« Malapouya n’a ni policier ni gendarme. La sécurité d’ici, c’est moi-même », dit le sous-préfet (interview)

Cette semaine, le correspondant de Guineematin.com à Boké était dans la sous-préfecture de Malapouya. Parmi les personnes rencontrées sur place, le sous-préfet. Au cours de leur entretien, monsieur Sidiki Kourouma s’est plaint contre le désintérêt de ses administrés pour la formation de leurs enfants et aussi du manque de logement pour les fonctionnaires qui refusent souvent de s’y installer comme les agents de la sécurité. « Les problèmes les plus fréquents à Malapouya sont les conflits domaniaux. Ensuite, les problèmes sociaux ; c’est-à-dire, les problèmes de femmes, les problèmes de crédits… », a dit le sous-préfet.

La sous-préfecture de Malapouya est située à 35 kilomètres du chef lieu de la préfecture. Sa superficie est de 1 200 km2 avec une population de 13 000 habitants. Elle est limitée à l’Est par la sous-préfecture de Daramagnaki (Télimelé), à l’ouest par la sous-préfecture de Kolaboui, au nord par la sous-préfecture de Tanèné et au sud par la sous-préfecture de Kolia Lambandji (Boffa). Avant l’indépendance de la Guinée, Malapouya était un Canton ; après l’indépendance, ce Canton a été érigé en Arrondissement. En 1962, l’arrondissement de Malapouya a été érigé, en sous-préfecture ; et, en 1992, la commune rurale de Malapouya a été créée. Majoritairement Landouma, cette population pratique comme principales activités l’agriculture et l’élevage.

Selon Sidiki Kourouma, sa préfecture qui n’a que cinq (5) districts (Malapouya centre, Djolol, Dara, Kounsikansi et Hafia) n’ont aucun agent pour assurer sa sécurité. Comme fonctionnaire administratif, il y a le secrétaire général de la commune, le receveur et les chefs de services tels que la santé, les eaux et forêts, l’éducation et l’élevage. Il n’y a pas non plus d’adjoint au sous-préfet.

Guineematin.com vous propose ci-dessous le décryptage de l’entretien que monsieur le sous-préfet a bien voulu nous accorder

Guineematin.com : Monsieur le sous-préfet, parlez nous un peu de la situation infrastructurelle de votre sous-préfecture ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Nous avons plusieurs écoles primaires qui fonctionnent, le collège est en construction, il est à 80% d’exécution. Mais, le problème est qu’ici les gens n’accordent pas beaucoup d’importance aux études. Cette année par exemple, nous avions un effectif de 40 candidats à l’examen d’entrée en 7eme année ; mais ce sont seulement 24 candidats qui se sont présentés, et les 24 sont tous admis. Si tout va bien, nous serons en possession des clés de notre collège d’ici l’ouverture prochaine. Sinon, beaucoup d’enfants de Malapouya ont abandonné les études ici parce que les parents n’ont pas les moyens de les amener à Boké ou parce qu’ils n’ont pas de tuteurs là-bas. A cause de cela, il y a certains qui reprennent la 6ème année ici alors qu’ils sont déjà admis pour le collège…
Par ailleurs, nous avons quatre postes de santé et un centre de santé qui fonctionnent bien. Le manque criard que nous avons ici ce sont les logements des fonctionnaires, parce que tous ceux qui sont mutés à Malapouya refusent de rester pour manque d’abris. C’est pourquoi, nous lançons un SOS aux personnes de bonne volonté et aux ONG de nous aider à avoir des logements sociaux.

Guineematin.com : est-ce que vous avez un poste de police ou de gendarmerie ici ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Je n’ai aucun agent de sécurité dans toute la sous-préfecture de Malapouya. La sécurité d’ici, c’est moi-même. C’est même honteux pour moi de le dire et c’est le même problème de logements qui a fait fuir le seul agent de sécurité qui était muté ici. Je vous dis, il n’y a ni policier, ni gendarme à Malapouya. Il n’y a que des agents forestiers.

Guineematin.com : Nous entendons souvent des remous entre populations riveraines et sociétés à Malapouya. Quelles sont les sociétés qui sont installées ici ? Et qu’en est-il de nos jours ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Il y a deux sociétés chinoises qui travaillent à Malapouya. Mais, comme c’est des noms chinois et long, moi je les appelle société de carrière de Malapouya centre et société de carrière de Missira. Concernant les mouvements dont vous faites allusion, c’était un manque de structuration. Beaucoup ne connaissait pas leurs droits et devoirs. Quand il y a problèmes, les populations ne savaient pas à qui il faut s’adresser. Maintenant, tout est bien structuré, et les sociétés et la population, chacune passe par nous les autorités avant d’atteindre l’autre.

Guineematin.com : On apprend qu’il y a souvent des travailleurs qui se font licencier dans ces entreprises sans raison valable ? Qu’en dites-vous ?

Monsieur Sidiki Kourouma : D’abord, j’apprécie ces sociétés pour le fait qu’elles respectent l’emploi local. La majeure partie des employés de ces deux sociétés sont de Malapouya. Maintenant, ceux qui vous parlent de licenciement arbitraire, c’est des gens qui sont renvoyés pour des problèmes de vol. Les jeunes que vous voyez assis comme ça n’ont pas de métiers. Et, si tu n’as pas de métier, tu ne peux être qu’un manœuvre ou un gardien. Mais, si tu voles, on ne peut pas te garder. Il faut que les jeunes de Malapouya respectent les règles de travail. La SMB et la société Dinamique Mining ont annoncé leur arrivée ici. Donc, tous ceux qui ont des métiers auront de l’emploi !

Guineematin.com : Quelles sont les actions positives faites par ces entreprises en faveur de la communauté de Malapouya ?

Monsieur Sidiki Kourouma : sur ce, il n’y a pas longtemps, la route que vous avez traversée pour venir à Malapouya, ce sont ces sociétés qui l’ont réalisée. Ils ont construit des forages, ils font beaucoup de cadeaux aussi tels que pendant le mois de Ramadan dernier, ils ont offert des sacs de riz et des sacs de sucre aux populations.

Guineematin.com : Quels sont les délits les plus fréquents que vous traitez ici et quand vous appréhendez un malfaiteur est-ce que vous avez où le garder ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Bon, les problèmes les plus fréquents à Malapouya sont les conflits domaniaux. Ensuite, vient les problèmes sociaux ; c’est-à-dire, les problèmes de femmes, les problèmes de crédits, etc. Alors, comme nous n’avons pas de postes de police ou de gendarmerie ici, si nous prenons un bandit, on le verbalise d’abord et on informe les autorités préfectorales. Si elles nous disent de le transférer à Boké, on l’envoie. C’est comme ça que les choses se passent ici.

Guineematin.com : Merci d’avoir répondu à nos questions.

Monsieur Sidiki Kourouma : c’est à moi de vous remercier. Je suis très content du fait que vous êtes venus malgré la distance toucher du bout du doigt la réalité sur le terrain.

Interview réalisée à Malapouya et décryptée par Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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