Lamine Guirassy, PDG du Groupe Hadafo Médias : « le secret de la réussite, c’est le travail »

Nos confrères du Groupe Hadafo Médias se préparent à leur rentrée le lundi prochain, 04 septembre 2017, à travers la reprise officielle des émissions phares comme les Grandes Gueules (GG), l’émission la plus écoutée du pays. Pour comprendre comment le groupe prépare cette rentrée, Guineematin.com a envoyé deux reporters à la rencontre de Lamine Guirassy, PDG du Groupe Hadafo Médias et animateur principal des GG.

Décryptage !

Guineematin.com : Bonsoir monsieur Lamine Guirassy, vous démarrez la nouvelle saison ce 04 septembre. Comment vous vous préparez à cette rentrée ?

Lamine Guirassy : je n’ai jamais eu de pression d’adrénaline comme cette année ! C’est assez symptomatique ce que je dis parce que c’est 10 ans bientôt l’année prochaine. Au mois de janvier, la radio espace aura 10 ans, mais une telle pression, peut-être que ça peut se comprendre dans ce sens que quand on a l’adrénaline on veut tellement satisfaire les auditeurs et animateurs, ça devient tellement compliqué. Mais, ça se prépare très très bien ! La nouveauté, c’est qu’on n’aura pas une émission comme les Grandes Gueules à plein temps sur la radio espace mais aussi espace TV aussi, mais ça se passe très bien.

Guineematin.com : quelle est la nouveauté, la surprise à laquelle on peut s’attendre ?

Lamine Guirassy : alors, la surprise, l’année dernière, on avait le Premier ministre Mamady Youla dans les locaux de la radio Espace pour démarrer la saison. Cette année, c’était le professeur Alpha Condé qui était sensé être dans le studio de la radio espace. À la dernière minute, ça ne s’est pas fait parce qu’il y a trop de protocoles, si je peux le dire ainsi. Quand il nous a invités au mois de Ramadan, je l’ai encore relancé par rapport à ça, Tibou était sensé gérer un peu cette invitation. Mais, bon, j’ai dit qu’on va faire la rentrée le 4, on m’a dit que le président ne sera pas là à cette date. Mais, bon, on verra…

Des surprises, c’est comme ce que j’ai dit, l’émission va passer du lundi au jeudi. Lors de notre tournée en Guinée Forestière l’année dernière, le constat comme je l’ai dit, le peuple souffre, il faut donner la parole à cette population, à ces auditeurs et désormais c’est ce que nous allons faire. Les vendredis, c’est « Les vrais gens » que nous allons mettre à l’antenne à la place des animateurs. Cette fois ci, les auditeurs interviendront en direct et pourront interpeller les invités en direct et dire un peu ce qu’ils ont dans le ventre. C’est un peu ça la nouveauté.

Guineematin.com : vous avez une forte équipe qui anime l’émission. Est-ce que c’est la même qui sera reconduite ?

Lamine Guirassy : Oui ! On a décidé de reconduire la même équipe ; même si j’avais décidé de ne plus faire partie de cette équipe. Ça, c’est un scoop pour Guineematin et avec l’appel des auditeurs et téléspectateurs. Vous savez, quand vous vous habituez à des gens pendant 10 ans, ça devient très difficile du jour au lendemain de changer ou de vous occuper que de l’administration de la boîte. Donc, cette année encore, on va y aller en faisant plus de contacts avec ces auditeurs qui nous regardent et qui nous suivent à l’international. Ce départ à Dakar au mois d’octobre pour essayer de rencontrer nos compatriotes qui vivent de ce côté. C’est important, « les Grandes gueules tour », on est resté trois à quatre ans sans le faire ; mais, bon, avec Ebola qui était passé, ça devenait un peu compliqué. On finit cette année, mais il faut plus sur le terrain, c’est ça le journalisme.

Guineematin.com : l’année dernière à l’occasion d’une interview que vous nous aviez accordé, vous aviez promis un déménagement vers Bonfi et l’arrivée d’Espace TV sur le bouquet Canal plus. Qu’est-ce qui explique ce retard ?

Lamine Guirassy : alors, ce retard (rire), on dit l’homme propose et Dieu dispose. Vous allez voir le siège en construction du côté de Bonfi qui est à 80%. Canal, tout était prêt parce qu’il y avait des spots qui passaient à l’antenne. Après, il y a eu des pressions politiques pour ne pas que la chaîne se retrouve sur le bouquet Canal plus. Honnêtement, ce n’est pas une fin en soi ! Aujourd’hui, nous touchons 54 millions de foyers par jour, ce qui n’est pas rien du tout. Nous sommes sur le satellite le plus populaire de l’Afrique subsaharienne ! Aujourd’hui, nous avons développé une application, vous pouvez suivre espace partout. Je pense qu’il fallait par là aussi parce que le monde de demain, c’est le numérique comme maintenant on nous suit sur Facebook.

Guineematin.com : aujourd’hui, il y a beaucoup d’auditeurs qui estiment qu’il y a trop de commentaires des animateurs avant la prise de parole des invités. Est-ce qu’il y a des changements qui sont prévus ?

Lamine Guirassy : (rire) vous êtes trop fort ! Oui, il y a des changements qui sont prévus dans ce sens-là, parce que tout simplement l’émission pour nous si on se dit qu’on va changer tous les jours parce que les auditeurs veulent si ou ça… Vous vous souvenez le début de l’émission, c’était des rafales de critiques dans tous les sens. C’était du jamais vu en Guinée ; donc, on disait « mais où ils débarquent ces gens là ? » Pour nous, commenter l’actualité au début de l’émission, c’est de prendre le petit café. « Les Grandes Gueules », c’est une émission comme discuter en famille, à force d’enlever ça, on se dit, ça fait combien de temps ça existe, cette émission ? Changer chaque année, ce n’est vraiment pas le but des « Grandes Gueules ». Vous avez raison, cette année, nous allons voir s’il y a des sujets à brosser au-moins à près de dix (10) minutes et non 26 minutes comme on a l’habitude de le faire. Si vous voyez même l’écran pub de 9 minutes 26′, on l’a enlevé. C’est bien vrai que nous sommes une radio commerciale. Mais, j’ai tellement de respect pour nos auditeurs que je me dis que tout ce temps de publicité, c’est énorme. Il faut comprendre, je peux ne pas aimer la publicité, comme je l’ai fait l’année dernière, j’ai eu à faire un veto, j’ai dit que je ne veux plus de publicité dans cette émission à partir de 9 heures 26, c’est pourquoi l’écran a d’ailleurs sauté. Donc, ça nous a créé quelques petits soucis, les annonceurs qui étaient programmés à cette heure pendant une année de contrat et tout. Mais, vente pour vente, ça ne m’intéresse pas.

Guineematin.com : l’émission là multiplie des succès depuis plusieurs années. C’est aujourd’hui l’émission la plus écoutée ; dites-nous, quel est le secret ?

Lamine Guirassy : c’est d’être soi-même. Je pense que cette équipe, c’est que tous les jours il y a une remise en question. Dire qu’on fait ça, le peuple nous regarde. Quand je dis le peuple nous regarde, le secret de la réussite c’est le travail. Je ne me mets jamais en tête que je suis le patron de cette boîte, que je ne viens pas à Espace à 4 heures 50′ pour prendre l’antenne à 6 heures. Il y a une préparation. C’est assez compliqué, si on vous pose la question « c’est quoi la réussite », le secret de la réussite, c’est le travail.

Guineematin.com : c’est le travail qui constitue votre force. Qui dit force, dit faiblesse. Quelle est votre faiblesse ?

Lamine Guirassy : les faiblesses de cette émission, je le dis à chaque fois, je recadre même souvent les animateurs à l’émission. Ils doivent se mettre là-dans. Ils doivent faire la différence entre Nouhou Baldé, administrateur de Guineematin, journaliste et Nouhou Baldé tout court. C’est-à-dire, j’invite Nouhou Baldé dans cette émission pour parler de Télimélé, il faudrait que je pose des vrais questions ; pas des questions entre amis. Ça n’a pas de sens ! Voyez-vous ce que je veux dire ? Donc, les faiblesses, souvent, c’est un peu ça. Maintenant, tout être humain, il arrive souvent qu’on ne puisse pas contrôler si vous voulez certaines choses, ça fait partie de la vie.

Guineematin.com : monsieur Guirassy, vous êtes aujourd’hui une référence. Quel conseil vous pouvez donner à nos confrères journalistes et aussi aux hommes politiques de ce pays ?

Lamine Guirassy : nous journalistes, c’est d’abord qu’on se respecte. Parce que pour moi, c’est très important. Avant vous, il y a d’autres confrères qui m’ont posé la question, à savoir par exemple pourquoi le président ne nous écoutait pas, enfin ne nous accordait pas d’interviews ? J’ai tout simplement dit que parce qu’à un moment il faut qu’on se respecte. Je ne peux pas comprendre que vous êtes journaliste et tout ce qu’on se dit ici, le soir, c’est à Sékoutouréya ! Ça, je ne peux pas comprendre. Je peux comprendre qu’il y ait une concurrence loyale ou déloyale, etc. Mais, je suis contre que je sois concurrent à Nouhou Baldé, que je le déteste au point que je sois la personne qui part rapporter des choses chez le président de la République ou à la Haute Autorité de la Communication. Malheureusement, c’est un tout petit peu le problème que nous avons au sein de notre corporation. Si, on essaie de régler ça, je ne peux pas dire qu’il n’y aura pas de problèmes ; mais, unie, nous serons toujours plus forts.

Les politiques, c’est qu’ils doivent respecter les journalistes. J’étais juste écœuré la dernière fois quand le président est parti en France sur invitation du président François Hollande, qu’au lieu d’aller avec des journalistes, je veux parler de vous, que c’est un Nouhou Baldé qui va dire « c’est moi qui vais accompagner le président »… C’était juste incompréhensible pour moi, je peux dire que ce n’est pas possible. Ce ne sont pas les patrons de médias que le président invite ; mais, les journalistes. Donc, il y a un moment, il faut qu’on se dise les choses en face. Moi, j’ai trouvé ça très dur. J’ai trouvé ça pas normal, j’ai trouvé ça incompréhensible. Je me dis que ces journalistes qui travaillent pour nous, je parle maintenant en tant que patron de médias, on doit les respecter ; et, à chacun sa place…

Guineematin.com : monsieur Lamine Guirassy, c’est pratiquement la fin de cet entretien, à moins que vous n’ayez un dernier mot à placer ?

Lamine Guirassy : C’est dire merci à Guineematin, merci à tous les auditeurs et téléspectateurs de radio Espace, d’Espace TV, de Suite Fm, de Kalack radio, bientôt ; en même temps de nos auditeurs en région. Nous serons là le 4 septembre pour la rentrée, encore pour 10 mois. Certes, ça va être très difficile ; mais, il faut se préparer aussi et surtout nous rentrons un tout petit peu je ne peux pas dire dans des périodes de perturbations, car il y a des élections en vue, ça veut dire qu’il y a beaucoup d’intérêts en jeu, surtout les hommes politiques ; et, les journalistes deviendront plus facilement les cibles. C’est donc le moment de s’unir parce que tout simplement unie nous sommes plus forts.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo et Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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