La République de Guinée et ses partenaires sont aujourd’hui tournés vers le processus d’organisation des élections locales dont les enjeux sont énormes. Les acteurs impliqués dans ce processus rivalisent aujourd’hui d’ardeur sur le terrain dans la perspective desdites élections. Chaque intervenant travaille pour accentuer la sensibilisation, notamment dans les communes où il y a des risques de tension et de conflits liés au processus électoral.
De la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) aux Partenaires Techniques et Financiers (PTF), en passant par la Société Civile, le Ministère de l’Administration du Territoire (MATD), les partis politiques ou le citoyen lambda, chacun est entrain de s’activer. La démarche de chacun de ces acteurs vise à permettre à tous les citoyens guinéens, de choisir leurs élus locaux dans la paix.
Déjà, au niveau de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), après le départ de Bakary Fofana de la tête de l’institution, l’on est à pied d’œuvre. Le nouveau président de l’institution, Maitre Amadou Salifou Kébé, a relancé la machine qui semblait être grippée.
Par ailleurs, monsieur Jacques Gbonimy ajoute qu’après cette présentation, la CENI compte organiser « un atelier de partage, de consolidation et de validation du chronogramme, élargi aux différents acteurs impliqués dans le processus électoral », a-t-il précisé.
Le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) n’est pas en marge de la dynamique désormais enclenchée.
Du côté des partis politiques, tous bords confondus, les préparatifs vont bon train pour les élections locales. Les états-majors des formations politiques s’organisent à l’interne, non seulement pour remporter le maximum de communes mais aussi dans la sensibilisation des militants pour un vote pacifique.
Le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG-Arc-en-ciel), le parti au pouvoir, est « entrain d’envoyer des missionnaires dans les 5 communes de Conakry et dans les préfectures de l’intérieur » en vue de rencontrer les militants.
Pour ce qui est des élections locales à venir, le responsable de la communication du parti au pouvoir dira que « les missionnaires auront également à sensibiliser les militants sur la quiétude, la paix et la transparence devant caractériser ces consultations à la base. Il sera véhiculé à cette occasion des messages de cohabitation et de fraternité. On est en compétition, il ne faudrait pas qu’il y ait de l’animosité. C’est le fairplay qui doit primer sur tout le reste », a confié Souleymane Kéita.
Même son de cloche à l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti de l’opposition. Par la voix de Mohamed Bakary Kéita, président du Comité National des Jeunes de l’UFDG, l’on apprend que ce parti est également au four et au moulin en ce qui concerne les préparatifs pour les élections locales.
Cependant, monsieur Mohamed Bakary Kéita dit que son parti « veut être rassuré que le chronogramme sera respecté, qu’il réponde à nos attentes. Nous allons sensibiliser sur un vote pacifique. C’est pourquoi nous demandons que le fichier électoral soit assaini et que les résultats reflètent la volonté des électeurs. Ça pourra faciliter les choses et les gens sauront que la CENI est de bonne foi », estime-t-il.
D’un autre côté, la société civile guinéenne continue sa mission de veille et d’alerte sur le terrain. Si l’on en croit Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSC-G), les mobilisations continuent pour permettre aux guinéens de choisir leurs élus locaux dans la paix.
Poursuivant, le président du CNOSC a dénoncé la politisation des collectivités locales. « Vous savez que le débat politique guinéen est pervers, il perd sons sens, il perd sa dynamique et sa consistance. Le risque potentiel de corruption de la Guinée, ce n’est pas l’argent, c’est l’ethnie, utilisée comme moyen pour corrompre la conscience collective », a lancé Dr Dansa Kourouma.
Ainsi, le président du CNOSC est revenu sur la tournée récente qu’il vient d’effectuer à l’intérieur de la Guinée dans la perspective des élections locales. « Cela m’a permis de toucher du doigt les réalités des populations rurales. Les zones de production sont enclavées, les routes entre les préfectures sont catastrophiques. Dans ces collectivités, on a des centres d’éducation civique et citoyenne pour expliquer dans tout le pays, les enjeux des locales », a fait remarquer notre interlocuteur.
Dans ses déplacements à l’intérieur du pays, Dr Dansa dit avoir expliqué aux différentes communautés « les grandes dispositions de la Constitution et du Code Electoral en matière de candidature indépendante. Nous voulons promouvoir ces candidatures indépendantes pour ne pas que l’ethnie et la politique politicienne prennent en otage les communautés », a insisté cet acteur de la société civile.
Les citoyens au nom desquels les politiciens parlent, ont également leur mot à dire. Monsieur Ousmane Molota Camara, citoyen domicilié au quartier Taouyah, dans la commune de Ratoma, a confié ses attentes à notre reporter. Pour ce jeune cadre, « le pouvoir doit revenir à la collectivité. Aujourd’hui, nous avons des délégations spéciales ni légales ni légitimes. Nous devons nous en débarrasser pour élire des citoyens proches de nous, des gens qui connaissent nos problèmes, des gens pour qui on a de la confiance et qui ont les qualités requises pour travailler. On parle aujourd’hui d’éboulement de déchets qui tue des concitoyens. C’est une responsabilité collective. S’i y avait des maires élus, ce drame aurait pu être évité. Nos attentes sont immenses et nous essayerons de faire le bon choix pour que l’on puisse enfin respirer profondément », a martelé ce jeune leader.
Les Partenaires Techniques et Financiers de la Guinée sont également actifs en cherchant à contribuer à l’organisation d’élections locales apaisées. C’est le cas du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Tirant les leçons de la présidentielle d’octobre 2015, le PNUD a mené certaines activités en prélude aux élections locales à venir.
· Un atelier de formation à l’intention de trente-trois (33) correspondants de l’Agence Guinéenne de Presse (AGP) en provenance des préfectures et de Conakry a eu lieu du 13 au 15 avril 2017. Le thème de l’atelier a porté sur : « Rôle et responsabilité des medias de proximité avant, pendant et après les élections communales ».
· Une formation des formateurs en BRIDGE à l’intention des membres et personnels de la CENI et ceux des Organisations de la Société Civile (OSC). Les participants étaient au nombre de 22 dont 6 femmes. Deux autres formations modulaires en BRIDGE ont été tenues pour 30 journalistes des Médias privés dont 30% de femmes du 09 au 16 juin 2017 et une autre à l’intention de 30 femmes leaders du 19 au 27 juin 2017.
· Un séminaire sous régional d’échanges sous le thème : « Les Leçons apprises des élections de 2015-2016 en Afrique de l’Ouest » s’est tenu du Mardi 25 au jeudi 27 juillet 2017 à Conakry. Ce séminaire est une initiative conjointe du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), de la Division de l’Assistance Electorale (DAE) des Nations Unies et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Les travaux ont porté sur des présentations par pays portant sur plusieurs thématiques notamment la Délimitation électorale, l’identification des électeurs, la liste électorale, l’Organisme de gestion des élections, la logistique, les élections et la sécurité.
Comme on le voit, de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) aux Partenaires Techniques et Financiers (PTF), en passant par la Société Civile, le Ministère de l’Administration du Territoire (MATD), les partis politiques, chacun y met du sien pour que les prochaines élections locales soient une réussite. Toutes les actions entreprises dans ce sens visent à minimiser les risques liées aux confrontations entre les communautés, entre les ethnies ou au sein des ethnies.
Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com
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