Il suffit d’une trentaine de minutes pour parcourir la distance qui sépare Siguiri de Fatoya, à travers une route non-bitumée et très fréquentée. Toutes les localités situées dans le Bourré, à savoir Fatoya, Kintinia, Ballato, Boukaria et autres, utilisent le même chemin que les engins de la SAG qui exploite les gisements aurifères de Siguiri.
Après un parcours de trois (3) kilomètres au Nord du district de Boukaria, on se retrouve dans la petite ville de Fatoya, perchée sur une petite colline, entourée de mines d’orpaillages. Dès la rentrée, on aperçoit l’ouverture de plusieurs mines industrielles ou artisanales qui font l’objet de toutes les convoitises.
Avec fierté, cette jeune maman n’hésite pas un instant à demander aux autres femmes qui sont dans la même situation qu’elle, de tenter l’aventure dans les mines d’orpaillages de Fatoya. « Je ne regrette pas un instant d’être venue ici avec mon mari. D’ailleurs, je demande à toutes mes sœurs guinéennes de venir chercher leur avenir. Au lieu de faire le banditisme ou la prostitution, il est meilleur de venir souffrir ici et gagner dignement sa vie. Mais, à celle qui ont la soutenance nécessaire, je leur demande de continuer les études pour échapper aux souffrances de la vie », a dit Marie Thérèse Kamano.
Même si ces mines sont à ciel ouvert, certains orpailleurs n’hésitent pas à aller plus loin sous la terre à la recherche de l’or. Pourtant, rares sont ceux qui prévoient des mesures de soutènement, malgré des risques énormes éboulements. Il ne se passe une semaine sans qu’on enregistre un éboulement qui emporte des vies humaines. Il y a quelques jours, deux jeunes femmes, dont une en état de famille avancé, ont perdu la vie dans un éboulement.
Pourtant, il existe une brigade dans le district de Fatoya, chargée de réglementer l’exploitation. Cette police des mines d’orpaillages, appelée Tomboloma, joue le rôle d’administration. Abdoulaye Camara, le secrétaire général, reconnaît la fréquence des éboulements mais accuse certains orpailleurs qui ne respectent pas les instructions dictées par la brigade. « Ici, il y a souvent des éboulements qui font des victimes. Nous prenons toujours des dispositions pour interdire l’accès dans certaines zones, mais ils refusent généralement d’accepter. On les enlève dans une zone pour les placer ailleurs, mais s’ils ne gagnent pas là bas, ils vont revenir. Ils savent bien qu’ils risquent de perdre leurs vies en travaillant dans certains endroits, mais c’est l’or qui intéresse ici les gens. Les deux femmes qui sont mortes avaient été chassées à plusieurs reprises avant qu’elles ne meurent suite à un éboulement avant hier. Certaines zones sont dangereuses », a-t-il expliqué.
En ce qui concerne l’environnement, la petite localité de Fatoya ressemble à une zone sahélienne. Aucune forêt, aucun espace verdoyant aux alentours. Tout a été décapé par les entreprises ou par les orpailleurs. Pire, aucune mesure n’est mise en place pour restaurer le couvert végétal.
De Fatoya (Siguiri), Mouctar Barry envoyé spécial de Guineematin.com
Tél. : 621 607 907