Ousmane Gaoual au Gouvernement : « Non messieurs ! Je ne suis pas «ethno », je suis une synthèse de la Guinée »

Hon. Ousmane Gaoual Diallo

Libre Opinion : D’entrée du jeu, je dois préciser que je n’ai pas de leçon de morale à recevoir du gouvernement de Youla encore moins du  président du RPG arc-en-ciel sur l’unité nationale.

Je suis une synthèse de cette nation que je m’efforce de défendre face à ceux qui, quotidiennement, essaient de saper ses fondements par une politique inique et anticonstitutionnelle.

La déclaration du gouvernement,  suite à nos dénonciations des faits avérés de discrimination ethnique  dans l’administration guinéenne, révèle à la face du monde la triste situation de l’état de droit dans notre pays.

C’est pourquoi mes prises de position sont sans concession face aux dévoiements des lois de la République. Même si mes propos peuvent heurter certains, il n’est pas question de rester indifférent lorsque les autorités guinéennes violent nos droits et nos libertés. Homme engagé dans la lutte politique depuis plus de 30 ans pour l’avènement d’une société démocratique, libérale, ouverte et tolérante, je suis foncièrement contre le tribalisme, la corruption et l’impunité que vous avez érigé  hélas, en système de gouvernement.

Que ce soit,  le Chef du gouvernement, le président de l’assemblée nationale, la présidente du CES, etc…  êtes tous la résultante cette répartition ethnique qui s’est imposé dans notre pays depuis 2010.

Déjà, en décembre 2011, Corinne Dufka, (chercheuse au sein de Human Rights Watch) dénonçait sur Radio France Internationale (RFI), la tribalisation de la fonction publique guinéenne. Elle affirmait : «  Des cadres de l’administration qui ne sont pas issus de l’ethnie du président sont pourchassés. Les militaires malinkés tuent sans aucune poursuite des Peulhs favorables au principal parti de l’opposition de Cellou Dalein Diallo ». L’institution elle-même déclarait : « Des pratiques de nomination discriminatoires ont abouti à la désignation par le président d’un nombre disproportionné de personnes appartenant au groupe ethnique malinké.»

Le président de l’Union des Forces Républicaines (UFR) Sidya Touré abondait dans le même sens en affirmant, j : « Personne ne peut ignorer aujourd’hui que quand vous êtes devant votre télévision ou votre radio, 80% des nominations, concernent une seule région du pays. (…) « 

Comme pour dire que ce ne sont pas seulement Chérif BAH et Ousmane Gaoual qui ont constaté cette situation.

Je ne parle même pas ici des associations ethniques dirigées par des hauts cadres mobilisées quotidiennement au service de la propagande de votre gouvernement.

Oui je suis une synthèse de par mes origines : de mère Bambara (Fanta KONE), de père Peul ; et de culture basse-côtière. Ce qui naturellement m’interdit tout comportement ethnocentrique. Mes propos n’ont qu’un objectif : dénoncer les violations répétés de notre constitution (article 3 et 4) par ce gouvernement et en premier lieu le chef de l’Etat qui se fait encenser par des associations ethniques (fouta fow fii Alpha)

Je suis une synthèse de cette nation avec des racines multiethniques et de culture cosmopolite. Avec des sœurs et des frères mariés aussi bien en forêt qu’en basse côte. Je n’ai donc aucun complexe pour dénoncer vos turpitudes et vos calculs ethno-stratégiques.

Quand Facinet Touré a déclaré que  « les Peuls tiennent les pouvoirs économique, intellectuel et religieux… qu’ils laissent aux autres le pouvoir politique », bien sûr personne n’y a vu de l’ethnocentrisme.

Quand ce sont des cadres véreux, incompétents qui se mobilisent pour mettre en place des associations à caractère ethnique (Manding-Djallon, Roundès, Cadres peuls) pour vanter le champion du RPG, personne ne trouve à redire.

Alors à ce gouvernement moribond, sachez que j’ai eu l’avantage de naitre dans un carrefour entre la Basse Guinée et le Foutah d’une part, la Guinée-Bissau et le Sénégal d’autre part. Un carrefour de rencontres entre les cultures Ballantes, Koniagui, Bassari, Soussou, Diakhanké, Nalou, Mikhiforé, Peules, Malinké. Cela a forgé mon éducation et ma personnalité intransigeante sur les valeurs humanistes de solidarité et de responsabilité.

Vous comprendrez donc aisément que ni sur mes origines, ni sur mon positionnement politique je n’ai de leçon à recevoir d’un gouvernement sectaire qui a érigé l’impunité, la stigmatisation et l’ethnocentrisme en principe de gouvernance.

Ouvrez vos prisons nous y entrerons avec responsabilité pour défendre notre nation dans sa diversité, dans ses valeurs magnifiées par notre hymne nationale. Nous travaillons quotidiennement pour vous faire échouer dans votre projet de renforcement des méfiances communautaires par la division et la haine.

Ce n’est pas en niant le mal que l’on contribue à le guérir. L’avenir de la nation guinéenne repose sur ce défi  qui consiste à dissoudre le fait ethnique dans l’entité nationale. D’autres pays l’on réussit et la guinée peut le faire à condition de vous sortir de sa gouvernance.

Ousmane Gaoual

Député

Vice-président de la commission défense et sécurité

Membre de la commission des lois

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