« Pas de salaire fixe ici. Et, si tu fais un accident, on te débarque», se plaignent les employés d’une entreprise chinoise

Une entreprise chinoise dénommée HUAYU DU JIANGSU exploite du granite dans la commune rurale de Malapouya, préfecture de Boké, depuis 2015. En recevant l’envoyé spécial de Guineematin.com dans sa zone, le Directeur de la carrière de Malapouya centre, monsieur Li Gao Hong, s’est targué d’avoir les employés les mieux traités. Mais, les personnes concernées, elles, disent être au contraire les travailleurs les plus maltraités…

« Depuis notre arrivée à Malapouya, nous collaborons bien avec les autorités locales, les riverains et les travailleurs. Nous payons régulièrement nos taxes. En ce qui concerne la main d’œuvre locale, nous avons pris la majeure partie des jeunes de Malapouya. Nous envoyons même des travailleurs à la SMB. Nous remplissons tous les critères prescrits dans le code minier. Nous assistons les populations locales dans plusieurs domaines d’activités », a rassuré monsieur Li Gao Hong.

Selon le constat fait sur place par le correspondant de Guineematin.com à Boké, tous les travailleurs de cette entreprise chinoise se plaignent du mauvais traitement qu’ils subissent. Ils ont presque tous la même chanson : pas de contrat de travail, pas de précision sur les salaires, pas de syndicat, aucune considération des Guinéens par les Chinois, etc.

Mandaté par ses pairs pour nous parler, le chef des chauffeurs, Ibrahima Sory Tawel Camara, indique que leur vie dans cette carrière de granites de Malapouya centre n’est pas du tout enviable. « J’ai fait 3 ans dans cette entreprise ! J’étais à Mafrenya avant d’être là. Mais, sans vous mentir, la souffrance que nous subissons ici, je ne l’ai vécue nulle part. Rien ne va ici ! Si ce n’était pas parce qu’on ne peut pas s’asseoir comme ça, beaucoup d’entre nous seraient déjà partis. Nous travaillons ici sans contrat, sans salaire fixe, pas de sécurité. Nous n’avons pas de tenue de travail, nous portons nos propres habits pour travailler. Aucune garantie parce qu’on n’a même pas de syndicat pour défendre nos droits les plus élémentaires. Le jour où on veut renvoyer un travailleur on le renvoie, personne n’ose dire un mot. Ici, le salaire de base, c’est 25 000 GNF par jour et ça aussi on pointe les jours travaillés. Si tu tombes malade et que ça dure, même si c’est 5 jours que tu travailles, c’est ce qu’on comptabilise, on te donne. C’est pourquoi, j’invite tous les médias de faire comme vous. Venez voir la réalité sur le terrain, parce que s’ils savent que la presse est présente, ils vont rentrer dans leurs coquilles. Et puis, ce que ces chinois nous font ici, personne d’autres n’ose faire ça chez eux. Mais, comme les autorités locales aussi ne suivent que leurs intérêts personnels, on ne peut rien », s’est plaint le chauffeur, Ibrahima Sory Tawel Camara.

On apprend que ce sont les mécaniciens qui sont les mieux payés de cette entreprise. Mais, face à l’envoyé spécial de Guineematin.com, le chef de garage, maître Issa Sylla, porte parole des mécaniciens, trouve les salaires très bas, imprécis avec des conditions de travail précaires.

« Nous travaillons ici sans tenue, sans sécurité et sans aucun équipement ! Nous n’avons pas de salaire précis puisqu’on est payé par pointage journalier. On nous paye entre 30 000 et 40 000 francs guinéens par jour. Mais, si tu tombes malade dans ça, c’est tant pis pour toi. On ne te pointe pas ; et, ce sera à toi de te prendre en charge pour tes soins. Comme nous avons une famille à nourrir, nos logements ne sont pas pris en charge, nous prenons par fois plus de crédits que nos salaires avant la fin du mois. Si un travailleur se blesse ici on ne le soigne pas. Si tu fais un accident, on te débarque et on envoie un autre. Vraiment, nous prions le syndicat au plus haut niveau de nous aider à créer une structure syndicale au sein de cette entreprise. Sinon, nous souffrons trop ici…», a-t-il plaidé.

De Malapouya, Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 622 671 242

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