Kounnady Danso : « des paysans ont été pris et habillés en agent forestier entrain de couper le bois »

Guineematin.com a rencontré le Président de la délégation spéciale de la commune rurale de Koumbia, le 17 juillet 2017 pour parler des sujets de l’heure. Avec M. Danso, par ailleurs responsable local de l’Ufdg, il a été question de revisiter les réalisations de l’équipe communale, les perspectives, les problèmes auxquels les populations sont confrontées en matière d’éducation, de santé, d’agriculture, d’élevage, de l’état de dégradation de l’environnement et bien d’autres sujets d’importance capitale. 

Interview !

Comment se porte la délégation spéciale de Koumbia

Bien voir très bien. Puisqu’il ya une harmonie dans le fonctionnement de l’équipe. Elle fonctionne sans la moindre coloration politique. Elle essaie au mieux de répondre aux aspirations des populations de Koumbia. La commune de Koumbia regorge de nombreuses potentialités. Notre objectif revient à aider à la mise en valeur de ces potentialités dans l’intérêt de la population.

Pouvez-vous nous parler des réalisations de votre équipe, après bientôt deux ans à la tête de cette commune ?

On remercie Dieu à ce niveau. Nous n’avons pas encore les deux ans mais notre bilan est largement parlant en notre faveur. Vous avez un lycée de 3 classes clôturé, équipé avec un forage à l’intérieur. Vous avez deux blocs de latrines de double cabine, un marché amélioré à Dombiadji, deux blocs de latrines au centre de santé de Koumbia, une école à Madina Guilédji, un siège tout fini pour la mairie, un poste de santé à Kamelé, le centre d’accueil et ce n’est pas exhaustif. En perspectives, nous envisageons de réaliser la direction du collège de Koumbia et son équipement, clôturer avec l’appui du PACV les écoles primaires de Koumbia II et de Benbela, trouver un forage pour cette école du centre, restaurer l’école de Dara Bowé, la construire une école à Mboundou Diagné, à Kembéra et à Poutétéya, si tout va bien sûr.

Qui parle de réalisations, parle de budget. Pouvez-vous nous parler du budget de Koumbia ?

Enfin là, il faut la consultation avec les membres. Je ne retiens pas les montants.

Alors comment vous avez réalisé ce que vous venez de citer ?

Bon là c’est avec l’argent de l’AMC pour à peu près 500 millions de nos francs pour la réalisation de la mairie et des latrines au niveau du centre de santé. Pour le lycée, c’est la CBG qui a financé, nous n’avons même pas senti l’odeur de l’argent. Cette année par exemple, la CBG n’a pas donné assez d’argent puisque le montant s’élève à 100 millions. Ce qui a servi de réaliser un puits non achevé à l’école de Kembéra.

A part les taxes superficiaires de l’AMC et de la CBG, quelles sont les autres sources de financement de la commune ?

Il devait y en avoir. Mais, cette année, c’est Balla Kaltamba, à travers une société de prospection qui nous a déposé dix millions de Francs guinéens.

A part les taxes minières, quelles sont les autres taxes collectées par la commune ?

Il y a les taxes sur le marché hebdomadaire mais qui ne rentrent pas comme cela. Celui qui est chargé du recouvrement n’est pas transversal. On le voit évoluer mais les montants versés restent insignifiants. Nous voulons l’enlever. Il y a les charcutiers mais qui sont tous partis puisque nous avons décidé de réduire les vols de bétail. Il y a les redevances de la boucherie et du parc à bétail aussi.

Koumbia a bénéficié de plusieurs réalisations comme l’abattoir, la laiterie, les forages améliorés, qui sont à l’actif du PROGEBE ou encore l’école de Madina Guilédji, financée par la BDEA. Est-ce que vous songez un peu à l’entretien et à la sécurisation de ses infrastructures ?

Effectivement. Les populations s’occupent de l’entretien. C’est comme la laiterie qui est dans de bonnes mains.

Mais, ce n’est pas le cas de l’abattoir où les herbes ont envahi la cour ; les saletés et les boyaux sont rependus même sur l’aire d’abattage ?

C’est vrai, dans notre plan d’action, il est prévu d’entretenir cette infrastructure puisqu’il faut rendre propre là où l’on abat les animaux que nous consommons. De temps en temps, nous effectuons des missions de terrain pour constater et prendre des mesures. Si les herbes ont envahi la partie, nous allons exiger qu’ils nettoient.

Je rappelle qu’il y a deux boucheries et un abattoir à Koumbia centre. S’il y a des problèmes, c’est au niveau de l’abattoir. Les boucheries elles, sont bien entretenues.

Est-ce que par ailleurs vous avez songé à vérifier l’effectivité de certaines réalisations comme l’école primaire de Madina Guilédji où les édifices sont là, mais la cour et les autres installations ne sont pas achevées ?

Vous savez naturellement chez nous, les établissements scolaires sont entretenus pendant les cours. Pendant les vacances, ce n’est pas le cas. Les infrastructures réalisées à Madina Guilédji sont modernes et mieux l’équipement nous réconforte, au vu de la qualité des tables-bancs qui sont très résistants.

Sauf qu’au niveau des sanitaires, de la tuyauterie et même de la cour, on s’aperçoit que c’est un travail inachevé. N’est ce pas votre constat aussi ?

Bon ! Vous savez, les populations ne se prêtent pas à l’investissement. Sinon, l’école de Madina Guilédji est bien faite. Bien sûr, si la cour n’est pas faite, la sécurisation va poser problème.

N’est ce pas un goût d’inachevé ?

C’est un travail inachevé effectivement. Parlant des puits, vu les changements climatiques, les populations devraient les entretenir. Si l’Etat et les partenaires s’arrangent à nous doter des forages, nous devrions être en mesure de les entretenir. Dans la plupart des hameaux, les gens ne sont pas capables de se payer une pompe et presqu’elles sont toutes en panne actuellement. Ce qui les oblige à se tourner vers les marigots avec des conséquences incalculables sur leur santé. Actuellement, il y a la diarrhée et d’autres maladies hydriques qui sont signalées un peu partout à travers la commune.

Pour autant, certains puits ont été victimes d’acte de vandalisme et de vol ?

C’est regrettable. Même le puits du centre ici a été victime de vol de sa pompe. Mais, nous, à notre niveau, nous disons que cela est le fait de spécialistes. Quelqu’un qui ne connait pas les installations ou l’utilisation de ce matériel ne peut pas se lancer dans une telle opération. Mais, jusqu’à présent, nous n’avons pas pu arrêter les auteurs.

Dans votre plan d’action, le pont de Guilédji en souffrance n’y figure pas. Est-ce un oubli ?

Vous savez, à ce niveau, c’est vraiment un oubli de l’ensemble des participants au conseil du programme de développement local (PDL) établi à cet effet. Mais, cet ouvrage comme beaucoup d’autres nous préoccupent surtout en cette saison des pluies.

Autre constat, monsieur le Président, on remarque que la cour du lycée n’intègre pas le collège. Pourquoi ?

Vous savez, la compagnie CBG sont stricts dans leurs prévisions. Sinon, nous avions plaidé qu’elles clôturent à la fois le lycée et le collège. Mais, ils n’ont pas accepté.

Pourtant, il ne leur appartient pas de vous imposer leur programme ?

L’argument utilisé, c’est le poids du financement ; ils nous disaient qu’en le faisant, le projet ne sera pas achevé. Voilà ce qui s’est passé en réalité. Ils ont construit deux bâtiments, une clôture, des latrines et un puits amélioré pour le lycée.

Sauf que ce puits n’a pas d’eau et en pleine saison des pluies ?

Non, à ce niveau, dites plutôt que les installations ne marchent pas. Si non c’est en pleine saison sèche qu’il a été inauguré et il y avait l’eau.

Envisagez-vous de faire la clôture pour le collège ?

C’est notre souhait. En plus de la clôture, il faudra un puits pour les enfants puisque celui du lycée est dans une cour fermée.

Toujours dans le secteur éducatif, est ce que vous pouvez nous parler du besoin en enseignant ?

C’est un besoin criard. Il nous manque réellement des enseignants. Surtout au niveau du lycée. L’année dernière, c’est la commune qui a pris en charge certains enseignants. Nous demandons à l’Etat de nous aider dans ce sens.

Est-ce que vous faites des efforts pour résoudre ce problème, vu des écoles comme celle de Madina Guilédji offrent l’image d’un laisser-aller ?

Bon, nous essayons de travailler dans ce sens. Mais il faut l’implication de la direction préfectorale de l’éducation. S’il y a un laissez aller dans ce secteur, c’est elle qui est accusée. Mais l’Etat doit arrêter de mettre les gens à la retraite sans songer à les remplacer dans les écoles.

Sur le plan sanitaire, Koumbia bénéficie de l’implantation d’un centre de santé amélioré. Quel commentaire faîtes vous en ?

Nous nous réjouissons de ce geste du Chef de l’Etat qui avait promis aux populations de Koumbia cette infrastructure de si grande importance. On remercie le gouvernement et le Pr Alpha Condé qui accèdent à une demande de nos populations. On me fait visiter le chantier de temps en temps et on m’explique les avancées. Je pense que s’il finit, Koumbia n’aura pas à envier l’hôpital de Gaoual et les autres centres hospitaliers d’à côté. Mais c’est à condition qu’il y ait un personnel qualifié pour son fonctionnement.

D’un secteur à l’autre. De la santé nous passons à l’environnement. Quelle est votre appréciation de l’état de l’environnement à Koumbia ?

C’est déplorable. Nous sommes là, on observe et malheur se dirige vers nous sans que nous ne cherchions à nous défendre. Il ya partout la coupe abusive du bois qui a fini par raser notre brousse de ses gros arbres. Vous savez la chose la plus difficile, c’est la gestion de l’homme par l’homme. Les lois que nous mettons en place sont violées par nous-mêmes. Au lieu d’avoir l’esprit de sauvegarde de nos acquis, ce serait mieux. Si on coupait d’un côté pour reboiser de l’autre, c’était encore acceptable. Mais nous coupons et nous ne faisons rien pour la restauration de notre environnement. C’est grave.

Maintenant, quelles sont les dispositions que vous avez prises pour atténuer le phénomène ?

On est là. Réellement nous appuyons les agents des eaux et forêts dans leur mission de protection de la nature.

Mais est ce que vous les surveiller aussi, puisque certains sont accusés de se lancer dans la coupe du bois ou la vente ?

C’est effectif. Il y a des dénonciations à ce niveau. Des paysans ont été pris habillés en agent forestier entrain de couper le bois. Ces gens là font la coupe à l’intérieur là-bas.

Quand cela arrive, qu’est ce que vous faites ?

C’est de les dénoncer et de remonter l’information à leur hiérarchie.

Il vous est arrivé de prendre un agent conservateur en faute ?

Effectivement.

Et qu’avez-vous fait ?

C’est de les prodiguer des conseils.

Et, s’ils récidivent ?

Ils récidivent réellement. Mais nous, la seule chose à notre portée est de remonter l’information. Vous savez là où le bas blesse, c’est là où des permis de coupe sont distribués à des personnes que nous ignorons et qui se donnent pour mission de décimer le peu qui reste de bois dans notre environnement. Si quelqu’un débourse des millions pour s’acheter un permis, il faut qu’il se fasse payer.

A part ces secteurs que nous venons d’élucider, existent t-ils d’autres où vous avez fait des réalisations ?

Oui bien sûr. Koumbia a bénéficié de beaucoup d’infrastructures mais l’essentiel revient à l’entretien. Il nous faut également une attention soutenue pour nos routes et les ouvrages de franchissement. A ce niveau, nous demandons à l’Etat guinéen de nous venir en aide. Nos routes sont impraticables et les ouvrages de franchissement sont dans un mauvais état. Leur réalisation et même l’entretien ne peut pas aller avec notre petit budget d’investissement. Nous voulons aussi concentrer nos efforts dans le reboisement pour sauver nos cours d’eau et protéger notre environnement, du reste très agressé.

Dites nous en quelques lignes les autres problèmes qui vous assaillent sur le terrain ?

Vous savez ici, nos populations sont inculques. Ils sont trop versés en politiques. C’est cette option politique qui freine l’élan de notre développement. Mais depuis notre arrivée, ce phénomène a baissé. Avant, si tu n’étais pas de la mouvance, tu ne pouvais pas te mouvoir. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

D’autres problèmes, c’est aussi la vente de la brousse, le vol du bétail et les conflits éleveur-agriculture. Qu’avez-vous fait pour arrêter ce phénomène qui gagne du terrain à Koumbia ?

C’est une réalité mais au niveau de Koumbia, nous avons informé le préfet qui a pris une décision d’interdiction de vente des domaines de l’Etat. La brousse et les bowés sont des propriétés de l’Etat. Personne ne doit se permettre de les vendre.

Cette décision est-elle respectée sur le terrain ?

Oui elle est respectée à la lettre. Aucun acte de vente n’est délivré ni par nos services ni part les chefs de districts.
Par apport au vol de bétail, nos efforts sont constants et le phénomène a beaucoup baissé. Nous traquons les délinquants sans replis. Pour les conflits éleveur-agriculteur, également, nous sommes constamment à l’œuvre pour trouver un terrain d’entente entre eux. Mais ce n’est pas facile.

Un peu de politique monsieur le Président. Dites nous dans quel état d’esprit vous compter aborder les élections locales ?

Dans un esprit de paix et de quiétude. Nous comptons sensibiliser la population à mener une campagne civilisée et éviter les conflits inutiles.

Comptez-vous être candidat ?

Naturellement, je suis candidat si le peuple l’accepte. Si les populations de Koumbia pensent que je peux faire leur affaire, je compte me représenter. Le cas échéant, je suis un démocrate je soutiendrai qui conque pourra nous conduire vers la meilleure direction.

Quel est votre mot de la fin ?

C’est de vous remercier très sincèrement. Vous étiez à distance et vous avez pensé à moi. Vous avez acceptez de vous déplacer pour venir vers moi et vous avez pris votre temps pour parler des problèmes communs de notre communauté. C’est un acte positif que je salue très sincèrement.

Interview réalisée par Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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