Depuis quelques semaines, des rumeurs font état du blocage d’un montant octroyé par l’Arabie Saoudite pour la rénovation de la mosquée Fayçal de Conakry. Ces rumeurs accusent le Dr Moustapha Koutoub Sanoh d’en être responsable. Le mis en cause a donné sa part de vérité ce samedi 15 juillet 2017 à l’occasion d’une conférence de presse à la quelle Guineematin.com a pris part.
D’entrée, le ministre Moustapha Koutoubou Sanoh a parlé de la genèse de cette affaire de rénovation de la mosquée, qui selon lui remonte vers les années 2009-2010, alors qu’il était secrétaire général aux affaires religieuses. Pour lui, la rénovation de cette maison de Dieu était une priorité en ce sens qu’il avait initié dans le budget national deux (2) milliards chaque année pour la gestion et l’entretien de cette mosquée.
« En 2009-2010, quand je venais, le centre islamique aussi que vous voyez, certains avaient décidé de le donner à une ONG régionale afin qu’elle puisse gérer en lieu et place des guinéens. J’ai refusé. On a fait la rénovation. La salle polyvalente que vous voyez, ça coulait comme c’est le cas aujourd’hui pour la grande mosquée. Nous avons fait la rénovation et le centre est devenu un bijou, c’est une fierté », a-t-il dit.
Parlant de la promesse de financement de la mosquée Fayçal par le prince saoudien Abdel Aziz Ben Abdallah, alors en visite de travail à Conakry (pour la première fois), le Dr Koutoubou Sanoh dit que c’était à son initiative en 2013, alors qu’il était Ministre de la coopération internationale. « Le Premier ministre d’alors, Mohamed Saïd Fofana m’a dit de lui faire une surprise en l’envoyant à la grande mosquée. Nous sommes allés, personne n’a arrangé cette visite, aucune autorité religieuse n’a été associé. Nous sommes allés avec le prince, nous lui avons envoyé là où ça coulait à l’époque. À la sortie de cette visite, le prince m’a dit qu’il va donner cinq (5) millions de dollars pour la rénovation de la mosquée et deux immeubles doivent être construits pour permettre désormais l’entretien et avoir des recettes pour la grande mosquée », a précisé le conférencier.
Par ailleurs, il ajoute qu’en 2014, à sa grande surprise, il a été informé « comme tout un chacun, qu’un bureau d’études a été sélectionné sur une base opaque, de la corruption car il n y a pas eu d’appel d’offres. Je défie quiconque s’il y avait un appel d’offres. Ce bureau d’études, ils ont décidé (il n’a pas accepté de citer de nom) de faire un cahier de charges, ils ont déposé aux autorités saoudiennes afin qu’elles puissent concrétiser cette promesse de financement. 2014-2015, j’avais quitté les affaires. (….). Lors de m’a dernière visite en Arabie Saoudite, sur les instructions du président de la République, j’ai essayé de m’informer sur le retard du démarrage des travaux de Donka. J’ai compris qu’il s’agit de la corruption et la cupidité car l’entreprise a été sélectionnée sur une base opaque », a-t-il révélé.
A en croire Dr. Moustapha Koutoubou Sanoh, lorsqu’il s’est rendu en Arabie Saoudite, il s’est rendu compte que les autorités saoudiennes ont reçu une requête de sept à huit millions de la part des autorités guinéennes. « Quelle cupidité ? Un partenaire vous promets de vous donner une enveloppe pour des objectifs bien précis : faites la rénovation et construisez deux bâtiments. Vous dites au partenaire, la construction des bâtiments, non. Je veux juste, pour la rénovation, huit millions de dollars ! Les saoudiens, ils se posent la question : qu’est-ce qui se passe dans ce pays ? On vous a annoncé cinq millions de dollars qui ne sont pas arrivés vous faites une requête de huit millions et sans les deux immeubles », accuse Koutoubou Sanoh.
Revenant sur les accusations portées contre lui par les leaders religieux et certains médias, Koutoubou Sanoh relativise en disant qu’ils ont juste été manipulés. « Les autorités religieuses, avec tout le respect que je leur dois, n’ont aucune notion dans la gestion. Ils sont manipulés, ils doivent dire à ceux qui sont derrière de sortir eux-mêmes. J’ai beaucoup de respect à ce grand imam (Elhadj Saliou Camara). A mon temps au secrétariat aux affaires religieuses, les imams ne se mêlent pas à la gestion de la mosquée (…) », soutient-il mordicus.
Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
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