Ibra, le self made man, sensible, généreux et efficace s’en est allé !
Douleur, affliction, tristesse, compassion …. J’ai franchement de la peine à trouver les mots justes pour qualifier mes ‘’maux’’ provoqués par ce coup de massue, cet’ immense chagrin et l’énorme choc qui me tétanisent à l’annonce du décès subite de celui que j’appelais affectueusement ‘’Homo’’. Terrible !
Ibra est un homme entier que j’ai approché et pratiqué dans les salles de rédactions et terrains de reportages, pendant près de 3 décennies dans l’antre de ce qu’était la Grande Maison mère, la RTG de Boulbinet, creuset de jeunes talents aux dents longues, couvés et coatchees par de grands maitres et professionnels aguerris qui ont ecrits les plus belles pages de l’histoire de la presse guinéenne. Ce confrère dévoué et passionné des medias qui rejoint le royaume du silence était de toute évidence, la personnification de la sobriété, de la modestie et de la rigueur professionnelle.
Disponible et serviable à tout instant et à toute épreuve, Ibrahima Sylla était prêt à s’investir pour la bonne cause et la noble mission de la presse. Je le revois encore, au pupitre du Novotel Conakry, illuminant le public select de sa maestria de grand modérateur à l’occasion de la cérémonie solennelle de lancement en juillet 2017 de la ‘’Radio Web Environnement’’ d’Idiatou Camara.
Je garde surtout ces images indélébiles joyeuses de l’homme souriant et radieux dans l’ambiance festive en mai, du 40 eme anniversaire de la Télévision guinéenne à Koloma. Sans doute un Adieux prémonitoire d’un homme avec qui nous avions goupillé et présenté les tous premiers journaux télévisés dans les studios de la nouvelle Maison de la RTG à Koloma en qualités respectives de Rédacteur en Chef et de Rédacteur en Chef –Adjoint pour Ibra. « Homo, on va le faire, on va le réussir t’inkiet ! » me rassurait ‘’mon lieutenant’’ du moment, confrontés que nous étions à des contraintes techniques et logistiques majeurs liées au déménagement à main levée de la RTG, de Boulbinet à Koloma.
Devant ce saut vers l’inconnu, l’homme d’un flegme légendaire avait mis le cœur à l’ouvrage, fait preuve de dextérité et d’habilité insoupçonnées pour nous aider à sortir des journaux télévisés dans un contexte extrêmement difficile et périlleux. Ibra était un homme de challenge et de défis.
L’homme de l’ombre qui apportait la lumière aux autres !
Personnage sobre et pondéré, Ibra est une exception qui confirme la règle dans le monde l’audio visuel guinéen. Très tôt, l’homme avait choisi son itinéraire : celui de travailler pour le collectif et non opter pour le vedettariat.
A la fin des années 80 et au début de la décennie 90, la RTG voyait arriver sur la pointe des pieds, une cohorte de jeunes journalistes et de techniciens passionnés et ambitieux au rang des quels figurait Ibra. Pendant que la plupart d’entre nous rivalisaient d’ardeur et piaffaient d’impatience pour accéder soit au micro de la Radio ou s’installer dans le fauteuil de la présentation télévisée, Ibra, d’un calme olympien, toujours soigneux et rangé avec son cartable en main et des gadgets en bandoulière s’essayait à la réalisation – production télévisée. Un chemin contraignant mais valorisant qui lui permis très tôt d’être ce garçon affuté et pro actif, élément incontournable de la production/réalisation des journaux et des émissions télévisés de la RTG.
Il y avait la main et l’inspiration féconde d’Ibra derrière, les célèbres journaux de l’AN habillés et calibrés que rendait avec élégance et prestance la diva Aissatou Beal Diallo, les grandes émissions TV en plateau (Fauteuil Blanc, Sans Tabou, Grands débats …), les documentaires, les grands directs au Palais du Peuple, à la place des martyrs, au stade du 28 septembre et autre évènements d’ailleurs. Je le revois piloter la décoration du plateau avec ‘’Un Lion’’, Merlin Traore, guider les cadreurs Elza Traore, Sékou Siby, Adramet Barry, Abdoulaye Cissé Watt, instruire le staff de la Régie finale des El hadj Sory Garanke, Alpha Soumah, Sory Barry, Kaloko, Mara, Mahmoud Diallo ou toute simplement coordonner le montage de Bakaye Diaby, Lamine Coma, El hadj Momo Bangoura, Charles André Mao et autres Oumar le Bon. Fidèle au poste, l’homme a déployé son génie créateur et sa touche novatrice dans le casting et l’habillage du légendaire Journal télévisé qui a permis à la RTG de décrocher la palme de la Camera d’Or au Fespaco de Ouagadougou.
Féru des nouvelles technologies de l’information et de la communication, il a été l’un des tous premiers journalistes de la nouvelle génération à démystifier l’ordinateur et ses secrets. Pointilleux et passionné, Ibra est devenu JRI ‘’Journaliste Reporter d’Image’’ bien avant l’heure ! L’homme qui côtoyait les techniciens monteurs et cadreurs était l’un des tous premiers d’entre nous à acquérir un savoir-faire dans le montage vidéo. Une compétence qu’il mettait efficacement à contribution pour l’illustration des reportages et dans l’alignement délicat du journal télévisé.
Au four et au moulin, Ibra était le petit génie qui donnait du mordant et du piquant en habillage aux reportages épiques des feus Papa Sales, Abou Conte, Abdoulaye Akass et autres Fodé Tass Sylla. Coach de les instants, il était le compagnon inséparable des icones du petit écran, Maciré Camara ‘’la Mass’’ et d’Aissatou Pounthioun Diallo lorsqu’elles préparaient l’une, le journal TV et l’autre, l’émission mère ‘’Parade’’. Ibra serviable et affable était toujours derrière le rideau pour aider à sortir un excellent produit.
En outre, tous les grands reporters de la grande époque qui rentraient d’une mission ou des grands sommets de l’extérieur sollicitaient les ‘’services du maestros Ibra’’ pour une meilleure illustration de leur compte rendu.
Personnellement, il m’était d’un apport précieux et efficace dans la préparation et la présentation des Journaux Hebdos TV tout comme dans la gestion quotidienne de la rédaction du JT et dans l’encadrement des jeunes journalistes lorsque notre duo, le tandem des Ibras avait la charge de la Rédaction en Chef du journal télévisé.
Journaliste polyvalent Ibrahima Sylla a animé l’émission radio des NTICs sur la RGI et la RKS ‘’Cliquons ensembles’’ avec pour complices les célèbres techniciens Emile Bamba Mato Zomou, Mamady Nabe et Mohamed Sylla. Il était correspondant de beaucoup de sites locaux et étrangers en Guinée.
En fin pédagogue, Ibra a accueilli, guidé les premiers pas et donné les B a ba du métier à bons nombres de jeunes reporters devenus des valeurs sures de l’audio visuelle publique guinéenne. Ibrahima Keita, Mohamed Sankhon, Saliou Paye, MLS, Makalé Soumah, Adèle Camara, Fanta Oulare, Mohamed 3 Camara, Mafoule Camara, Idiatou Camara… la liste est longue. Ils ou elles ont tous (toutes) bénéficié de l’ouverture d’esprit, de la volonté d’aider et d’appuyer sans réserve de Ibrahima Sylla ‘’Digbé’’.
Ces traits de caractère d’un homme prêt à partager le savoir et le savoir Ibra, les a mis en exergue après son départ de la RTG, au Conseil National de la Communication et plus tard à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire où l’homme, travailleur de l’ombre, a élaboré et proposé (sans bruit) une stratégie et un plan de communication efficace dans la lutte contre Ebola.
De toute évidence, c’est un homme qui a contribué au rayonnement de la RTG et à la promotion des médias guinéens qui nous quitte de façon brutale. Ibra nous sèvre précocement de ses compétences, de sa jovialité et de sa convivialité.
L’homme était d’une noblesse d’esprit et de cœur sans égal. Sensible, généreux, solidaire, humble, sobre, efficace, pondéré, fidèle en amitié et surtout croyant et pratiquant. Oui on peut le témoigner pour l’avoir côtoyé !
Allez, maintenant que tu as rangé micro et cameras, dictaphones et ordinateurs, repose en Paix vaillant soldat de la presse ! Ton ‘’Homo’’ à jamais,
Ibrahima Ahmed Barry, journaliste Consultant, Ancien Directeur Général de la RTG