Jaques Gbonimy sur la tenue des élections locales : « la CENI est dans l’esprit du 04 février »

Les élections locales en Guinée sont théoriquement programmées pour le 04 février 2018. Depuis l’annonce de cette date, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) est à pied d’œuvre pour respecter ce délai. C’est en tout cas ce qu’a dit à un reporter de Guineematin.com, ce vendredi 20 octobre 2017, Jacques Gbonimy, directeur du département Formation et Accréditation de la CENI.

Dans cette interview il a été question de l’avancée des préparatifs pour lesdites élections, de la CEPI de Pita où l’UFDG est accusée de « gourmandise » et de bien d’autres questions.

Guineematin.com : nous sommes à trois (3) mois et deux (2) semaines de la date fixée par la CENI pour l’organisation des élections locales en Guinée. Où en est-on concrètement sur les préparatifs pour cette échéance ?

Jacques Gbonimy : au niveau de la CENI nous sommes dans les préparatifs. Aujourd’hui même (vendredi 20 octobre, ndlr) les missions sont en route pour l’intérieur du pays et moi je vais jusqu’à Yomou. C’est pour aller mobiliser nos démembrements à s’inscrire à l’ordre de bataille pour affronter les difficultés de ces élections locales. Comme vous le savez, les élections vont être essentiellement au niveau des communes urbaines et des communes rurales, c’est important pour nous de remobiliser nos troupes à la base pour qu’elles s’inscrivent dans la ligne droite de ces élections locales.

Guineematin.com : quand vous parlez de la base, à qui faites-vous allusion ?

Jacques Gbonimy : quand je dis la base, il s’agit des CEPI (Commission Électorale Préfectorale Indépendante), des CECI (Commission Électorale Communale Indépendante) et des CESPI (Commission Électorale Sous-préfectorale Indépendante). Elles seront chargées de gérer les résultats à leur niveau dans les différentes localités, parce que chaque commune va produire un résultat qui donnera naissance à un conseil communal.

Guineematin.com : qu’est-ce qui sera fait concrètement avec ces démembrements dans les jours à venir ?

Jacques Gbonimy : nous partons pour faire l’état des lieux, voir qu’est-ce que ces démembrements ont à leur disposition dans le cadre de l’organisation que nous ferons. Nous allons aussi voir ce que nous pourrons apporter pour compléter déjà ce qui existe. Donc, c’est l’état des lieux des démembrements et également est-ce que tous les membres répondent. Nous allons aussi essayer de les informer sur les différentes modifications intervenues dans le Code électoral, surtout la parie concernant ces élections communales. Nous allons également voir avec les démembrements leurs besoins réels lors de ces élections là pour voir comment nous pouvons travailler dans ce sens pour les satisfaire…

Guineematin.com : on dit souvent que l’argent est le nerf de la guerre. Est-ce que des fonds sont disponibles ? Est-ce que vous avez les moyens pour mener à bien vos actions ?

Jacques Gbonimy : J’ose croire que l’Etat s’est engagé à satisfaire la CENI sur le plan financier. Il y a eu un engagement du ministère des finances, du ministère du budget et du chef de l’Etat même pour aller vers ces élections en nous demandant d’élaborer un chronogramme dans le communiqué que la présidence avait publié. Donc, sur ce plan là, nous n’avons pas de doute. C’est vrai que le budget de l’Etat ne se dégage pas un seul jour, c’est au fur et à mesure que vous évoluez, en fonction des activités que le budget est dégagé pour assurer le financement des opérations. Nous avons aussi fait un plan de décaissement avec le ministère des finances et celui du budget. C’est ce plan de décaissement qui va servir en ce qui concerne le décaissement des fonds au niveau du budget.

Guineematin.com : quelle est aujourd’hui la nature de vos relations avec les partis politiques, notamment ceux de l’opposition qui vous regardent souvent la CENI d’un mauvais œil ?

Jacques Gbonimy : je crois que nous avons dépassé ce cap là, parce que nous avons été rendre visite aux partis. Certains mêmes sont venus nous rendre visite ici. Nous pensons qu’il y avait une crise de communication entre les partis et nous. Cette fois-ci, les dispositions sont prises pour travailler avec les partis puis que nous travaillons pour eux, pour la société civile ; bref, toutes les parties prenantes pour aller à ces élections. Donc, sur le plan communication je pense qu’il n’y aura pas de problèmes puisque déjà les premières amorces nous rassurent.

Guineematin.com : On a appris que dans la préfecture de Pita, la mis en place des démembrements de la CENI pose problème. On accuse l’UFDG de vouloir se tailler la part du lion au détriment d’autres partis politiques. Qu’en est-il en réalité ?

Jacques Gbonimy : nous sommes informés sur la situation de Pita. C’est vrai que les démembrements de l’opposition n’avaient pas été installés. Il y avait des mésententes là-bas. Donc, une mission, composée de deux commissaires, va y aller pour rétablir l’ordre et mettre en place les démembrements de la CENI, surtout installer ceux de l’opposition qui n’avaient pas encore pris fonction pour qu’ils soient tous engagés dans l’organisation de ces élections. Nous sommes conscients de la situation de Pita, c’est pourquoi cette mission va y aller.

Guineematin.com : pouvez-vous nous donner l’assurance que cette date du 04 février 2018 sera tenue ?

Jacques Gbonimy : c’est un compte à rebours que nous avons commencé depuis. Et, nous sommes dans l’esprit du 04 février, nous sommes en train de travailler dans ce sens. Quant à mon département, je gère la formation, j’ai un plan simplifié pour mon département. Ce plan est mon premier document que je regarde le matin avant de faire autre chose, pour ne pas être en retard. Toutes les formations y sont prévues. Actuellement, dans la salle de mes assistants, ils sont entrain de travailler sur les plans de formation, sur les guides de formation et nous sommes très avancés. Pour les premières formations prévues les guides sont déjà prêts, il n’y a pas de problème à ce niveau.

Guineematin.com : est-ce que vous avez un appel à lancer ?

Jacques Gbonimy : l’appel est d’inviter chacun à s’engager. Parce que, c’est vrai qu’on parle de la CENI, mais la CENI travaille avec des acteurs. Vous avez les différentes commissions par exemple, dont les membres sont fournis par des structures, même politiques. Donc, il faudrait que les personnes qui sont fournies pour les commissions là, soient des personnes de qualité, pour ne pas nous mettre en retard. Quand vous prenez par exemple au niveau de la formation, les bureaux de vote ou les commissions de centralisation, les partis fournissent des personnes, tout comme les collectivités. Donc, il faudrait que ce soit des personnes sur qui on peut compter pour faire un travail sérieux. Parce qu’on a constaté par le passé que les agents envoyés pour la formation des bureaux de vote ne partaient pas dans les bureaux de vote. Ils venaient suivre la formation et prennent les primes et ils envoient d’autres personnes dans les bureaux de vote pour partager les primes avec les personnes là. Finalement, le travail ne se faisait pas bien parce qu’une personne qui n’a pas suivi la formation ne peut pas correctement faire le travail. C’est pourquoi nous lançons un appel à l’endroit de tous les acteurs, de tous ceux qui sont concernés par ces élections, à s’engager et à être dans la ligne droite tracée par la CENI.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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