Corruption dans nos mines : les graves accusations de Chérif Bah (UFDG) contre le régime Condé

Invité de l’émission « Œil de lynx », animée par les journalistes Azoka Bah et Abou Bakry, le vice-président de l’UFDG chargé des relations extérieures et de la communication, Elhadj Ibrahima Chérif Bah s’est vigoureusement attaqué à la gouvernance minière du régime Alpha Condé.

Selon Elhadj Ibrahima Chérif Bah, quand le RPG Arc-en-ciel venait au pouvoir, il y avait un ordre dans le secteur minier guinéen. « Il y avait un code minier de 1995 sur la base duquel les compagnies minières aussi importantes que la CBG fonctionnaient en paix ; et, il y avait d’autres qui venaient comme Rio Tinto, GAC, Vale… », a-t-il rappelé.

Avec le régime Alpha Condé, 92% des marchés publics sont de gré à gré

Avec des chiffres tirés des marchés publics et qui font froid au dos, l’ancien Gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée, désormais vice-président de la principale formation de l’opposition guinéenne a jugé « désastreuse » la situation actuelle de notre pays. « C’est à travers les marchés publics qu’on évalue les travaux de l’Etat. C’est un désastre total. Le gouvernement a des rapports sur cela. Dans un échantillon de 68 marchés audités d’une valeur de 12 mille milliards de francs guinéens, si vous prenez 16 marchés sur les 68 d’une valeur de 3 mille milliards de francs guinéens, le constat est que seulement 13% des marchés sont conformes au code des marchés publics ; et, 63% sont non conformes ! Il y a 24% qui ne sont même pas regardables parce qu’il n’y a même pas de documents de base pour qu’on dise qu’il faut auditer. Dans l’ensemble, il y a 93% des marchés publics qui sont hors normes. Et, dans ces marchés, 92% sont de gré à gré », a-t-il expliqué.

Depuis 2011, 80% des marchés publics sont octroyés à un clan

Paraphrasant quelque peu son leader, Cellou Dalein Diallo, le vice-président de l’UFDG estime que ces genres de marchés sont sources de « corruption, de surfacturation, de mauvais travaux ou de contrôle non effectué »…

Selon l’opposant, « quand les gens manifestent à Kérouané et à Beyla pour réclamer les routes, ça vient de là. Les gens sont payés alors que les travaux n’ont pas été faits sur le terrain. Aussi, il y a une grave iniquité dans l’affaire : 80% des marchés sont octroyés à un petit lot d’entreprises, c’est-à-dire à un clan qu’on enrichit. C’est l’affairisme au plus haut niveau de l’Etat que nous avons dans le pays », a-t-il dénoncé.

Pendant que la CBG paye la taxe minière à 10 dollars par tonne, la SMB paye 2, 50 dollars !

Se félicitant du bilan du Général Lansana Conté, deuxième président de la Guinée indépendante, Elhadj Ibrahima Chérif Bah estime que la Guinée était mieux gouvernée autrefois qu’aujourd’hui. D’ailleurs, il réclame l’audit de la gestion de notre pays depuis 2011. « Nous, nous disons que nous sommes fiers du bilan de Lansana Conté par rapport au pillage et à la gabegie actuelle. Nous, anciens dirigeants, surtout opposants aujourd’hui, avons été entièrement audités. Nous demandons qu’on audite certains dossiers que tout le monde connait aujourd’hui dans le pays. Qu’on prenne de 2011 à maintenant. Les 700 millions de dollars de Rio Tinto qui voulait avoir la paix et exploiter le mont Nimba en finançant 20 milliards de dollars, 800 kilomètres de chemins de fer et 40 000 emplois directs. Qui sait comment le régime actuel s’est arrangé pour perdre cette opportunité ? Je crois que c’est l’un des points de divergence entre Docteur Ousmane Kaba et le pouvoir. Vous avez 300 millions de dollars pour la société minière de Boké (SMB). Là, les gens ne connaissent pas ; mais, nous, nous connaissons. Qu’est-ce qui se passe du côté de la SMB ? C’est une taxation qui n’est pas acceptable pour les guinéens. Pendant que la CBG paye la taxe minière à 10 dollars par tonne, la SMB paye 2, 50 dollars ! Avec un simple calcul de collégien 2016-2017, à la fin de cette année, ça fera au moins 300 millions de dollars de manque à gagner pour les guinéens. Ce n’est pas acceptable. Pourquoi la CBG paye 10 dollars dans la même zone pour le même minerai d’autant plus que la CBG a investi dans le grand port, dans les cités, les hôpitaux et dans les chemins de fer », s’est-il interrogé.

La SMB doit payer 300 millions de dollars à la Guinée et Asper Bras doit 122 millions

Elhadj Ibrahima Chérif Bah dit ne pas être d’accord avec les commentaires faits dans les médias par le ministre d’Etat Ibrahima Kassory Fofana, surtout depuis la signature de l’accord entre la Guinée et la Chine. « On ne peut pas refuser à la Guinée de s’industrialiser. Notre bauxite est un moyen d’aller de l’avant et non de reculer. On ne peut pas monter des schémas artisanaux fondés sur le transport de la bauxite dans le monde moderne actuel par camion. Détruire l’environnement, tuer des gens sur la route, etc. c’est inacceptable ! On ne peut pas se contenter d’emplois des chauffeurs, des mécaniciens et des vulgarisateurs ou vendeurs de pneus. C’est pour ça que notre président, Cellou Dalein Diallo a dit qu’on peut faire à Boké pas moins de 5 usines d’alumine qui peuvent faire 100 000 emplois. Donc, la SMB doit payer 300 millions de dollars à la Guinée », a-t-il demandé.

Autre mauvaise gestion dénoncée par l’ancien gouverneur de la BCRG, c’est au niveau de la société Asper Bras a qui le gouvernement avait payé, rappelle-t-il, 122 millions de dollars pour la livraison des groupes électrogènes. « C’est du vol ! Vous payez quelqu’un qui a fait semblant de fournir les groupes juste pour avoir des pièces. C’est de l’argent cash à récupérer. Les 300 millions de la SMB et les 122 millions d’Asper Bras, c’est de l’argent cash que les ministres des Finances et du Budget peuvent récupérer et mettre dans le budget de l’Etat », a expliqué Ibrahima Chérif Bah.

Les autres scandales financiers du régime Alpha Condé

« L’affaire des 25 millions de dollars de Palladino, les 10 millions de dollar alloués à la commission de révision des conventions minières qui était à la présidence de la République et qui n’avait pas fonctionné, les 78 millions de dollars alloués aux collectivités versés par les sociétés minières et que l’Etat a encaissés en lieu et place des communautés rurales… La société Forécariah Mining (FMG) qui a transporté par camion 1 300 000 tonnes de fer avant de fermer. Si je prends la tonne de fer à 100 dollars à l’époque, j’obtiens 130 millions de dollars », a ajouté Chérif Bah.

Bref, dans son réquisitoire sans concession, le vice-président de l’UFDG a parlé d’une bagatelle d’un milliard 557 millions de dollars que le régime Alpha Condé doit justifier aux guinéens.

A suivre !

Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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