une mission pour venir inspecter. La mission est venue. Mais, au lieu des 167 millions, elle a trouvé 175 millions francs guinéens manquants (détournés). Le rapport a été fait et déposé », a chargé le préfet, ajoutant que c’est le département qui lui a demandé de porter plainte.

Après les débats contradictoires, l’audience a été suspendue pour 15 minutes. A la reprise, l’avocat de l’UFDG, maître Alsény Aïssata Diallo, venu défendre le président de la délégation spéciale de Tougué, a pris la parole pour sa plaidoirie.

Dans son intervention, l’avocat estime que son client, Mohamed Sacko Barry, est simplement victime de sa volonté de développer Tougué, de son honnêteté, de ses anciens collaborateurs, de sa tutelle et de son appartenance politique. Il a finalement demandé au juge de relaxer purement et simplement son client, ajoutant que bien que le maire soit ordonnateur des dépenses, la loi impose au receveur communal de dire non à un ordre de paiement…

Après la plaidoirie de la défense, l’audience a été suspendue et renvoyée à ce mercredi 24 mai 2017, à partir de 9 heures pour la délibération.

A rappeler que le représentant de l’agent judiciaire de l’État a demandé le remboursement des 175 millions et le paiement de 50 millions par les accusés.

A suivre !

De Tougué, Alpha Ibrahima Diogo Baldé pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 622221178 & 664816451

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