Fait divers : elle passe 5 jours à la gendarmerie de Mamou pour rembourser les frais de son mariage

Mariée en Décembre 2016 à Mody Djibril Barry, un cultivateur, Assiatou Bah, une jeune commerçante est aujourd’hui contrainte par sa belle-famille de rembourser tous les frais du mariage effectués par son époux. Et, pour cause, madame Assiatou Bah aurait quitté Béréko, le village de résidence de son mari, pour s’établir à Mamou ville (où elle exerçait son commerce) afin de prendre soin de sa grand-mère, a appris le correspondant de Guineematin.com à Mamou.

Selon nos informations, dix jours après son départ de Béréko, madame Assiatou Bah a été convoquée à la compagnie de gendarmerie de Mamou par sa belle-mère qui se vantait de ses ‘’relations amicales’’ avec certains officiers de gendarmerie pour la maintenir en prison (à vie) si elle ne remboursait pas les dépenses (à commencer par le prix du sel) effectuées par monsieur Djibril Barry.

Rencontrée par la rédaction locale de Guineematin.com à Mamou, madame Assiatou Bah a expliqué : « Après notre mariage, nous sommes allés à Béréko pour rendre visite à la famille de mon mari. Là-bas, nous avons fait environ deux mois. Mais, les conditions de vie étaient très difficiles parce que je mangeais à peine. On pouvait utiliser un cube Maggi pour préparer trois repas. Donc, nos sauces n’avaient aucun goût », a-t-elle confié.

« En compagnie de mon mari, poursuit Assiatou Bah, je suis venue à Mamou pour trouver un logement afin que je puisse exercer mon commerce et prendre soin de ma grand-mère, vieillissante, aux côtés de laquelle je me trouvais au paravent. Après quelques jours passé à Mamou, mon époux est rentré au village tandis que moi, je suis restée pour continuer à chercher une chambre pour nous. Seulement, toutes les fois que j’ai trouvé une chambre disponible (à 50 000GNF/mois), mon mari disait que c’était cher. J’ai fini par lui suggérer de payer trente mille (30 000) francs et moi, je me chargerais de payer le reste (20 000 GNF) pour compléter l’argent à cinquante mille. Alors que nous étions en discussion pour trouver une solution à notre location, ma belle-mère est venue porter plainte contre moi à la gendarmerie, où je suis allée me présenter suite à une convocation. C’était le vendredi 2 Juin ».

Arrivée à la gendarmerie, Assiatou Bah sera contrainte par l’agent en charge de son audition de s’engager à rembourser les frais de mariage (3 500 000 GNF) effectué par monsieur Djibril Barry. A cela, s’ajoutent vingt-quatre complets et le prix des condiments qui ont été préparés lors de la cérémonie de mariage. « Ils ont réclamé même les slips », a confié Assiatou Bah qui précise qu’elle est restée à la gendarmerie du vendredi 2 juin au Mardi 6 Juin.
Avec l’aide de ses parents et les proches de sa famille, Assiatou Bah réussira à rembourser l’argent et quelques complets. Elle rendra même les ustensiles de cuisine ; mais, il lui restera six complets non payés.

Malgré ces efforts, l’adjudant Mamady Dioubaté qui est chargé du dossier ne lui rendra pas sa liberté. Pire, il menacera : « si tu ne rembourses pas les six complets et que tu payes cinq cent mille francs (500 000GNF) pour le temps que tu fais ici (à la gendarmerie), je vais te transférer à la maison centrale où tu feras six mois de détention ».

Informées de cette situation, les femmes du quartier Poudrière sont allées, le mardi 6 juin dernier, manifester devant la gendarmerie pour réclamer la libération de la femme. Elles obtiendront gains de cause après avoir été reçues par le colonnel Oumou. Assiatou Bah sera libérée ; mais, sous condition qu’elle rembourse le reste des frais avant le 6 Juillet.

La détention de cette dame et la demande de remboursement des frais de mariage après sa consommation sont-elles légale ? Plusieurs juristes rencontrés par la rédaction locale de Guineematin.com répondent par la négative. « Cette détention est une violation des droits de Assiatou Bah. Et, si le mariage est consommé, ne serait-ce que pour une minute, il est impossible de demander un quelconque remboursement des frais de mariage », soutient un magistrat.

Selon nos informations, alors que cette affaire est pendante à la gendarmerie, la belle-famille de madame Assiatou Bah se serait servie de la valise, des habits et des ustensiles que cette dernière avait laissés au village (Béréko) pour trouver une nouvelle épouse à monsieur Djibril Barry.

A noter que toutes nos tentatives de rencontrer l’adjudant Mamady Dioubaté et la famille de monsieur Djibril Barry, notamment sa mère (madame Assoumawo Béréko) à l’origine de la plainte contre madame Assiatou Bah sont restées vaines.

De Mamou, Keïta Mamadou Baïlo pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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