Conakry : l’épouse du chef de l’opposition guinéenne et une ONG empêchées d’assainir la prison civile

Avec un appui financier et matériel de l’épouse du chef de file de l’opposition guinéenne, Hadja Halimatou Dalein Diallo, l’ONG Prisonniers Sans Frontières (PRSF) avait voulu ramasser les tas d’immondices entassés à la maison centrale de Conakry (la plus grande prison civile du pays, Ndlr), ce dimanche 1er octobre 2017. Mais, peu après le début du transport des ordures, un ordre venu de la Direction Nationale de l’administration pénitentiaire est venu imposer l’arrêt immédiat des travaux, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Les travaux de ramassage de ces tas d’immondices à la prison centrale de Conakry (qui commence à pourrir la vie des détenus à cause des odeurs nauséabondes qu’elles dégagent) avaient bien commencé puisque les camions avaient fait au moins quatre tours. Mais, dès l’arrivée de l’épouse du chef de file de l’opposition guinéenne sur les lieux, la panique s’est instaurée dans la tête des agents pénitenciers qui lui ont d’abord interdit l’accès à la maison centrale avant de faire arrêter les travaux.

Selon Ibrahima Sory Diallo, coordinateur de l’ONG « Prisonniers Sans Frontières », dès le lancement des activités de son association, le 16 septembre dernier, Hadja Halimatou Dalein Diallo a été désignée comme la marraine de l’association. « Nous sommes là en nombre comme vous le voyez, prisonniers sans frontières, on a une mission de déguerpissement de la décharge de la maison centrale de Conakry, en collaboration avec l’épouse du chef de file de l’opposition. Elle nous a offert ces machines pour que nous puissions agir au niveau de la maison centrale. Cette action est humanitaire vue les innombrables actions que cette dame est en train de faire au sein de la ville de Conakry pour nous débarrasser des ordures. Elle est la marraine de notre ONG, elle a pris l’engagement devant le peuple de Guinée qu’elle va agir pour débarrasser la maison centrale de ses ordures. Rappelons que ce n’est pas une action isolée, c’est dans le cadre de l’assistance à la maison centrale pour débarrasser ces ordures qui ont duré ici », a-t-il expliqué, déplorant l’interdiction de cette action purement humanitaire.

Très déçue de cette décision des autorités, Hadja Halimatou Dalein Diallo a dit ne pas venir à cette activité en tant que politique, mais qu’elle a juste répondu à l’appel de cette ONG qui l’a sollicitée pour l’accompagner dans ses activités d’assainissement de la ville de Conakry, notamment la maison centrale de Conakry. « En collaboration avec cette ONG, j’ai demandé l’autorisation d’assainir l’intérieur de la maison centrale parce que j’aurais appris qu’il y a beaucoup d’immondices. C’est vrai que mon mari est un leader politique ; mais, là, je n’ai pas la casquette d’une politique, j’ai la casquette d’une citoyenne qui est là pour une action humanitaire. Parce qu’assainir un endroit, c’est améliorer la santé de ceux qui y vivent. Mais, à ma grande surprise, je suis venue pour constater comment évolue les choses ; et puis, on me dit que je n’ai pas accès. Maintenant, ils ont même fait arrêter les travaux, ils ont ordonné que les camions et les machines sortent. C’est triste pour mon pays », déplore-t-elle.

Pour Hadja Halimatou, c’est dommage de voir l’état dans lequel cette prison se trouve avec toutes ces ordures, alors qu’un budget est alloué pour l’assainissement et l’entretien : « les ordures sont là pendant des années, ils ne l’ont pas fait… Moi, je suis une guinéenne entière, mes parents sont nés là, je suis né là, mes grands-parents sont enterrés ici. Il y a un budget qui est alloué au ministre de la Justice, alloué à l’assainissement de ces lieux ; mais, ils ne le font pas. Nous, on a décidé d’assainir ; et, on nous l’interdit…».

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tel. : (00224) 621 09 08 18

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