Réformes engagées par le ministre Yéro Baldé : des enseignants chercheurs s’organisent contre les «assistants saboteurs» (Interview)

La nouvelle mesure prise par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique sous l’ère Abdoulaye Yéro Baldé, visant à motiver les Professeurs, Maîtres de Conférences et Maître Assistants par des primes jugées consistantes a fait des jaloux parmi certains ‘’Assistants’’ chargés de Cours dans les universités publiques du pays. A telle enseigne que les mécontents ont tendance à vouloir donner à l’initiative une connotation ethnique. C’est justement pour barrer la route à ceux qu’ils qualifient de « saboteurs » que des enseignants chercheurs évoluant dans les institutions d’enseignement supérieur du pays ont décidé de s’organiser pour aider le ministre Abdoulaye Yéro Baldé à faire aboutir les réformes engagées. Pour en savoir plus, votre quotidien en ligne a tendu son micro au chargé de la communication du Collectif, Alpha Oumar Baldé, un ‘’Assistant’’ connu sous le sobriquet d’AOB en service à l’Université de N’Zérékoré.

Décriptage !

Guineematin.com : veuillez vous présenter aux lecteurs de votre quotidien en ligne ! 

Alpha Oumar Bah (AOB) : Je suis Assistant en service à l’Université de N’Zérékoré. En même temps, je suis chargé de communication du Collectif des Enseignants Chercheurs et Diplômés de Guinée pour l’Appui aux Réformes engagées par le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Qu’est-ce qui a motivé la création de ce collectif ?

Ce collectif a vu jour, il y a de cela belle lurette. Immédiatement après déclenchement de ces réformes dans les universités publiques et privées par le ministre, nous jeunes enseignants chercheurs avons jugé nécessaire de nous organiser pour appuyer le chef du département, à tout prix, dans la mise en œuvre de son initiative. Nous l’avons décidé dans l’intérêt supérieur de la nation guinéenne.

Justement, votre département vient de prendre des mesures de motivation des Professeurs, Maître de conférences et Maîtres Assistants. Mais, nous avons lu dans la presse en ligne dont Guineematin.com la réaction de certains ‘’Assistants’’ qui dénoncent et condamnent ce qu’ils qualifient d’initiative sélective du ministre.

C’est bien à cause de cela que nous voulons organiser une conférence de presse, le mardi prochain pour expliquer à l’opinion nationale et internationale que les réformes sont engagées dans l’intérêt de tous les enseignants chercheurs, surtout nous qui avons le statut d’Assistants.

Comme vous le savez, dans ces réformes, il y a eu un protocole qui a été signé entre le ministre de l’enseignement supérieur et son homologue des finances. Dans ce protocole, il est dit que le ‘’Professeur’’ de titre à l’Université doit bénéficier de 10 millions de francs guinéens de prime mensuelle, le ‘’Maître de Conférences’’, 8 millions et le ‘’Maître Assistant’’, 6 millions.

Dans ces mesures, le jeune ‘’Assistant’’ qui, dans les conditions normales, ne doit pas être titulaire d’un cours, en tenant compte des textes règlementaires de l’enseignement supérieur en Guinée, est encourager par le ministre à des formations doctorales afin de changer leurs statuts.

Par cette initiative, le ministre a décidé de financer la formation des jeunes enseignants chercheurs en vue de les permettre d’avoir les titres et grades habilités à enseigner à l’Université. Etant entendu qu’un Assistant a le même diplôme que les chargés de cours au Collège et au Lycée.

Aujourd’hui, cela si intéressant qu’il suffit juste de chercher une admission dans n’importe quelle autre Université à travers le monde pour que le département de l’enseignement supérieur l’intégralité de la formation.

Nous nous sommes dit donc que c’est vrai que nous voulons de l’argent, c’est fondamental en tant que jeunes, mais la formation prime avant tout. C’est pourquoi, nous avons décidé de nous lever pour barrer la route à nos collègues qui disent que si les Assistants ne sont pas pris en compte dans les primes, il faut annuler carrément ce protocole d’accord. Nous allons communiquer davantage lors de notre conférence de presse du mardi prochain.

Nous sommes donc engagés à nous battre pour faire respecter cet accord qui va dans le sens de l’intérêt supérieur naturellement des jeunes guinéens, parce que cela s’inscrit dans le cadre de la formation des formateurs. On ne peut pas parler de bons fruits dans les universités sans de bons enseignants chercheurs. Et cela passe absolument par les différentes formations, à savoir : le master, le doctorat, et avec des publications qui feront que l’homme peut avancer un peu en grades : Maîtres de conférences et Professeurs.

A votre avis qu’est-ce qui motive alors vos collègues à vouloir saboter l’initiative du ministre ?

C’est juste à but purement lucratif. La preuve en est qu’au début, nous étions sur les mêmes longueurs d’ondes avec nos collègues. Mais, nous avons compris par après qu’ils étaient avec nous sans convictions. C’est juste l’argent. Ils disent que si le Maître Assistant à 6 millions, nous ‘’Assistant’’ devons avoirs 4 millions.
Or le ministre a expliqué que ce n’est pas parce qu’il ne veut pas mais il ne peut pas, parce que nulle part, dans les conditions normales, nous sommes homologues à l’enseignement supérieur, deux après, tu changes de statut, voilà tu es engagé, deux ans après tu deviens ‘’Assistant’’, ‘’Maître Assistant’’ et ‘’Maître de conférence’’. Ce sont ces étapes-là. Dans les conditions normales, un Assistant ne doit pas tenir un cours dans une université.

Le ministre veut donc nous ramener, par son initiative, vers l’excellence pour pousser les jeunes à aller se former. C’est là où nous soutenons le ministre, parce qu’il nous donne l’occasion plus que jamais à aller vers la formation et la recherche des compétences. C’est en cela que nous nous le soutenons et c’est ce qui constitue le point de divergence entre les collègues et nous.

Malheureusement, certains Assistants sont conscients qu’avec leurs âges avancés et tout ce qu’ils ont eu à faire dans le circuit de l’enseignement supérieur, ils ne peuvent plus avancer en grade. Et comme ils ne pourront pas bénéficier des avantages de cette réforme, ils ne veulent quelqu’un d’autre en bénéficie.

Dans certains milieux, les mauvaises langues ont tendance à donner une connotation ethnique à ce débat…

C’est un non évènement. Le mardi vous serez davantage imprégné. Toutes les composantes sociales de notre cher pays, toutes les ethnies, toutes les religions vont se retrouver là, parce que nous avons des antennes dans toutes les institutions d’enseignement supérieur. Interrogez ceux qui parlent sur les adresses des universités qui sont avec eux. Vous allez voir que c’est un groupuscule de jeunes, un groupuscule de personnes, pour des intérêts égoïstes ou non avoués avec des mains noires naturellement derrière qui sont entrain de pousser ces pions-là.
Nous nous sommes convaincus que nous ne soutenons pas monsieur le ministre sur base de l’ethnie mais en tenant compte des réformes engagées. Il a fallu lui aujourd’hui pour que nous soyons là où nous sommes. Imaginez qu’un Professeur d’université prenne 10 millions à la fin de chaque mois. C’est du jamais vu en Guinée. Seulement les primes qui n’ont rien à voir avec son salaire de base.

Quand vous parlez de mains noires, vous faites allusions à qui ?

Nous avons des informations par rapport à des personnes qui sont frappés par l’âge et qui sont parfois des promotionnaires des ministres qui n’ont que la maîtrise. Ces gens là sont conscients que quelque soit ces réformes, ils ne leur restent que peut-être 2 ans ou 3 ans au maximum dans la fonction publique. Comme ils ne se sentent donc pas concerner par cette réforme, ils vont tenter par conséquent de mobiliser par tous les moyens pour boycotter l’initiative du ministre.

Quand vous parlez de promotionnaire de certains ministres qui n’ont que la maîtrise, nous savons que le Recteur de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry est dans cette situation. Voulez-vous dire que c’est lui qui manipule ?

Absolument pas. Je ne cite pas de nom ici. Mais, la logique voudrait que le mardi nous allons parler sans langue de bois autour des différentes réformes engagées par notre département.

Avez-vous un autre message à nous confier ?

Tout le message que j’ai, c’est d’appeler à la conscientisation et au sursaut national. J’invite tous les ‘’Assistants’’ à soutenir le Collectif des Enseignants Chercheurs et Diplômés de Guinée pour l’Appui aux Réformes engagées par le département de l’enseignement supérieur, parce que c’est pour nous. En 2, 3 ou 5 ans, l’enseignement supérieur va appartenir à cette nouvelle génération.

Aujourd’hui, la moyenne d’âge avoisine les 70 ans à l’enseignement supérieur. Vous allez voir peu de jeunes qui vont se réclamer ‘’Docteur’’. Si nous soutenons donc ces réformes, je pense que dans 2 ans nous serons les heureux. Il ne faut pas que le gens voyent de l’argent. Il faut qu’on aille vers l’excellence, il faut qu’on aille vers la formation. Il faut que chacun tente à travers les sites internet de décrocher des inscriptions en ligne, et le département va faire le reste.

Entretien réalisé par Idrissa Sampiring DIALLO pour Guinematin.com

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